Semaine nationale de sensibilisation au problème de la douleur : évaluer, documenter, et traiter

Une visite à l’urgence peut être difficile pour quiconque, mais pour des patients âgés qui éprouvent de la douleur, arriver à décrire clairement ses symptômes peut s’avérer particulièrement pénible. 

Dr. Suzanne Morin, Marie-Andrée Jacques et Valérie Bassien-Capsa

Dr. Suzanne Morin, Marie-Andrée Jacques et Valérie Bassien-Capsa

Voilà qui constitue la raison d’être de l’initiative PAINFREE du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Grâce à de la formation et à de nouveaux outils, le personnel du Département de l’urgence est désormais mieux équipé pour soutenir cette population de patients lorsqu’elle s’y présente en douleur.

Le projet a été lancé suite à ce que le CUSM lui ait accordé une subvention de 150 000 $ dans le cadre du concours Q+ en 2012. Le concours Q+ une stratégie d’amélioration de la qualité au CUSM créé pour encourager l’innovation et la créativité en ce qui a trait aux soins offerts aux patients. La meneuse de cette initiative est la Dre Suzanne Morin, chercheuse clinicienne de la Division de médecine interne générale au CUSM. Le projet a exigé un important travail d’équipe et a été développé en collaboration avec les médecins et les infirmières de l’urgence, ainsi qu’avec les pharmaciens.

« Le projet PAINFREE vise à améliorer le contrôle de la douleur suivant des fractures, et à offrir aux personnes âgées un service d’urgence qui leur est adapté. L’objectif est d’améliorer la gestion de la douleur aiguë pour les personnes âgées, incluant celles qui souffrent de déficience cognitive et qui se présentent à l’urgence avec une fracture minime », explique la Dre Morin.

Aller de l’avant, générer le progrès

Il s’est passé beaucoup de choses depuis 2012, entre autres l’introduction d’une phase pilote suivant le concours Q+. Ce fut l’occasion pour l’équipe de concevoir des outils, un message et un plan d’action en discutant avec les patients, les médecins et les infirmières, avec en tête l’objectif de développer un meilleur plan d’intervention.

Grâce au succès de l’étude pilote, la Dre Morin et son équipe ont bénéficié d’une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada pour mettre en œuvre le programme dans six services d’urgence de l’île de Montréal. Les six établissements qui se sont joints au projet sont le CUSM, le Centre hospitalier de St. Mary, l’Hôpital général juif, l’Hôpital général du Lakeshore, l’Hôpital de Verdun et l’Hôpital du Sacré-Cœur.

« Nous instaurons le projet de manière graduelle, deux établissements à la fois. Il s’agit d’une initiative à multiples facettes, avec des interventions ciblant les infirmières, les médecins, les patients et l’environnement », explique la Dre Morin.

Les départements d’urgence qui sont en cours d’institution du projet sont ceux de l’Hôpital général de Montréal et de l’Hôpital Royal Victoria du CUSM, ainsi que le Centre hospitalier de St. Mary.

Le processus

Tous les professionnels de la santé travaillant aux départements de l’urgence de ces hôpitaux sont encouragés à assister à une séance de formation accréditée afin de se familiariser avec les outils développés pour pouvoir mieux évaluer, documenter et traiter la douleur au service d’urgence.

Les patients et leurs familles ne sont pas laissés pour compte. Le projet prévoit qu’ils soient bien équipés pour gérer leur douleur à la maison, une fois leur congé obtenu. Des ressources éducatives développées en collaboration avec l’Office d’éducation des patients du CUSM, tel qu’un livret d’information bilingue, sont également disponibles en ligne pour outiller les patients.

La carte PAINAD

La carte PAINAD est portée par les infirmières du service d’urgence pour les aider à évaluer le score de douleur des patients. Les observations sont basées sur la respiration, les plaintes négatives, l’expression faciale, le langage corporel et le degré de détresse des patients.

Plus de ressources pour le patient = patients plus autonomes

Comme l’explique la Dre Morin, la douleur non traitée peut causer de l’agitation, de la confusion ou de l’inconfort extrême. Il y a aussi un manque de connaissances des médicaments utilisés pour traiter la douleur. Le programme fournit de l’information aux patients sur tout ce qui entoure la médication.

« La brochure contient beaucoup d’information sur la médication et sur les mesures à prendre à la maison pour être à l’aise », dit Valérie Bassien-Capsa, coordonnatrice de recherche à l’Institut de recherche (IR) du CUSM et coordinatrice du projet PAINFREE. « Une fois rentré à la maison, le patient ne sait pas toujours quoi faire, donc ce sont de bons outils d’accompagnement pour les patients et leur famille. »

Bien que le projet soit dans sa phase initiale, il génère déjà des résultats positifs sur toute la ligne. Les infirmières sont mieux équipées pour traiter la douleur, et seront par conséquent plus efficaces.

« Pour les patients, l’intervention s’effectue plus rapidement et ils retournent donc à la maison plus vite. Plus leur douleur est gérée rapidement, moins ils éprouvent d’effets secondaires. Ce qui signifie qu’ils retrouvent leur mobilité plus rapidement », explique Marie-Andrée Jacques, infirmière éducatrice au CUSM et membre de l’équipe PAINFREE.

Et la suite?

Afin d’évaluer l’efficacité du projet, la Dre Morin et son équipe feront une collecte d’informations sur les indicateurs de gestion de la douleur. Entretemps, la planification se poursuit afin de mettre le projet en œuvre à l’Hôpital de Verdun et à l’Hôpital du Sacré-Cœur.

« Nous sommes très heureux que ce projet aille de l’avant, et nous espérons avoir un impact positif sur la qualité des soins pour les patients âgés », dit la Dre Morin.