Juin est le mois de sensibilisation aux lésions cérébrales

Eric Lindros, Sidney Crosby et Troy Aikman ont tous un point commun en plus d’être de grandes vedettes du sport : ils ont été victimes de multiples commotions qui les ont forcés à prendre leur retraite ou à s’absenter du jeu pendant de longues périodes. 

Les traumatismes cranio-cérébraux légers (TCCL), qui incluent les commotions cérébrales, font partie des troubles neurologiques les plus courants, dont l’incidence annuelle peut atteindre 600 occurrences sur 100 000 habitants au Canada.

En général, les commotions sont causées par un coup à la tête, mais elles peuvent également être provoquées par une violente secousse de la tête et du haut du corps. Elles peuvent être responsables d’une perte de connaissance, mais pas toujours. Les professionnels de la santé peuvent facilement les oublier, mais des symptômes comme les maux de tête, la difficulté à penser, les troubles de la mémoire, les déficits d’attention, les sautes d’humeur et la frustration peuvent avoir des effets dévastateurs sur la famille et la personne traumatisée. Il est donc essentiel de poser un diagnostic et de mettre en place des interventions pertinentes rapidement.

TBI team
Quelques membres de l’équipe du CUSM qui travaillent d’arrache-pied à améliorer les résultats des TCCL : de droite à gauche, Selma Greffou, le docteur Alain Ptito, Mitra Feyz, Harle Thomas, le docteur Ranjeet Singh Saluja et le docteur Simon Tinawi.
 

Au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Programme de traumatisme cranio-cérébral (TCC) tente de changer le visage des commotions. L’équipe des TCCL fait d’énormes progrès pour informer et sensibiliser les travailleurs de la santé aux symptômes de TCCL et aux interventions nécessaires lors du suivi des commotions. Entre autres, elle effectue de l’enseignement par le biais de conférences, prépare des documents écrits comme des brochures et donne des entrevues aux médias. Elle a récemment reçu une subvention du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) pour créer une série de didacticiels afin d’informer et de sensibiliser les professionnels de la santé de Montréal.

Par ailleurs, le CUSM vient également de recevoir un financement de près de trois millions de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) pour créer les premières installations de recherche du genre. Ces nouvelles installations, dirigées par des chercheurs spécialisés en neurologie, en psychologie, en ophtalmologie, en physique et en génie, deviendront un centre de recherche de pointe où il sera possible de mesurer les effets des TCCL et de mettre au point des traitements novateurs. Monsieur Alain Ptito, chercheur à l’Institut de recherche du CUSM (IR-CUSM), est détenteur de la subvention et dirigera les nouvelles installations, qui seront logées à l’Hôpital général de Montréal du CUSM (HGM-CUSM).

« Avec l’appui de la FCI, notre équipe disposera d’un système d’IRM de très haute performance qui aura plus d’applications que tout autre système d’IRM et qui nous aidera à observer la réponse du cerveau aux traumatismes avec une précision exceptionnelle. Ces connaissances nous permettront de mettre au point de nouveaux outils diagnostiques et de nouveaux traitements qui viendront en aide aux milliers de Canadiens qui souffrent de traumatismes crâniens chaque année », explique monsieur Ptito, qui est également neuropsychologue à l’Institut neurologique de Montréal et directeur du département de psychologie du CUSM.

Grâce au nouveau système d’IRM, les données seront suivies, puis transmises aux médecins traitants. Si tout va bien, la résolution beaucoup plus élevée permettra de déceler les déchirures axonales et les changements microvasculaires à partir desquels il sera possible de mettre au point des biomarqueurs sanguins pour diagnostiquer les TCCL peu après le traumatisme. 

« Nous atteindrons peut-être une précision telle que si un patient a des symptômes de commotion, nous pourrons lui faire une prise de sang et en rechercher les biomarqueurs, explique monsieur Ptito. Si les résultats sont positifs, nous pourrons le traiter sur-le-champ. Avec une intervention aussi rapide, le patient aurait beaucoup plus de chance de se rétablir vite et de reprendre une vie normale. »

Un bref repos physique et mental initial, suivi d’un retour graduel aux activités, semble le meilleur moyen de se remettre complètement d’une commotion. Il est essentiel de traiter l’insomnie et les maux de tête. De plus, si la situation l’exige, le soutien psychologique et la physiothérapie peuvent accélérer le rétablissement. « Il faut parfois procéder à une évaluation neuropsychologique pour déterminer la gravité des symptômes cognitifs et psychologiques », ajoute le docteur Simon Tinawi, consultant en physiatrie et en réadaptation pour le Programme de TCC.

La clinique externe de TCCL de l’HGM reçoit environ 450 nouveaux patients par année de toutes les régions de Montréal et d’ailleurs. Sa mission : voir les patients très tôt pour prévenir les complications et les problèmes chroniques et faciliter un retour rapide à la vie normale. Étant donné les projets en démarrage, l’équipe de TCCL devrait aider beaucoup plus de patients victimes d’une commotion ou d’un TCCL.

« Tout ce processus témoigne de l’harmonie essentielle qui doit exister entre l’enseignement, les soins cliniques, la recherche et la technologie dans le système de santé d’aujourd’hui pour obtenir les résultats optimaux pour le patient et leur famille, précise Mitra Feyz, directrice administrative du Programme de TCC au CUSM. Avec cette équation, nous espérons obtenir les résultats que nous recherchons : les bons soins au bon endroit et au bon moment. »