Cancer du poumon : Dépister avant qu’il ne soit trop tard
Reconnu pour son expertise dans le domaine du cancer du poumon, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) fait partie des huit établissements hospitaliers désignés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour participer au déploiement d’un vaste projet de dépistage du cancer du poumon par la tomographie axiale à faible dose (TAFD).
Lancé par le MSSS le 31 mai dernier, ce projet vise à recruter 3000 patients à travers la province, fumeurs ou anciens fumeurs, âgés de 55 à 74 ans. L'utilisation de la TAFD en dépistage a été démontrée comme étant utile pour réduire la mortalité.
Le Dr Kevin Schwartzman, pneumologue et directeur de la division respiratoire au CUSM, indique que très souvent, faute de symptôme, les cas de cancer sont diagnostiqués sur le tard : « Malheureusement, lorsque le patient éprouve des symptômes, le cancer du poumon est souvent assez avancé. Bon nombre de cancers trouvés à un stade précoce le sont par accident. Ce n’est pas comme une bosse ou un kyste, plus faciles à repérer, ou un cancer que nous pouvons détecter lors d’un test sanguin, c’est pourquoi le projet de dépistage auprès de patients ciblés est si important et peut augmenter les chances de survie. »
Des statistiques montrent que lorsqu’un cancer du poumon est diagnostiqué au stade 1 ou 2, 80 % des patients ont de meilleures chances de s’en tirer sur une période de cinq ans. Malheureusement, identifié au stade 4, le pourcentage diminue considérablement avec, au mieux, un faible 10 % de chance de survie. De plus, selon la Société canadienne du cancer, en 2017, 8 700 cancers du poumon ont été diagnostiqués au Québec, et 6 700 décès ont eu lieu, attribuables à la maladie.
Le cancer du poumon : plus dévastateur chez les femmes que chez les hommes
La Dre Nicole Ezer, pneumologue et directrice du programme de dépistage du cancer du poumon au CUSM, encourage les femmes qui fument depuis plusieurs années à s’inscrire au programme : « Les femmes fumeuse ou ex-fumeuse bénéficieront même plus du dépistage que les hommes selon les études. Au Québec, plus de femmes vont mourir du cancer du poumon que du cancer du sein. Il y a une bonne dose de fatalisme associé au cancer du poumon, les patients ont peur de consulter. J’espère que cette campagne va inciter les fumeurs et ex-fumeurs à prendre leur santé en main et à participer au dépistage.»
La spécialiste, qui joue un rôle de premier plan depuis plusieurs années en ce qui a trait au dépistage du cancer du poumon, prône aussi une approche sans jugement envers ceux qui ont une dépendance à la nicotine : « Même si 80% des cas de cancers du poumon sont liés au tabagisme, je crois qu’il n’est pas approprié de culpabiliser les fumeurs, car il s’agit avant tout d’un problème de société. S’il est possible de se procurer des cigarettes partout, en vente libre, nous ne pouvons accuser les gens d’en faire l’achat. Nous avons une responsabilité de prendre soin de ces patients et de trouver des solutions qui vont avoir un impact positif pour eux. »
Le fait que les patients continuent de fumer n’est pas une raison pour ne pas être admis au programme, mais tous les professionnels de la santé préconisent une cessation tabagique, principale arme pour contrer le cancer du poumon. Du soutien est offert pour les patients qui souhaitent entamer des démarches pour arrêter de fumer par le biais de la ligne J’arrête.
Qui peut participer ?
Pour être admissibles au projet de dépistage par TAFD, deux critères importants doivent être remplis : être âgé de 55 à 74 ans et avoir fumé pendant au moins 20 ans de façon consécutive ou non, à raison de 20 cigarettes par jour. Le programme s’adresse aux fumeurs ou ex-fumeurs.
Le centre de navigation provincial est responsable de procéder, par la suite, à la répartition des patients selon la région géographique la plus près de leur domicile. Pour les patients résidents dans l’ouest de l’Île-de-Montréal, par exemple, ils pourront être admis au CUSM. Une page sur le site internet est d’ailleurs dédiée pour ceux qui habitent dans le secteur et veulent s’inscrire.
Les informations recueillies à la suite du dépistage des premiers participants au projet permettront de soutenir la décision quant à la poursuite du projet et à son élargissement en programme provincial dans les établissements à travers la province de Québec.