C'est une question de « connexions »

Dr. Carbonnetteo
De gauche à droite : Dr Robert Hess, Dr Reza Farivar et Dr Salvatore Carbonetto. La nouvelle équipe de neuroscientifiques occupera les étages consacrés à la recherche au pavillon Livingston de l’HGM.
 

Fusionner deux équipes de chercheurs en neurosciences qui n’ont jamais travaillé ensemble peut parfois s’avérer presque aussi complexe que la structure d'un cerveau. Mais c'est précisément l'objectif du nouveau programme de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) qui se penche sur le cerveau, la vision et le traumatisme crânien. Ce programme qui verra bientôt le jour à l'Hôpital général de Montréal (HGM) rassemblera pour la première fois des chercheurs du Centre de recherche en neurosciences (CRN) et de l’Unité de recherche sur la vision de McGill (URVM). Une fois fusionnée, la nouvelle équipe s’efforcera de mettre à jour les mystères du câblage du cerveau afin de mieux comprendre les troubles neurodéveloppementaux tels que l'amblyopie, l'autisme, les lésions cérébrales traumatiques et la schizophrénie.

« Nous partons du principe que le cerveau est un ordinateur très complexe et que les connexions entre les éléments de cet ordinateur sont essentielles au fonctionnement du cerveau », explique le Dr Salvatore Carbonetto, neuroscientifique à l’IR-CUSM, directeur du CRN à l'HGM et professeur de neurologie et de neurochirurgie à l'Université McGill. « En outre, les connexions se transforment avec l’usage et l'expérience. »

Les deux groupes de neuroscientifiques ont la même motivation : comprendre les différentes connexions qui opèrent dans le cerveau. Cependant, chacun approche la question d’un angle différent. L’un des groupes (le CRN) se concentre sur la façon dont les neurones communiquent par la voie de « commutateurs cellulaires », les synapses, et sur la façon dont ces commutateurs peuvent causer des dysfonctionnements tels que l'autisme et d’autres troubles psychiatriques. L'autre groupe essaye d'optimiser la plasticité du cerveau pour freiner les troubles  qui apparaissent dès l’enfance  et qui conduisent à une perte de la vision. Le fait de rassembler ces deux approches est essentiel pour bien comprendre comment l'ensemble du système fonctionne. Un peu comme le réseau de connexions établies dans notre cerveau.  

« Il s'agit d'une très bonne combinaison, car l'équipe du CRN fait de l'excellent travail sur la transmission synaptique et les réponses de neurones dans des modèles animaux, tandis que nous nous concentrons plutôt sur le côté humain des choses pour optimiser la plasticité du cerveau et aider les gens plus âgés à recouvrer la vision », explique le directeur de l’URVM, le Dr Robert Hess. « Nous ajoutons un côté humain à leur travail fondamental, ce qui permettra de convertir beaucoup plus de résultats en thérapies cliniques. »

Le groupe du CRN a un intérêt de longue date pour les traumatismes. Certains chercheurs étudient les événements cellulaires et moléculaires qui se produisent au cours du processus de neuro-régénération dans le but d’améliorer des produits thérapeutiques qui sont testés en ce moment même. Selon le Dr Carbonetto, l'écart entre cette recherche très fondamentale et la recherche clinique sera comblé grâce à l'énorme potentiel des études sur la neuroplasticité clinique.

Le Dr Hess étudie l’amblyopie, aussi connue sous le nom de syndrome de l'œil paresseux, qui est causée par un défaut de connexion entre les neurones. Il espère que cette transition lui donnera l'occasion d’appréhender les différences dans les transmissions synaptiques de l'œil paresseux, menant à l'élaboration de nouvelles approches de traitement. 

L'équipe fusionnée formera le groupe le plus dense de chercheurs neuroscientifiques fondamentaux dans un seul hôpital, selon le Dr Reza Farivar, membre de l’URVM et directeur scientifique du Programme de traumatisme crânio-cérébral (TCC) de l’HGM, qui se spécialise dans la recherche sur les lésions cérébrales traumatiques. 

« Si vous nous aviez placés avec des cardiologues, nous ne nous serions pas parlé beaucoup, n’ayant pas grand-chose à nous dire. Mais entre le CRN et nous, il y a beaucoup à dire », affirme le Dr Farivar, qui est enthousiaste au sujet de la fusion. « Nous allons créer une nouvelle synergie qui n'existe à peu près nulle part ailleurs. »

Au printemps, ce nouveau groupe de neuroscientifiques se réunira afin de combiner leurs talents et de développer de nouvelles opportunités de subventions d'équipe, ce qui fera du programme l'un des atouts majeurs de l'HGM dans le domaine de la recherche.