Une nouvelle découverte pourrait « booster » l’immunothérapie contre le cancer de la vessie, et d’autres cancers
Une nouvelle étude préclinique met en lumière une immunothérapie plus puissante et plus efficace contre le cancer de la vessie et d’autres tumeurs solides.
La thérapie par BCG — le traitement de référence contre le cancer de la vessie non invasif sur le plan musculaire (CVNIM), un cancer courant dans lequel la couche musculaire de la vessie n’est pas atteinte — est l’une des premières formes d’immunothérapie contre le cancer. Aujourd’hui, 50 ans après son développement à partir du vaccin contre la tuberculose, son pouvoir thérapeutique pourrait être considérablement renforcé par l’ajout d’une molécule naturelle dérivée de champignons, comme l’a démontré une équipe de scientifiques dirigée par Maziar Divangahi, scientifique principal à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’Institut) et professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill.
La thérapie par BCG — d’abord prouvée efficace au Canada dans les années 1970, puis adoptée à l’échelle mondiale dans les années 1990 — consiste à introduire directement dans la vessie une souche affaiblie d’une bactérie apparentée à celle responsable de la tuberculose. Ce traitement entraîne les cellules du système immunitaire afin qu’elles reconnaissent et attaquent les cellules cancéreuses de la vessie. Toutefois, jusqu’à 60 % des patients voient leur cancer réapparaître, et le traitement — qui nécessite plusieurs instillations — peut entraîner des effets secondaires tels qu’une irritation de la vessie, des douleurs ou des symptômes pseudo-grippaux.

Dans une avancée scientifique remarquable, le Dr Leonardo Jurado, doctorant au sein du laboratoire du professeur Divangahi à L’Institut, a découvert une façon de renforcer de manière significative l’efficacité de la thérapie par BCG en la combinant avec une molécule dérivée de champignons appelée bêta-glucane (β-glucane). Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Immunity.
« Le cancer de la vessie touche près de 600 000 personnes dans le monde chaque année et présente le taux de récidive le plus élevé parmi tous les cancers, ce qui signifie que de nombreux patients rechutent malgré le traitement, explique le Dr Jurado, premier auteur de l’étude. C’est extrêmement enthousiasmant que nous trouvions, ici même au Canada — là où l’immunothérapie par BCG a été mise au point pour la première fois — des moyens de la rendre encore plus efficace. »
Des cellules souches entraînées pour vaincre les tumeurs
À l’aide de modèles précliniques avancés, l’équipe a découvert que la combinaison de BCG et de β-glucane « entraîne » les cellules immunitaires innées de l’organisme — en particulier les neutrophiles — à devenir de puissants agents antitumoraux, renforçant ainsi la capacité du corps à lutter contre le cancer. Cette thérapie reprogramme les cellules souches de la moelle osseuse, produisant des neutrophiles capables d’infiltrer efficacement les tumeurs et d’en freiner la croissance.
« Fait remarquable, le traitement combiné a permis l’éradication complète des tumeurs et un taux de survie de 100 % dans un modèle préclinique murin de cancer de la vessie », souligne le Dr Jurado, médecin colombien, tout comme le Dr Alvaro Morales, pionnier de l’utilisation du BCG contre le cancer de la vessie, à l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario, dans les années 1970.
Ces résultats de recherche suggèrent que la combinaison du BCG avec le β-glucane pourrait mener à des traitements plus efficaces et durables, non seulement contre le cancer de la vessie, mais aussi potentiellement contre d’autres tumeurs solides, comme le mélanome, où cette approche a également montré des résultats prometteurs.
« Cette découverte ouvre la voie à une nouvelle génération d’immunothérapies contre le cancer, en montrant que l’entraînement des cellules souches — et par conséquent des cellules immunitaires innées qui constituent notre première ligne de défense — peut induire une immunité antitumorale durable, explique le Prof. Divangahi. Il s’agit d’une innovation conçue au Canada, avec un potentiel d’impact mondial. »
Les chercheurs prévoient maintenant un essai clinique afin de tester la supériorité de cette nouvelle thérapie combinée chez les patients atteints de cancer de la vessie.
À propos de l’étude
L’étude A fungal-derived adjuvant amplifies the antitumoral potency of Bacillus Calmette-Guérin via reprogramming granulopoiesis par Leonardo F. Jurado et Maziar Divangahi et al., est publiée dans Immunity.
DOI: 10.1016/j.immuni.2025.05.026
La recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.
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Bianca Ledoux-Cancilla
Agente de communication, CUSM
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