Une avancée scientifique majeure donne espoir aux familles affectées par la leucodystrophie 4H
Une équipe de l’IR-CUSM crée un premier modèle représentatif de cette maladie rare
Montréal, le 13 septembre 2023 - Une équipe de recherche dirigée par la Dre Geneviève Bernard à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a atteint un jalon important dans la recherche sur les leucodystrophies, des maladies neurodégénératives mortelles et encore incurables à ce jour, qui touchent environ un enfant sur 4700. L’équipe est parvenue à créer le premier modèle animal représentatif de la leucodystrophie 4H, une des formes communes de la maladie. Il s’agit d’une étape cruciale au développement de traitements, récemment décrite dans un article publié dans le prestigieux journal Brain.
« Ces progrès significatifs nous permettront de mieux comprendre la maladie et de tester des thérapies potentielles, ce que nous avons déjà commencé à faire. Sans ce modèle, l'espoir de trouver un remède à cette maladie serait limité, voire inexistant », dit la Dre Bernard, scientifique au sein du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’IR-CUSM et neurologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM.
« En développant ce modèle, nous avons répondu à des questions fondamentales sur la pathogenèse de la maladie. Une compréhension approfondie de la biologie d'une maladie est un aspect fondamental du développement d'une thérapie », ajoute Mack Michell-Robinson, premier auteur de l'étude et étudiant au doctorat dans le laboratoire de la Dre Bernard à l'IR-CUSM.
D’origine génétique, les leucodystrophies attaquent la myéline, une sorte de « gaine isolante » qui entoure et protège les cellules cérébrales ou les neurones et qui contribue à la communication entre les cellules. La leucodystrophie 4H est la combinaison de l’hypomyélinisation (un déficit en myéline qui entraîne des problèmes moteurs, d’équilibre et de coordination ainsi qu’une détérioration de la condition physique des enfants) et de deux autres affections : l’hypodontie (anomalies dentaires) et l’hypogonadisme hypogonadotrope (un dysfonctionnement endocrinien qui retarde, interrompt ou empêche le développement de la puberté).
L’exploit des chercheurs est d’être parvenus à recréer dans un modèle de souris la mutation POLR3B, qui cause environ la moitié des cas de leucodystrophie 4H. Le modèle présente les principales caractéristiques associées au phénotype de la maladie, que l’on observe chez les patients : hypomyélinisation, hypodontie et anomalies craniofaciales.
L’aboutissement d’une décennie de travail acharné
Créer un tel modèle, mettant en lumière comment la mutation affecte l’organisme et permettant d’avancer dans la recherche de traitements, n’est pas une mince affaire. Les efforts de la Dre Bernard pour y parvenir remontent à plus d’une décennie.
« Il était essentiel de créer un modèle représentatif de la maladie pour développer des approches thérapeutiques en laboratoire dans de futures études précliniques, explique la Dre Bernard, qui est également professeure agrégée aux Départements de neurologie et neurochirurgie et de pédiatrie de l’Université McGill. Le laboratoire travaille actuellement à la mise au point de la première approche de thérapie génique de remplacement pour la maladie. »
Cette réalisation n'aurait pas été possible sans le soutien de la Yaya Foundation for 4H Leukodystrophy - une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis dont l'objectif est d'accélérer la découverte de traitements et de soutenir la communauté de la leucodystrophie 4H dans le monde entier- et celui de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants.
« La Fondation Yaya est fière d'accélérer et de soutenir cette incroyable avancée dans la compréhension de la leucodystrophie 4H, et est reconnaissante de la générosité à son endroit, qui lui a permis de parrainer ce travail », dit Ben Smith, directeur général de la Yaya Foundation.
« Cette découverte est un élément essentiel dans la quête de traitements efficaces pour les personnes atteintes de la leucodystrophie 4H et démontre les progrès qui sont possibles lorsque les patients, les familles et les chercheurs s'unissent pour identifier les problèmes les plus importants à résoudre, ainsi que les bonnes personnes pour les résoudre. Cette collaboration et les découvertes qu'elle a déjà produites donnent à notre communauté l'espoir que les personnes touchées par la 4H pourront un jour bientôt vivre des vies plus longues et plus épanouies », ajoute Ron Garber, cofondateur et président du conseil d'administration de la Yaya Foundation.
« La philanthropie est un outil puissant pour financer l'innovation et nous sommes fiers de soutenir la recherche de la Dre Bernard afin d'offrir un nouvel espoir aux enfants atteints de la leucodystrophie 4H et à leurs familles », dit Renée Vézina, présidente de la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants.
L’importance de s’attaquer aux maladies rares
Les maladies rares sont individuellement rares, mais collectivement, elles touchent environ trois millions de personnes au Canada et 500 000 au Québec. Comme la leucodystrophie 4H, elles sont souvent progressives, touchent le plus souvent les enfants, atteignent plusieurs systèmes du corps humain, ont des options de traitement limitées ou inexistantes et nécessitent des soins médicaux et personnels complexes. Il est donc essentiel de mieux comprendre les maladies rares et de développer de nouvelles thérapies, et la leucodystrophie 4H ne fait pas exception.
« Bien que la leucodystrophie 4H soit une maladie rare, le fardeau qu’elle représente pour les patients, les familles et le système de santé est énorme. Il est donc impératif de comprendre la pathogenèse de la maladie pour mettre au point de nouveaux traitements », souligne la Dre Bernard.
Médecin dévouée à ses patients et à leurs familles, la Dre Bernard est reconnue internationalement comme une grande spécialiste des leucodystrophies. Au cours de ses études postdoctorales sous la direction du Dr Bernard Brais, elle a découvert le premier gène responsable de la maladie. Son laboratoire à l’IR-CUSM a par la suite ouvert la voie à d’importantes découvertes ayant trait à la description des leucodystrophies, à l'identification de nouveaux gènes en cause, à la compréhension de la pathogenèse de la maladie et au développement de thérapies.
Le CUSM, récemment désigné comme Centre de référence interdisciplinaire pour les soins et la recherche en maladies rares, est fier de la variété et de la grande qualité des expertises qu’il réunit dans ce domaine, que ce soit en matière de diagnostic, de soins ou de recherche fondamentale et clinique. Il est également reconnaissant aux organisations publiques, privées et philanthropiques qui rendent ces activités possibles, pour le bénéfice des enfants et des adultes malades.
À propos de l’étude
L’étude Hypomyelination, hypodontia and craniofacial abnormalities in a Polr3b mouse model of leukodystrophy a été réalisée par Mackenzie A.Michell-Robinson, Kristin E. N.Watt, Vladimir Grouza, Julia Macintosh, Maxime Pinard, MariusTuznik, Xiaoru Chen, Lama Darbelli, Chia-LunWu, Stefanie Perrier, Daryan Chitsaz, Nonthué A. Uccelli, Hanwen Liu, Timothy C. Cox, Christoph W. Müller, Timothy E. Kennedy, Benoit Coulombe, David A. Rudko, Paul A. Trainor et Geneviève Bernard.
Cette recherche a été financée par la Yaya Foundation for 4H leukodystrophy, la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, grâce aux dons de la famille Tallman, et Leuco Action, en plus d’être soutenue par le Fonds de Recherche du Québec – Santé (FRQS) et les Instituts de recherche en santé du Canada.
À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) — dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec — Santé (FRQS). ircusm.ca
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Centre universitaire de santé McGill
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Yaya Foundation for 4H Leukodystrophy
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