Un nombre alarmant de préadolescents et d’adolescents souffrent de problèmes de santé mentale

L’Hôpital de Montréal pour enfants décrit les signes avant-coureurs de la détresse et donne des conseils aux parents pour aider leur enfant

Montréal : L’Hôpital de Montréal pour enfants (l’HME) s’inquiète du nombre sans précédent de préadolescents et d’adolescents aux prises avec des problèmes de santé mentale en raison de la pandémie, des fermetures d’écoles, de l’apprentissage en ligne, de l’augmentation du temps passé devant un écran, de l’absence d’activités sportives ou parascolaires et du manque de socialisation. Les statistiques sont inquiétantes : le nombre de Québécois de 12 à 17 ans admis à l’hôpital pour des raisons de santé mentale à la suite d’une visite à l’urgence a augmenté de 40 % en janvier et février par rapport à la même période l’an dernier. Malheureusement, cette situation se répète partout au Canada et en Amérique du Nord.

« Le nombre de jeunes en détresse est alarmant. À l’Hôpital de Montréal pour enfants, nous traitons des préadolescents et des adolescents qui ont des pensées suicidaires, qui souffrent de dépression, qui ingèrent intentionnellement des médicaments, qui souffrent d’anxiété aiguë et qui ont des troubles alimentaires graves », explique le Dr Martin Gignac, directeur médical du service de psychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. « Lorsqu’un grand nombre de jeunes gens se tournent vers l’hôpital pour obtenir de l’aide, un plus grand nombre encore souffre probablement en silence. Les parents et les soignants doivent connaître les signes avant-coureurs de la détresse et savoir comment trouver de l’aide pour leur enfant. » 

« Nous constatons une augmentation du nombre d’enfants et d’adolescents qui se présentent au service des urgences pour des problèmes de santé mentale », explique la Dre Laurie Plotnick, directrice du service des urgences de l’Hôpital de Montréal pour enfants. L’augmentation de ces problèmes chez les enfants et les adolescents est très inquiétante et se produit dans toute l’Amérique du Nord. Nous demandons aux familles de rester vigilantes face aux changements chez leurs enfants et, si elles ont des inquiétudes, de demander une aide professionnelle le plus tôt possible.

La Dre Catherine Serra Poirier, psychologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants, reconnaît que l’adolescence est une période turbulente et que certains parents peuvent avoir du mal à distinguer un comportement normal d’adolescent d’une situation de détresse. Son conseil : les parents devraient demander de l’aide si le comportement de leur enfant est nouveau, s’il persiste pendant quelques semaines ou plus, s’il cause de la détresse à l’enfant ou à la famille ou s’il interfère avec la vie quotidienne de l’enfant.

Signes avant-coureurs de détresse :

  • Changements d’humeur (tristesse ou irritabilité)
  • Changements de sommeil/appétit
  • Manque d’intérêt/plaisir pour les activités habituelles
  • Diminution des performances scolaires
  • Isolement (rester dans sa chambre jour et nuit)
  • Commentaires autodépréciatifs (« je ne vaux rien »)
  • Parler de la mort comme d’une solution

Soyez particulièrement vigilant si les préadolescents ou les adolescents :

  • Vivent un événement stressant (par exemple une rupture ou un refus lors de l’admission au cégep)
  • S’automutilent (coupures, brûlures)
  • Abusent de substances (drogues, médicaments, alcool)
  • Deviennent impulsifs

Soyez également vigilant s’il y a des antécédents familiaux de troubles psychiatriques.

« Les adolescents en situation de détresse aiguë ne savent probablement pas quoi faire ni où trouver de l’aide », explique la Dre Serra Poirier. « Les parents sont généralement les mieux placés pour leur apporter de l’aide. Pour commencer, la meilleure option est d’accéder à l’un des différents services communautaires. »

Services disponibles dans la communauté :

  • Prenez rendez-vous avec un médecin de famille
  • Composez le 811 pour parler avec un travailleur social
  • Appelez votre CLSC local. Consultez le site de Santé Montréal
  • Parlez au conseiller scolaire de votre enfant
  • Appelez une ligne d’aide. Consultez le site Lignes d’écoute et d’aide dans le Grand Montréal
  • Prenez un rendez-vous avec un psychiatre ou un psychologue
  • Si le comportement de votre enfant n’est pas sécuritaire ou si votre enfant parle de vouloir se blesser ou de blesser quelqu’un d’autre, rendez-vous aux urgences les plus proches

Un nouveau modèle de soins

« Au cours des derniers mois, notre unité psychiatrique de huit patients a dépassé sa capacité avec jusqu’à 12 à 14 adolescents en crise par jour », explique le Dr Gignac. « Certains adolescents souffrant de problèmes de santé mentale, qui nécessitent une surveillance 24 heures sur 24, sont admis dans des unités chirurgicales ou médicales. C’est loin d’être le cadre idéal pour aider ces jeunes.

Plutôt qu’un séjour à l’hôpital, le Dr Gignac préconise la création de centres d’intervention de crise dans la communauté où les adolescents auraient un accès rapide à des intervenants en santé mentale et où les familles pourraient participer à une psychothérapie intensive.

 

Pour interviewer le Dr Martin Gignac, et/ou la Dre Catherine Serra Poirier, veuillez contacter :

Sandra Sciangula

Agente des communications

5142932575

[email protected]