Une meilleure respiration, de meilleurs traitements pour les personnes souffrant d’une MPOC
De nouveaux travaux de chercheuses et de chercheurs de L'Institut concluent que près du tiers des personnes souffrant d'une MPOC sont à risque en utilisant des inhalateurs conçus pour que les malades se servent de leur force respiratoire — ce qui met en lumière qu'un simple test pourrait améliorer les soins
SOURCE: Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut)
Une étude récente, menée par des chercheuses et par des chercheurs de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut) met en évidence le rôle crucial de l'évaluation du débit inspiratoire de pointe des patientes et des patients lors de la prescription d'inhalateurs pour traiter une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Publiée dans le journal CHEST, l'étude a été menée par Bryan A. Ross, M.D., M. Sc., chercheur à L'Institut, au sein du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires (programme RESP). Ces travaux de recherche révèlent qu'il est possible que près du tiers des patientes et des patients souffrant d'une MPOC utilisent des inhalateurs ne convenant pas de manière optimale à leur capacité respiratoire, ce qui peut compromettre l'efficacité du traitement.
La MPOC est une maladie pulmonaire évolutive caractérisée par une limitation du débit de l'air, ce qui entraîne des symptômes comme de l'essoufflement, une toux chronique et des infections respiratoires fréquentes. Les médicaments administrés par inhalation jouent un rôle crucial dans la gestion de la MPOC, mais leur efficacité dépend de la capacité de la patiente ou du patient à générer un débit inspiratoire suffisant pour inhaler adéquatement le médicament.
Dans l'étude observationnelle du monde réel dont il est ici question, l'équipe de chercheuses et de chercheurs a systématiquement mesuré le flux inspiratoire de pointe chez 161 patientes et patients externes au sein d'une clinique spécialisée en MPOC. Ces scientifiques ont conclu que chez 28 % de ces patientes et patients, le débit inspiratoire de pointe était sous-optimal, et que 11,2 % de ces personnes utilisaient des inhalateurs inadéquats compte tenu du débit inspiratoire de pointe qui avait été mesuré. En outre, les facteurs comme l'âge avancé et la réduction de la fonction pulmonaire, un faible indice de masse corporelle (IMC) et, ce qui est plus important, le fait d'être une femme, étaient associés à un débit inspiratoire de pointe sous-optimal. En outre, 31,1 % des patientes et des patients s'étaient vu prescrire plusieurs inhalateurs ou dispositifs aux techniques opérationnelles différentes, ce qui peut entraîner de la confusion et un usage inadéquat.

« Nos conclusions mettent en lumière l'importance de l'évaluation du débit inspiratoire de pointe, dans le but de nous assurer que les patientes et les patients se font prescrire des inhalateurs qu'ils peuvent utiliser efficacement, a expliqué le Dr Ross, auteur en chef de l'étude et pneumologue à l'Institut thoracique de Montréal, qui fait partie du Centre universitaire de santé McGill. Selon une conclusion importante de l'étude, le débit inspiratoire de pointe était sous-optimal dans le cas de seulement 8,4 % des hommes, alors que c'était le cas chez 48,7 % des femmes (soit près d'une femme sur deux) ayant participé à l'étude. En personnalisant les prescriptions d'inhalateurs selon le profil de la patiente ou du patient, nous pouvons améliorer les résultats des traitements et réduire le risque d'exacerbations. »
L'étude susmentionnée laisse entendre que le fait d'incorporer de manière courante l'évaluation du flux inspiratoire de pointe à la pratique clinique peut documenter des stratégies de prescription d'inhalateurs plus personnalisées. Cette approche peut s'avérer particulièrement bénéfique pour les patientes et pour les patients courant un risque plus élevé d'avoir un débit inspiratoire de pointe sous-optimal, comme les adultes plus âgés, les personnes dont la fonction pulmonaire est réduite et les personnes ayant un IMC plus faible et, ce qui est plus important, les femmes vivant avec une MPOC.
La prochaine phase des travaux de recherche du Dr Ross implique une étude longitudinale prospective appelée Canadian Exacerbations of COPD Trial (CAN-EXACT). Cette étude va suivre des patientes et des patients souffrant d'une MPOC sur les changements quant à leur débit inspiratoire de pointe au fil du temps — tant au cours des séjours à l'hôpital qu'à la maison. L'objectif est de mieux comprendre comment les liens existant entre les fluctuations du débit inspiratoire de pointe et les résultats cliniques, y compris la fréquence et la gravité des exacerbations.
À propos de l'étude
L'étude intitulée Peak Inspiratory Flow and Inhaler Prescription Strategies in a Specialized COPD Clinical Program - A Real-World Observational Study a été publiée par Sarah Pankovitch, Michael Frohlich, Bader AlOthman, Jeffrey Marciniuk, Joanie Bernier, Dorcas Paul-Emile, Jean Bourbeau et Bryan A. Ross. Elle a été publiée dans le journal CHEST, volume 167, numéro 3, p. 736–745.
Système DOI :10.1016/j.chest.2024.09.031