Vapoter du cannabis pourrait endommager vos poumons

Deux études récentes menées à L’Institut suggèrent que la vapeur de cannabis pourrait avoir des effets néfastes sur les cellules pulmonaires.

Vapoter du cannabis serait-il moins dommageable pour la santé que de le fumer ? C’est ce que semblent penser beaucoup de gens. Or, deux études réalisées à L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’Institut) suggèrent que vapoter du cannabis pourrait (également) présenter des risques pour la santé pulmonaire.

Carolyn Baglole

« Le vapotage de cannabis gagne en popularité, en grande partie en raison de la perception selon laquelle cette méthode serait moins nocive que de fumer. Pourtant, ses effets sur la santé demeurent largement méconnus », explique la Prof Carolyn Baglole, Ph. D., chercheuse au Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires de L’Institut et auteure principale de deux études ayant utilisé des approches distinctes pour analyser l’impact de la vapeur de cannabis sur les cellules pulmonaires. « Nos résultats révèlent que la vapeur de cannabis contient, tout comme la fumée de cannabis ou de tabac, des substances toxiques susceptibles d’augmenter le risque de problèmes de santé chez les utilisateurs réguliers. Ces données remettent en question l’idée largement répandue selon laquelle le vapotage de cannabis serait plus sécuritaire, et soulignent l’urgence de poursuivre les recherches sur ses effets respiratoires. »

Fumer ou vapoter : des effets similaires sur la santé

La première étude, publiée dans le journal American Journal of Physiology - Lung Cellular and Molecular Physiology, a comparé la composition chimique de la fumée de cannabis et de la vapeur de cannabis (c’est-à-dire l’aérosol produit par le vapotage du cannabis), ainsi que leurs effets in vitro sur des cellules épithéliales pulmonaires humaines — des cellules qui tapissent les voies respiratoires et sont directement exposées aux substances inhalées.

Les résultats montrent que la vapeur de cannabis contient des substances cancérigènes, des agents toxiques pour les voies respiratoires et des tératogènes, c’est-à-dire des agents pouvant provoquer des malformations congénitales. Les chercheurs ont aussi observé que la fumée et la vapeur de cannabis peuvent chacune générer un stress cellulaire susceptible d’entraîner des modifications pouvant nuire à la santé respiratoire et accroître le risque de cancer.

« Nos recherches montrent que les substances présentes dans les aérosols issus du vapotage de cannabis, lorsqu’elles entrent en contact avec les cellules épithéliales humaines, induisent des réponses transcriptionnelles (liées à l’expression des gènes) analogues à celles provoquées par la fumée de cannabis. Ces réactions sont reconnues pour représenter un risque pour la santé pulmonaire, » explique Maddison T. Arlen, doctorante à L’Institut et première auteure de cette étude.

Maddison Arlen

La seconde étude, publiée dans la revue Cell Biology and Toxicology, suggère elle aussi qu’inhaler de la vapeur de cannabis modifie le fonctionnement des gènes dans les cellules pulmonaires, de façons qui sont associées au cancer, au stress et à certaines réponses immunitaires. Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé trois modèles différents pour tester, en laboratoire, les effets de la vapeur de cannabis sur des cultures de cellules épithéliales humaines.

Les chercheurs soulignent que les méthodes utilisées dans ces études comportent certaines limites, car elles ne reproduisent pas entièrement les conditions physiologiques réelles des poumons. Ainsi, certains éléments toxiques susceptibles d’avoir des effets biologiques pourraient ne pas apparaître dans les résultats.

Éclairer les politiques de santé publique et sensibiliser les consommateurs

Le cannabis est la troisième substance psychoactive la plus consommée après l’alcool et le tabac. Au cours des dernières années, plusieurs pays l’ont légalisé, ce qui a favorisé son acceptation sociale. Toutefois, son illégalité durant une grande partie de l’histoire a freiné la recherche sur ses effets sur la santé. Ces recherches sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais.

Emily Wilson

« Ces études sont les premières à démontrer que l’aérosol produit par le vapotage de cannabis peut avoir un impact considérable sur la biologie des cellules pulmonaires, perturbant la régulation de gènes jouant des rôles essentiels dans les processus inflammatoires, cellulaires et métaboliques, » dit Emily T. Wilson, doctorante à L’Institut, première auteure de l’étude publiée dans Cell Biology and Toxicology et co-auteure de l’autre étude.

« Nos recherches mettent en lumière certains effets potentiellement nocifs du vapotage de cannabis sur la santé. Bien qu’il reste encore beaucoup à découvrir, ces résultats peuvent aider les autorités de santé publique à mieux informer la population, à réduire les risques et à éclairer les décisions en matière de politiques de santé, » ajoute la Prof. Baglole, également professeure agrégée de médecine à l’Université McGill et directrice du Centre de recherche sur le cannabis de McGill, un partenariat entre six facultés de McGill et L’Institut.


À propos des études

L’étude Transcriptomic changes in oxidative stress, immunity, and cancer pathways caused by cannabis vapor on alveolar epithelial cells a été réalisée par Emily T. Wilson, Percival Graham, David H. Eidelman et Carolyn J. Baglole.

DOI: 10.1007/s10565-025-09997-3

L’étude Cannabis vaping elicits transcriptomic and metabolomic changes involved in inflammatory, oxidative stress, and cancer pathways in human bronchial epithelial cells a été réalisée par Maddison T. Arlen, Stephanie J. Patterson, Michelle K. Page, Rui Liu, Vincenza Caruana, Emily T. Wilson, Stéphane A. Laporte, Maciej L. Goniewicz, Cory S. Harris, David H. Eidelman et Carolyn J. Baglole.

DOI: 10.1152/ajplung.00131.2024

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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