Traiter les effets psychologiques des traumatismes crânio-cérébraux

À première vue, le lien entre le Service de médecine physique et de réadaptation du Centre universitaire de santé McGill et la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales, qui se déroule du 1er au 7 octobre, n’est pas évident.

Pourtant, il s’agit de l’un des dix-sept services du Programme de traumatisme crânio-cérébral (TCC), et il fournit des soins essentiels à des patients ayant subi un traumatisme cérébral – léger, modéré ou sévère – qui peut entraîner des séquelles psychologiques.

Dr Simon Tinawi de l’Unite de recherché TCC et Serafina Tortorici de Médecine physique et de réadaptation, Mohamad Abou Alkhir
Dr Simon Tinawi de l’Unite de recherché TCC et Serafina Tortorici de Médecine physique et de réadaptation, Mohamad Abou Alkhir

Vous n’avez qu’à en parler à Mohamad Abou Alkhir.

Le Syrien âgé de 50 ans et père de trois enfants a été agressé par deux hommes durant son quart de nuit comme gardien de sécurité. Mohamad a reçu un coup sur le front, des coups de poing et des coups de pied sur tout le corps, en plus de subir une blessure au genou après avoir été heurté par une voiture alors qu’il tentait d’échapper à ses agresseurs.

« Je pensais que j’allais mourir. Je les ai suppliés d’arrêter, mais ils ne l’ont pas fait. J’avais l’impression qu’ils voulaient me tuer », se remémore Mohamad, qui a été aiguillé vers la clinique à la suite de ses blessures. « À cause du traumatisme causé par l’incident, parfois, quand je me réveille en pleine nuit et que je sors de ma chambre, je crois qu’on est en train de m’attaquer. »

Pour le Dr Simon Tinawi, physiatre consultant du Service de médecine physique et de réadaptation, il ne faisait aucun doute que M. Abou Alkhir souffrait du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Le Canada affiche le taux le plus élevé au monde de cas de TSPT. Une personne sur trois sera touchée par la maladie mentale au cours de sa vie.

« Ce sont des symptômes graves; c’est bien plus qu’une simple commotion. Il a été menacé, battu et humilié, explique le Dr Tinawi. Sur le plan cognitif, il va beaucoup mieux, mais sur le plan psychologique, il a encore besoin d’être soutenu, traité et encouragé à poursuivre ses activités sociales. » 

Mohamad a décrit ses douleurs au Dr Tinawi, quand il l’a rencontré pour un examen de santé à l’été. Le médecin a fortement recommandé à son patient de continuer le volet psychologique de son traitement. La cicatrice sur le front de Mohamad était encore fraîche, et son genou gauche restait enflé après avoir été drainé, mais c’est son état de santé mentale qui a surtout inquiété le Dr Tinawi. Il était clair que, à long terme, l’état de santé mentale de Mohamad serait compromis si ce dernier ne recevait pas le traitement approprié.

« Mon travail consiste à écouter le patient. J’extrais l’information du dossier du patient, j’écoute son histoire, je l’examine et, surtout, je trouve le bon diagnostic et la bonne solution. Nous voulons que les patients reprennent leurs activités quotidiennes », dit le Dr Tinawi, dont la clinique accueille jusqu’à 600 patients par année. 

Les patients hospitalisés qui ont été victimes d’accidents de voiture, d’accidents de travail liés à la CSST, d’actes violents, de blessures sportives et de traumatismes sont automatiquement aiguillés vers le Programme de TCC. Peu importe la gravité de la blessure, le département souhaite aider tous ses patients à retrouver la santé. On peut mesurer la réussite du service de consultation externe de l’Hôpital général de Montréal par le fait que plus de 95 % des patients parviennent à éviter les soucis chroniques à long terme.

« Quoi qu’il arrive, les patients ont besoin qu’on leur explique bien le diagnostic et les problèmes connexes », affirme Mitra Feyz, présidente du Programme de TCC.

« Nous effectuons aussi des recherches afin de mieux comprendre les traumatismes cérébraux et leurs conséquences. »

Mohamad raconte que le côté humain du Dr Tinawi et du département continue de l’inspirer, tout en produisant des effets durant une période de fragilité. 

« En huit ans au Canada, je n’ai jamais été aussi bien traité. Ça a été incroyable, remarquable; il m’a traité comme si j’étais son propre patient, soutient Mohamad. Le temps qu’il a passé avec moi a été extraordinaire. Il m’a aidé à retrouver la confiance que j’avais perdue après mon terrible accident. »