Le programme de nutrition SipSup s’étend à l’ensemble du CUSM
Les infirmières, les nutritionnistes et les pharmaciens travaillent ensemble pour améliorer l’état nutritionnel des patients.
« Saviez-vous que 45 % des patients admis en médecine interne à l’Hôpital général de Montréal (HGM) et 42 % à l’Hôpital Royal Victoria (HRV) arrivent avec un risque de malnutrition, ou sont mal alimentés ? »
Je pensais avoir mal entendu. Quoi, presque la moitié des patients admis ? Sonnée, je fixais mes notes, sans comprendre.
Deborah Fleming, directrice de la nutrition clinique au CUSM (sites pour adultes), traduisit mes pensées : « Je sais, c’est surprenant. Et cela se produit dans tous les hôpitaux du pays. C’est une situation vraiment très préoccupante. »
Assez préoccupante pour que Deborah et sa collègue Ann Coughlin, directrice adjointe de la nutrition clinique (sites pour adultes), mettent en œuvre un programme visant à améliorer l’état nutritionnel des patients. Le programme SipSup a été lancé au Département de médecine interne de l’HGM en 2016 et s’étend maintenant à l’ensemble du CUSM.
Avec le programme SipSup, un supplément à forte densité nutritionnelle est administré deux fois par jour par les infirmières à des patients souffrant ou risquant de souffrir de malnutrition, en même temps que les médicaments. Les suppléments sont servis en petite portion (une demi-tasse ou 115 ml) afin que les patients aient encore assez d’appétit pour manger leur nourriture. Ils peuvent être servis soit sous forme liquide, pour les patients qui peuvent manger des textures régulières, soit sous forme de pouding, pour les patients qui ont de la difficulté à avaler. Chaque portion donne aux patients 9 grammes supplémentaires de protéines et 220 calories, ce qui aide à réparer, reconstituer et maintenir les cellules et les tissus du corps.
« Nous savons que les patients sont plus susceptibles de boire des suppléments lorsqu’ils sont donnés directement par une infirmière en même temps que le médicament », explique Deborah Fleming.
Un nouvel outil de dépistage
Cette année, l’équipe des sites pour adultes a mis en place un outil pour mieux dépister les patients au moment de l’admission. « Nous allons mettre en place un questionnaire de dépistage validé qui sera utilisé par les techniciens en nutrition pour recueillir l’information auprès des patients », explique Deborah. Ce questionnaire comporte deux courtes questions :
- Avez-vous perdu du poids au cours des six derniers mois (sans essayer) ?
- Mangez-vous moins que d’habitude depuis plus d’une semaine ?
« Deux réponses “oui” indiquent un risque nutritionnel, ajoute Ann, et notre mission est de mettre nos efforts pour réduire ce risque. Le dépistage nous permet d’identifier les patients qui bénéficieraient de SipSup le plus tôt possible. »
L’Hôpital de Lachine utilise ce questionnaire pour le dépistage des patients depuis 2015. « Nous avions l’habitude de fournir des suppléments sur le plateau-repas aux patients qui étaient dépistés à risque », explique Pina Ventulieri, gestionnaire, Services multidisciplinaires à l’Hôpital de Lachine. « En octobre, nous harmoniserons notre programme avec le reste du CUSM et fournirons les suppléments par une infirmière en même temps que les médicaments. »
Surmonter les obstacles
Il est largement reconnu que l’environnement hospitalier peut souvent présenter des obstacles à la capacité des patients d’atteindre leurs objectifs nutritionnels, comme l’indique ce diagramme :
Confronté à l’un ou l’autre de ces obstacles, un patient admis déjà à risque ou souffrant de malnutrition peut faire face à de graves conséquences nutritionnelles.
Le programme SipSup offre une mesure de première ligne pour à la fois surmonter le risque nutritionnel et compenser certains de ces obstacles potentiels.
Le succès du programme repose sur un travail d’équipe où les soins infirmiers, la nutrition et la pharmacie travaillent ensemble pour faire la différence durant le séjour du patient à l’hôpital.
« Les patients qui ont reçu leur congé de l’hôpital sont encore dans une phase de rétablissement et doivent continuer à bien manger pour guérir, dit Deborah. Comme les patients souffrant de malnutrition courent un risque plus élevé de réadmission, il est important de réduire ces taux par une détection et une intervention précoces. »
Risque nutritionnel chez les Canadiens âgés
- 34 % des Canadiens de 65 ans et plus sont à risque sur le plan nutritionnel;
- Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être à risque;
- Parmi les personnes souffrant de dépression, 62 % sont à risque nutritionnel, comparativement à 33 % des personnes sans dépression;
- L’incapacité, la mauvaise santé buccodentaire et l’utilisation de médicaments sont associées au risque nutritionnel, tout comme le fait de vivre seul, le faible soutien social, une faible participation sociale et le fait de ne pas conduire de véhicule de façon régulière;
- Le faible revenu et l’éducation sont également associés au risque nutritionnel.
Source : Le risque nutritionnel chez les Canadiens âgés (article de recherche) par Pamela L. Ramage-Morin et Didier Garriguet