Des instructions claires, pour une meilleure performance des tests rapides
Dans une étude, des chercheurs de l’IR-CUSM ont vérifié si les tests de détection rapide antigéniques de la COVID-19 pouvaient être utilisés adéquatement en milieu de travail.
Montréal, le 11 mai 2022 - Après deux ans de pandémie, les gouvernements délaissent certaines mesures sanitaires visant à réduire la propagation du SARS COV-2, comme le port du masque obligatoire dans les lieux publics, et plusieurs employeurs invitent leur personnel à retourner sur leurs lieux de travail. Dans ce contexte, le dépistage de masse en milieu de travail à l’aide de tests de détection rapide pourrait jouer un rôle pour prévenir la transmission de la COVID-19.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) dans 13 entreprises montréalaises montre que les tests de détection rapide antigéniques peuvent être effectués avec précision dans le cadre d’une stratégie de dépistage de masse sur les lieux de travail, et suggère qu’une intervention éducative portant sur l’exécution et l’interprétation des tests pourrait optimiser la performance de cette stratégie. Les résultats ont été publiés dans JAMA Network Open le 6 mai 2022.
« Nous avons remarqué que la précision de l'interprétation du résultat était proportionnelle à l'intensité de la ligne de test apparaissant sur la cartouche et était très déficiente pour les tests dont les lignes étaient faibles, dit le Dr Cédric Yansouni, auteur principal de l’étude, scientifique à l’IR-CUSM, directeur adjoint du Centre JD MacLean pour les maladies tropicales et professeur agrégé au Département de médecine de McGill. Grâce au guide de référence rapide modifié que nous avons élaboré, l'interprétation du résultat par les travailleurs s’est grandement améliorée et a atteint un niveau de précision similaire à celui des professionnels. »
« Nous avons vérifié si l’utilisation des tests rapides en milieu de travail était adéquate, c’est-à-dire si le test était bien exécuté et bien interprété, et nous avons ensuite cherché à savoir si un guide créé à partir des principales erreurs observées pouvait améliorer la situation, explique le Dr Jesse Papenburg, premier auteur de l’étude, scientifique à l’IR-CUSM et spécialiste en infectiologie pédiatrique et microbiologiste médical à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM. Dans ce guide, nous avons par exemple ajouté un texte clair et simple aux pictogrammes inclus dans les instructions du fabricant et identifié les étapes critiques en rouge et en gras. »
Une étude de terrain dans un environnement diversifié
L’étude s’est déroulée dans des entreprises où au moins 2 cas actifs de COVID-19 étaient recensés par la Santé publique de Montréal. Les participants à l’étude, des travailleurs de ces entreprises, issus de divers milieux socio-économiques et de diverses origines, ont accepté d’être testés sur leur lieu de travail et ont été divisés en deux groupes. Le premier groupe a effectué au moins un test à l’aide des instructions fournies par le fabricant, et le second, avec des instructions modifiées par les chercheurs.
Une équipe formée par les chercheurs a visité chaque entreprise deux fois par semaine pendant deux semaines. À chaque visite, le personnel de l'étude a enseigné aux participants les procédures à suivre pour effectuer les prélèvements nasaux et leur a remis soit le guide du manufacturier, soit le guide de référence rapide modifié, sans donner d’autres précisions. Les participants n’étaient pas forcés de participer à chaque visite.
Lors des visites 1 et 3, toutes les étapes de la collecte des échantillons et l'interprétation des résultats ont été effectuées par le personnel de l'étude. Lors des visites 2 et 4, les participants devaient réaliser et interpréter le test eux-mêmes. Ils devaient également interpréter la gamme de résultats possibles en se référant à un carton sur lequel étaient imprimées, en couleur et en haute résolution, sept différentes représentations de résultats. Au total, 1892 tests ont été réalisés chez 647 participants, et 278 participants ont eu au moins une visite d'autodiagnostic.
À la première visite d'autodiagnostic, la précision de l'interprétation des résultats était significativement meilleure parmi les participants ayant utilisé les instructions modifiées que chez ceux ayant utilisé les instructions du fabricant. Ainsi, 55,6 % des participants ayant reçu le guide modifié ont correctement identifié un résultat de test faiblement positif, contre 12,3 % des participants ayant reçu le guide du fabricant, une différence de 43,3 %. Pour un résultat positif, ces valeurs étaient de 89,6 % contre 51,5 %, une différence de 38,1 %; pour un résultat fortement positif, de 95,6 % contre 84 %, une différence de 11,6 %, et pour un résultat invalide, de 87,3 % contre 77,3 %, une différence de 10 %.
Lors de la deuxième visite d'autodiagnostic, les différences étaient moins marquées, mais encore présentes pour les résultats faiblement positifs, positifs et invalides. Toutefois, l’utilisation des instructions modifiées n’était pas associée à une amélioration de l’exécution des étapes du test.
Au moment de l’étude, les tests rapides n’étaient pas encore approuvés par Santé Canada pour une auto-utilisation par des individus non formés. Les tests rapides sont depuis devenus la première méthode de détection de la COVID-19 au Canada et dans plusieurs pays, et plusieurs produits similaires au test utilisé dans l’étude (le test Panbio des Laboratoires Abbott) sont maintenant disponibles. Les auteurs de l’étude rappellent que leur utilisation systématique dans certains milieux pourrait contribuer à briser les chaînes de transmission et à réduire l’incidence de la COVID, ou bien à faciliter la prise de décisions personnelles visant à minimiser le risque de contagion à d’autres.
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À propos de l’étude
L’étude Adequacy of Serial Self-performed SARS-CoV-2 Rapid Antigen Detection Testing for Longitudinal Mass Screening in the Workplace a été réalisée par Jesse Papenburg, Jonathon R. Campbell, Chelsea Caya, Cynthia Dion, Rachel Corsini, Matthew P. Cheng, Dick Menzies et Cédric P. Yansouni.
DOI:10.1001/jamanetworkopen.2022.10559
Ce travail a été financé par des subventions du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et de la Fondation de la famille Trottier.
À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca
Personne-ressource pour les médias
Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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