Le 14e à l'HGM - Gravé à jamais dans le cœur de ceux qui l'ont appelé leur « chez-soi »
Pour le personnel des autres étages de l’Hôpital général de Montréal (HGM) du CUSM, le quatorzième étage était l’unité de traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des traumatismes crânio-cérébraux, le berceau d’un centre de traitement très estimé, désigné centre secondaire désigné de traitement des AVC. Pour ceux et celles qui y travaillaient, c’était leur « chez-soi ».
« Nous sommes devenus une famille », explique Mario Glave, qui a passé 25 ans à remuer ciel et terre pour les patients de l’unité.
Le quatorzième étage de l’HGM a réuni certains des experts les plus dévoués et les plus passionnés en matière de traitement des AVC et des traumatismes crânio-cérébraux. Des préposés aux bénéficiaires aux médecins, en passant par les infirmières, les ergothérapeutes, les orthophonistes et les physiothérapeutes, tous les membres du personnel avaient les mêmes valeurs quand il était question de soins destinés aux patients. Il n’y a pas de petite victoire. La patience est primordiale. La réadaptation est un processus, non un lieu. Toutes ces attitudes ont défini les membres du personnel comme étant non seulement des professionnels, mais aussi des personnes.
« Nous avons grandi ensemble, affirme Karen Kenny, infirmière qui a fait ses débuts professionnels au quatorzième étage de l’HGM en 1990, à titre d’étudiante. Le succès de notre unité ne se limitait pas à des percées médicales; nous mettions aussi notre cœur et notre âme dans cette unité. »
Plus que le bien-être physique
Le personnel du quatorzième étage se préoccupait beaucoup plus que du seul bien-être physique des patients. Il accordait de la valeur à leur état d’esprit, à leurs émotions. Il s’occupait également de la famille des patients. Des années de bienveillance et de compassion en ont fait la preuve.
« Nous avons eu un patient qui avait été trouvé étendu sur le plancher de sa cuisine des jours après avoir fait un AVC, ajoute Mario. Il était assez isolé – il n’avait qu’un seul ami et un chien. Je me suis rendu à Verdun pendant mon heure de dîner, afin d’aller chercher son ami et son chien, et de les emmener à l’hôpital. Le patient n’en croyait pas ses yeux; il était tellement heureux! »
Ce jour-là, on a versé des larmes de joie, comme cela a souvent été le cas au quatorzième étage de l’HGM. Le personnel a vu les patients à toutes les étapes de leur maladie – tant dans le coma qu’au moment où ils ont ouvert les yeux; du moment où ils murmuraient quelques mots à celui où ils pouvaient tenir de vraies conversations. Ce processus déterminant a été plus utile pour les patients que le simple fait de leur réapprendre des habiletés de base; il a contribué à leur rappeler qui ils étaient.
« Bon nombre de patients sont venus nous rendre visite après leur réadaptation, poursuit Mario. Je vivais pour ces moments, ces câlins », affirme-t-il les yeux pleins d’eau.
Karen évoque les mêmes sentiments.
« Il arrivait que les patients et les membres de leur famille soient très méfiants à leur arrivée. Toutefois, au fur et à mesure qu’ils apprenaient à nous connaître, ils réalisaient à quel point nous nous préoccupions d’eux. Ces patients devenaient eux-mêmes membres de l’équipe et, d’une certaine façon, nous faisions partie de leur famille. »
Un chez-soi est l’endroit qui abrite le cœur
Au fil des ans, le cercle du quatorzième étage de l’HGM s’est agrandi, afin de devenir en quelque sorte la « famille » élargie des patients. Par exemple, le trio Rendez-vous remontait le moral des patients chaque semaine en présentant des grands classiques du jazz, du répertoire classique et des chansons de films populaires. Ces prestations de bénévoles faisaient vibrer l’ensemble de l’unité pendant plus d’une heure au son du piano, de la flûte et de la guitare.
« Je passais de chambre en chambre et j’accompagnais les patients dans le corridor, afin qu’ils puissent s’asseoir dans la première rangée », dit Mario en riant.
À Noël, les chants, les cadeaux et la venue du Père Noël répandaient l’esprit des Fêtes dans l’ensemble de l’unité. Pour l’Halloween, les membres du personnel, vêtus de costumes colorés, vendaient des friandises. Les « journées Hot Dogs » étaient aussi extrêmement populaires; on y servait ce que de nombreuses personnes considéraient comme étant les meilleurs hot dogs de l’hôpital. Au printemps, les employés se réunissaient en dehors des heures de travail pour participer à des parties de pêche et à des randonnées pédestres mémorables, ainsi que pour aller aux pommes et à la cabane à sucre.
« Faire partie du quatorzième étage de l’HGM a été une bénédiction et un privilège », conclut Mario.
Un au revoir difficile
Le 17 octobre 2019, on écrira la dernière page d’un beau chapitre de la vie du quatorzième étage de l’HGM, alors que la consolidation des services offerts aux patients victimes d’un AVC et des patients traités pour un trouble neurologique se traduira par le transfert des lits dans d’autres sites du CUSM.
« Je vais réellement m’ennuyer du quatorzième étage, conclut Karen qui, bien qu’elle ait le cœur gros, a choisi de continuer à donner le même espoir aux patients, comme elle l’a toujours fait au fil des ans. Mes valeurs me disent d’aller de l’avant et d’aller rencontrer de nouvelles personnes. Je vais avoir une nouvelle famille. »
Un gros merci à tous ceux et celles qui ont contribué à faire du quatorzième étage de l’HGM le lieu extraordinaire qu’il a été. Continuez à faire jaillir la lumière dans le prochain chapitre de votre vie qui s’écrira très bientôt.