Une expérience formidable en Haïti
En 2014, le Dr Robert Battat, résident en médecine interne à l’Université McGill, a participé à un cours optionnel novateur qui, dit-il, a profondément influencé sa jeune carrière.
Il a effectué un stage d’un mois dans un hôpital à Saint-Marc, une ville d’Haïti située dans une région durement touchée par le tremblement de terre de 2010. Fruit d’un récent partenariat entre le Programme de santé globale de l’Université McGill et l’Hôpital Saint-Nicolas, ce cours à l’étranger est l’un des rares du genre à intégrer à la fois des résidents et des professeurs. Pendant la rotation, le Dr Battat et deux autres résidents étaient supervisés par deux médecins du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
« Nous étions la première cohorte à nous rendre en Haïti, et l’expérience s’est révélée une superbe occasion d’enrichir ma formation et de participer à l’échange de savoir avec l’équipe médicale locale, affirme le Dr Battat, qui se spécialise actuellement en gastroentérologie au CUSM. La présence de médecins du CUSM a eu une influence positive sur notre séjour. Ces médecins ont partagé leur expérience d’enseignement et leur expérience clinique et nous ont aidés à prodiguer des soins de qualité, à la fois sécuritaires et responsables, à la population. »
Le projet a été élaboré en collaboration avec Partners in Health/Zanmi Lasante (PIH/ZL), un organisme non gouvernemental voué à reconstruire le système de santé en Haïti. Le Dr Thomas Maniatis, un médecin du CUSM qui était alors directeur du tronc commun en médecine interne, a participé à la première rotation.
«& Nos collègues de Saint-Marc avaient besoin d’accroître leurs capacités cliniques et d’enseignement, déclare-t-il. Ils souhaitaient tout particulièrement se doter d’un milieu d’apprentissage mieux structuré et plus positif, afin de recruter et de retenir les résidents locaux en médecine interne. Puisqu’ils ne disposent pas de programme de formation en médecine interne pour l’instant, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le programme de médecine familiale. Nous avons contribué à améliorer la formation des professeurs en médecine grâce à des ateliers sur l’enseignement au chevet des patients, sur la structure des réunions scientifiques, sur la transmission de commentaires, ainsi que d’autres activités. »
La Dre Louise Pilote, directrice de la Division de médecine m interne (MGI) à l’Université McGill et au CUSM, a fait partie de la deuxième cohorte qui s’est rendue à Haïti.
« Le transfert de connaissances est souvent associé aux nouvelles technologies ou aux interventions révolutionnaires, explique-t-elle. Mais le partage de connaissances reliées aux compétences en enseignement, au comportement professionnel et au perfectionnement des professeurs est tout aussi important. La communauté du CUSM a beaucoup à offrir dans ces domaines. »
Un voyage enrichissant et chargé de sens
L’équipe de MGI a beaucoup appris de son expérience en Haïti. Pour leur part, les professeurs ont satisfait des besoins en formation médicale continue et en perfectionnement.
« Nous avons tiré des apprentissages de situations que nous n’avons pas l’habitude de vivre dans nos hôpitaux, affirme le Dr Maniatis. Comment traite-t-on un patient atteint d’un grave problème de santé quand il n’y a pas d’eau potable, que l’électricité n’est pas constante et que l’accès aux analyses sanguines, aux biopsies ou aux pathologistes est limité? C’est une grande leçon que de constater que, parfois, nous pouvons seulement passer du temps avec un patient, et que ce temps est précieux pour les personnes qui sont malades. »
« C’est l’un des plus beaux voyages de ma vie, confie la Dre Pilote. Le changement d’environnement m’a aidée à voir nos formidables résidents d’un autre œil. J’ai découvert tout leur savoir et tout leur altruisme. Sur le plan individuel et professionnel, ils ont été à la hauteur du défi qui leur était présenté. »
Ces leçons ont eu tout autant d’importance pour le Dr Battat et ses collègues. Elles ont eu des répercussions sur leur perception des soins et sur la manière dont ils les prodiguent aux patients, tant en Haïti qu’au Canada.
« Nous avons accru nos compétences en matière de prestation des soins dans des milieux défavorisés, nous avons approfondi nos connaissances des traitements et nous avons appris à mieux nous adapter dans un contexte transculturel », énumère-t-il.
« Au CUSM, nous soignons des gens qui viennent des quatre coins du monde. Si nous comprenons le moindrement le bagage culturel de nos patients et de leur famille, nous pourrons mieux collaborer avec eux à améliorer leur santé. »
La cohorte est surtout très heureuse que le projet ait des effets positifs durables pour les Haïtiens. Même si 200 000 habitants vivent à Saint-Marc, l’Hôpital Saint-Nicolas dessert une population de 1,6 million de personnes provenant des régions avoisinantes.
« C’était une énorme adaptation culturelle pour l’équipe en Haïti, dont le modèle de soins diffère largement du nôtre au Canada, précise la Dre Pilote. Les directeurs locaux comprennent toutefois l’importance d’une bonne éducation et ils voulaient le changement. Nous sommes ravis que les soins se soient améliorés à l’Hôpital Saint-Nicolas en partie grâce au programme de résidence et à notre apport. »
Jusqu’à présent, six résidents, un résident en spécialité et six médecins ont participé au projet. La prochaine cohorte se rendra en Haïti au printemps 2016.