Désamorcer une bombe à retardement : Le Programme pour la santé cardiaque des femmes
« Lorsqu’une mère de famille est frappée par une crise cardiaque, c’est toute la famille qui explose. Toute la maison est détruite et tout s’arrête. Les activités, la préparation des repas, l’épicerie – c’est comme si une bombe avait fait exploser toute la maisonnée. Ça a changé ma vie. »
« Et les intervenants du Programme pour la santé cardiaque des femmes (PSCF) l’ont bien compris. »
« Et les intervenants du Programme pour la santé cardiaque des femmes (PSCF) l’ont bien compris. »
Susan Rodrigues avait 40 ans et faisait la file à la banque lorsqu’elle a été frappée par une crise cardiaque.
« Ma vie était bien remplie. J’étais travailleuse autonome, j’avais une vie assez stressante exigeant plusieurs déplacements, et à ce moment-là, j’ai eu la nausée et ressenti une douleur à la mâchoire et à l’oreille. J’avais l’impression que quelqu’un mettait un couteau dans mon oreille », raconte Susan, maintenant âgée de 48 ans.
Susan souffrait de fatigue, de nausées, d’étourdissements et d’autres symptômes ressemblants à ceux de la grippe qui accompagnent souvent les femmes aux prises avec une maladie cardiaque et qui diffèrent des symptômes éprouvés par les hommes. Mais, elle ne s’en était pas préoccupée pensant que cela faisait partie de la gestion d’une vie professionnelle et de famille exigeante avec un jeune garçon.
« Douze mois avant ma crise cardiaque, j’avais consulté mon médecin parce que je ne me sentais pas très bien et je ne savais pas trop pourquoi. Mes parents sont tous deux décédés d’une crise cardiaque, ça faisait partie de mon historique. Toutefois, ni l’un ni l’autre n’avons pensé à mon cœur étant donné que je n’avais que 39 ans », mentionne Susan, qui comme 78 % des femmes, se rappelle des signes avant-coureurs ignorés. « Je ne bois pas beaucoup, je ne fume pas et je n’ai jamais consommé de drogues. Si on m’avait demandé à cette époque si je me sentais stressée, j’aurais dit non. C’est la vie avec un jeune enfant, tout simplement. »
Mais comme Susan le réalisa rapidement, ce n’est pas nécessairement comme ça que les choses devaient aller.
Insatisfaite de son traitement après la crise cardiaque, Susan décida de faire la route de plus de 95 minutes pour en apprendre davantage sur le programme sans but lucratif PSCF de l’Hôpital Royal Victoria.
Une clinique pour améliorer la santé cardiaque
Comme les maladies cardiaques sont la cause première de décès prématuré des femmes au Canada, la nouvelle clinique dirigée par du personnel infirmier se consacre essentiellement à la prévention des maladies cardiaques pour les femmes.
Fondée en 2009 par Wendy Wray, infirmière clinicienne, la clinique du site Glen est ouverte aux femmes âgées de 45 à 65 ans et aucune référence n’est nécessaire. Les patientes sont évaluées avant de rencontrer une infirmière et un médecin dans le but d’établir un plan intégrant les meilleures méthodes et leurs préférences pour améliorer leur santé cardiaque. Cette pratique menée par des infirmières est un modèle de soins axé sur la collaboration entre les médecins et les infirmières.
Les maladies cardiaques peuvent se manifester différemment chez les femmes de chez les hommes.
Les symptômes sont plus difficiles à diagnostiquer parce qu’ils rappellent ceux de maladies de tous les jours, faisant ainsi de la prévention un élément clé.
« Je veux autonomiser les femmes. C’est la raison d’être de ce projet. Nous proposons aux femmes les questions essentielles à poser à leur médecin à propos de leur santé cardiaque », mentionne Wendy, qui considère que le milieu de collaboration et de soutien que constitue le CUSM en fait l’endroit idéal pour promouvoir ce programme unique au Canada.
« Nos soins de prévention visent l’adoption d’un mode de vie plus sain et lorsqu’une médication s’avère nécessaire, nous fournissons l’information requise et soutenons la patiente dans sa prise de décision, affirme Wendy. Notre approche est centrée sur la patiente donc essentiellement, c’est la patiente qui décide et nous l’aidons à atteindre ses objectifs de santé, comme par exemple réduire sa tension artérielle et son taux de cholestérol et éviter le diabète. »
Aux dires de Susan, le PSCF – qui est complètement financé par ses patients et son personnel soignant – lui a fourni beaucoup de réponses durant la période turbulente qui a suivi sa crise cardiaque.
Un rétablissement adéquat
« Après une année de combat en traitement, je suis venue à la clinique et c’est à ce moment que ma véritable guérison a commencé. Le soutien émotionnel que le groupe nous apporte est incroyable. C’était vraiment subtil – un peu comme quelqu’un qui nous tient la main plutôt que de nous donner un coup de fouet », explique Susan, qui trouvait que ses préoccupations et ses symptômes n’étaient pas pris en considération.
« Personne ne savait quoi faire avec moi – j’étais la première patiente aussi jeune qu’ils voyaient pour une crise cardiaque. Ils avaient rejeté l’idée que j’avais été victime d’une crise cardiaque en pensant que tous mes symptômes étaient dus à la détresse émotionnelle », déclare Susan, qui ne connaissait pas vraiment les conséquences d’une crise cardiaque. « Après quatre jours, j’ai finalement été traitée par une angioplastie qui a permis de découvrir quatre bocages. Soudainement, j’ai dû consentir à ce qu’on utilise une endoprothèse à élution médicamenteuse sans même savoir ce qui se passait. J’ai paniqué. Tout s’est passé tellement rapidement et comme je n’étais pas préparée, je suis sortie en pleurant et en souffrant d’hyperventilation. »
Susan explique qu’au PSCF, on s’est adressé à sa raison plutôt qu’à ses émotions.
« Tout le monde disait que le problème était dans ma tête, mais Wendy fut la première personne à me dire le contraire. C’était une réelle libération pour moi. Je n’étais pas folle de me sentir de cette façon. Je ne voulais pas dire à personne comment je me sentais parce qu’ils croyaient que j’étais insensée. »
« Ce n’était pas le cas », s’exclame Wendy, « ne dit jamais ça ! »
Susan explique que le PSCF a joué un rôle déterminant pour l’aider à reprendre sa vie en main, à un moment où son mariage était en difficulté à cause de son état de santé.
« Mon mari et moi n’avons pas réussi à surmonter cette crise ensemble. Nous avons vraiment essayé, mais sans succès », mentionne Susan, qui est maintenant installée à Montréal avec son adolescent.
Susan a dû faire d’importants sacrifices dans son mode de vie, sachant qu’une deuxième crise pouvait lui être fatale. Elle admet se sentir comme une « bombe à retardement », ce qui l’a amenée à modifier sa vie quotidienne. Les petits plaisirs, comme celui de manger un hamburger, lui coûtent maintenant quatre jours de douleur, son corps souffrant d’inflammation digérant mal les repas que plusieurs mangent sans même y penser.
Le PSCF l’a soutenue et lui a fait comprendre les choix à faire pour profiter d’un meilleur mode de vie.
Le PSCF l’a soutenue et lui a fait comprendre les choix à faire pour profiter d’un meilleur mode de vie.
« Je ne me sentais plus seule à présent. Elle m’a présentée à d’autres jeunes femmes ayant subi une crise cardiaque et maintenant nous avons un groupe de soutien pour discuter. Personne ne peut comprendre, jusqu’à ce qu’on rencontre quelqu’un dans une situation similaire », explique Susan, qui a dû réduire considérablement ses habitudes de travail et son rythme de vie, car la vie moderne mouvementée a un impact sur la santé cardiaque des femmes.
« Les femmes assument plus de responsabilités au travail; elles sont plus à risque. Je remarque de plus en plus de femmes dans mon groupe d’âge qui veulent en apprendre davantage pour rester en santé plus longtemps. »
Pour plus d’informations sur ce programme, visitez notre site Web au http://whhionline.ca/fr/ et procédez à une évaluation de votre santé cardiaque dès maintenant.