Selon une étude, les soins cardiovasculaires après une crise cardiaque sont influencés par le chômage, et ce davantage aux États-Unis qu'au Canada
Une nouvelle étude de l’IR-CUSM montre que les systèmes de santé et le fait d’être sans emploi influencent la qualité des soins que reçoivent les jeunes adultes victimes d'un infarctus aigu du myocarde au Canada et aux États-Unis.
La pandémie de COVID-19 a fait ressortir comment des facteurs sociaux comme la pauvreté peuvent accroître la vulnérabilité aux maladies infectieuses et réduire l'accès aux soins. Qu'en est-il des soins cardiovasculaires? Les facteurs sociaux affectent-ils les soins que reçoivent les personnes souffrant de problèmes cardiaques?
Dans une étude récemment publiée dans JAMA Network Open, une équipe de chercheurs de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a examiné l'influence des déterminants sociaux de la santé (DSS), du sexe biologique et des systèmes de santé sur la qualité des soins que reçoivent les jeunes adultes ayant subi un infarctus aigu du myocarde (IAM) au Canada et aux États-Unis. Ils ont constaté que le plus important DSS associé à une faible qualité des soins hospitaliers était le chômage et que ce dernier touchait davantage de femmes que d’hommes. En outre, l'étude a révélé que la qualité des soins était plus faible aux États-Unis qu'au Canada, où la couverture universelle permet potentiellement de réduire les inégalités d'accès à des soins de haute qualité. Ces résultats suggèrent qu'au-delà du sexe, les systèmes de soins de santé et les DSS qui dépeignent la vulnérabilité sociale sont associés à la qualité des soins suivant un IAM et que les initiatives visant à améliorer la qualité des soins et à réduire les réadmissions devraient tenir compte de ces facteurs, en particulier aux États-Unis.
« Notre étude montre que le système de soins de santé dans lequel les patients sont traités et les facteurs de vulnérabilité sociale qui les affectent sont associés à la qualité des soins qu'ils reçoivent suivant un infarctus aigu du myocarde, explique la Dre Louise Pilote, investigatrice principale de l'étude et scientifique senior au sein du Programme de recherche en santé cardiovasculaire au long de la vie à l’IR-CUSM. De plus, il semble que les femmes connaissent une moins bonne qualité de soins à l'hôpital, non pas à cause de leur sexe, mais parce qu'elles sont plus affectées par des facteurs liés au genre, c'est-à-dire par des déterminants sociaux de la santé qui ont un impact différent sur les hommes et les femmes. »
L'objectif principal de l'étude, menée en collaboration avec des chercheurs de l'université Yale, était de déterminer si la qualité des soins hospitaliers et post-aigus (soins ambulatoires reçus durant l’année suivant la sortie de l'hôpital) prodigués aux jeunes adultes ayant subi un IAM différait entre les États-Unis et le Canada, et si elle est influencée par le sexe et les déterminants sociaux de la santé. Pour répondre à cette question, les chercheurs ont utilisé deux ensembles de données existants provenant de grandes cohortes multicentriques. Ils ont comparé, par sexe dans chacun des deux pays et entre les pays, les caractéristiques cliniques de base (telles que l'obésité, l'hypertension, le diabète et l'abus d'alcool), les déterminants sociaux de la santé liés au sexe (tels que le niveau de stress, les rôles, l'état civil, le soutien social et le statut socio-économique) et les indicateurs de qualité des soins. Pour chaque phase de soin (soins hospitaliers et post-aigus), ils ont calculé un score de qualité des soins (SQS) basé sur les opportunités.
Au total, 4048 personnes ont été incluses dans l'étude (74 % étaient originaires des États-Unis, 58 % étaient des femmes et 42 % des hommes). Dans les deux pays, les femmes présentaient un profil de facteurs de risque cardiaque plus défavorable et un plus grand nombre de déterminants sociaux de la santé préjudiciables, tels qu'un faible statut socio-économique, se trouver sans emploi et vivre seul.
Résultats
L'analyse globale a montré que pour les soins hospitaliers, un SQS faible était plus répandu aux États-Unis qu'au Canada (36 % contre 13 %) et chez les femmes que chez les hommes (36 % contre 24 %). La faible qualité des soins ambulatoires post-IAM (25,5 %) a été observée de façon similaire pour les deux sexes, avec une prévalence plus élevée aux États-Unis (29 % contre 12 %).
Cependant, dans les analyses ajustées, le sexe féminin n'était pas associé à un faible SQS pour les soins hospitaliers et post-IAM. Inversement, le fait d'être traité aux États-Unis était associé à un faible SQS pour les soins hospitaliers et post-IAM, quel que soit le sexe.
De tous les déterminants sociaux de la santé, seul l'emploi était associé à une meilleure qualité des soins hospitaliers. Il convient de noter que le fait d'être sans emploi aux États-Unis avait un impact plus important sur la qualité des soins que le fait d'être sans emploi au Canada.
Enfin, uniquement aux États-Unis, la faible qualité des soins hospitaliers était associée à un taux plus élevé de réadmissions pour des problèmes cardiaques au bout d’un an.
« Alors que les systèmes politiques tentent d'améliorer l'accès à des soins de haute qualité, les populations les plus vulnérables devraient être considérées en priorité, d'autant plus que la qualité des soins est associée à des résultats tels que la réadmission et la mortalité, explique la Dre Pilote, qui est également professeure au département de médecine de l'Université McGill. Nos travaux devraient éclairer les réformes des soins de santé au Canada comme aux États-Unis. »
-30—
À propos de l’étude
L’étude Variations in Quality of Care by Sex and Social Determinants of Health Among Younger Adults With Acute Myocardial Infarction in the US and Canada a été réalisée par Valeria Raparelli, Louise Pilote, Brian Dang, Hassan Behlouli, James D. Dziura, Hector Bueno, Gail D’Onofrio, Harlan M. Krumholz et Rachel P. Dreyer
DOI:10.1001/jamanetworkopen.2021.28182