Des patients du CUSM parmi les premiers au monde à participer à des essais de traitement individualisé par ARNm pour le cancer du poumon
À l'avant-garde des essais cliniques en médecine de précision pour le cancer, l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill teste une nouvelle technologie similaire à celle utilisée dans les vaccins à ARNm pour la COVID-19.
La pandémie de COVID-19 a entraîné des investissements massifs en recherche, permettant le développement rapide des premiers vaccins à ARN messager (ARNm). Cette technologie révolutionnaire, qui apprend aux cellules à fabriquer une protéine déclenchant une réponse immunitaire ciblée, est actuellement testée pour lutter contre le cancer du poumon - la principale cause de décès par cancer dans le monde - dans le cadre de deux essais cliniques mondiaux de phase 3.
Grâce à la mobilisation rapide et efficace des équipes du Centre de médecine innovatrice de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’Institut), au leadership du Dr Jonathan Spicer et à la collaboration de plusieurs équipes cliniques, les patients du CUSM sont les premiers au Canada, et parmi les premiers au monde, à participer à ces essais cliniques randomisés évaluant le V940 (ARNm-4157), une thérapie néoantigénique individualisée basée sur la technologie de l'ARNm et développée dans le cadre d'un partenariat entre Merck, connu sous le nom de MSD en dehors des États-Unis et du Canada, et Moderna. Ce nouveau traitement expérimental est testé en association avec une immunothérapie chez des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) - la forme la plus courante de cancer du poumon - de stade II ou III et ayant subi une intervention chirurgicale.
« Au cours des dernières semaines, nous avons été le premier site au Canada à traiter un patient inscrit à INTerpath-002 et nous avons recruté le premier patient au monde à participer à INTerpath-009 - deux essais de phase 3 contrôlés par placebo testant la thérapie néoantigénique individualisée V940 en association avec le pembrolizumab, un agent d'immunothérapie qui renforce la capacité du système immunitaire à détecter et à combattre les cellules tumorales », dit le Dr Spicer, chirurgien thoracique à l'Hôpital général de Montréal du CUSM, scientifique au sein du programme de recherche sur le cancer à L’Institut et directeur médical du Réseau d'oncologie thoracique de McGill. « Je suis optimiste quant au potentiel de cet effort, qui pourrait être transformateur pour les patients atteints d'un CPNPC résécable, étant donné son approche de séquençage individualisé et les données précises qui étayent son impact conceptuel. »
La puissance de la technologie de l'ARN messager
Précédemment, les médicaments à base d'ARNm, tels que les vaccins développés pour la COVID-19, étaient conçus pour fournir au corps les instructions nécessaires à la production d'une protéine spécifique au virus ciblé, afin que l'organisme puisse développer des anticorps pour attaquer le virus en cas d'infection.
Dans le cas du V940, la technologie est testée à des fins thérapeutiques plutôt que préventives. Après avoir été enlevée, la tumeur est analysée en laboratoire par séquençage moléculaire. L'objectif est d'identifier les mutations génétiques spécifiques à la tumeur unique du patient (ne se trouvant pas dans son ADN germinal ou personnel), ainsi que les protéines qui en dérivent, appelées néoantigènes. Cette étape permet de développer un ARNm avec des séquences spécifiques à ces néoantigènes ; le V940 ainsi obtenu est ensuite injecté au patient, en vue de permettre au système immunitaire du patient de rechercher et d'attaquer toutes les cellules cancéreuses qui pourraient encore se cacher dans différentes parties de son corps.
« Nous savons que les patients qui ont des cellules cancéreuses résiduelles dans leur spécimen de tumeur ont un risque plus élevé de récidive et nous avons un réel espoir que cette thérapie, conçue pour former et activer une réponse immunitaire antitumorale basée sur la signature mutationnelle unique de la tumeur du patient, améliorera leurs résultats », ajoute le Dr Spicer.
« Nos gènes sont constitués d'ADN. Lorsque le cancer évolue, c'est généralement en raison d'une mutation qui se produit dans l'ADN des cellules tumorales, qui sont transcrites et traduites en protéines anormales (néoantigènes), explique-t-il. L'immunothérapie aide à stimuler la capacité du système immunitaire à trouver ces cellules, mais de manière imparfaite. Nous espérons que cette nouvelle thérapie individualisée à base de néoantigènes poussera le système immunitaire à trouver et à tuer les cellules que nos scanners ne peuvent pas détecter et qui portent ces néoantigènes, où qu'elles se trouvent dans le corps. »
Diverses études, une nouvelle thérapie
Dans l'essai INTerpath-002, les patients subissent d'abord une intervention chirurgicale, suivie d'une chimiothérapie. Après avoir reçu au moins un cycle de chimiothérapie, ils sont assignés de manière aléatoire au groupe expérimental de l'essai (recevant le pembrolizumab [KEYTRUDA®] avec la thérapie néoantigénique individualisée V940) ou au groupe contrôle (recevant le pembrolizumab avec un placebo).
Les personnes inscrites à l'étude INTerpath-009, qui vient d'ouvrir, suivront un protocole légèrement différent. Elles recevront d'abord une chimiothérapie préopératoire et du pembrolizumab, avant de subir une intervention chirurgicale. Si des cellules cancéreuses sont détectées dans leur tumeur, après son retrait, ils seront aléatoirement assignés au groupe expérimental ou au groupe contrôle.
Les essais INTerpath-002 et INTerpath-009 font suite à l'essai de phase 2b KEYNOTE-942/mRNA-4157-P201, qui a testé l'association du pembrolizumab et de V940 chez des patients atteints de mélanome, avec des résultats positifs.
Conjuguer vision, travail d'équipe et leadership pour avancer
« Le fait que nous ayons pu ouvrir ces deux essais témoigne du dévouement et de la compétitivité de nos équipes au Centre de médecine innovatrice, mais aussi du travail acharné de l'équipe thoracique, qui a activement contribué au développement de l'immunothérapie périopératoire. Sans oublier l'excellente collaboration de l'équipe de recherche composée d'infirmières, de coordonnateurs et d'administrateurs dévoués et de toutes les personnes impliquées dans les soins aux patients au CUSM, y compris les pharmaciens, les oncologues et radio-oncologues, les chirurgiens, les pathologistes, les pneumologues et les infirmières », dit Penny Chipman, gestionnaire de la recherche en oncologie au Centre de médecine innovatrice de L’Institut.
Cet effort s'appuie sur des essais d'immunothérapie antérieurs dans lesquels le Dr Spicer a joué un rôle essentiel, notamment l'essai KEYNOTE-671 qui a montré, dans sa dernière analyse intermédiaire, que le pembrolizumab, utilisé en association avec la chimiothérapie avant et après la chirurgie chez les personnes atteintes d'un CPNPC opérable, prolongeait la vie des patients sans compromettre leur qualité de vie (tel que publié dans The Lancet).
« Nous sommes fiers de pouvoir donner accès à certains des traitements expérimentaux les plus avancés avant tout le monde. Plus vite nous pouvons proposer des essais cliniques à nos patients, plus vite la science progresse et plus vite les nouvelles thérapies sont approuvées par les agences gouvernementales et mises à la disposition de ceux qui en ont besoin », déclare la Dre Louise Pilote, directrice (par intérim) du Centre de médecine innovatrice, co-présidente de l'Unité d'essais cliniques - Accélération des essais cliniques et directrice adjointe de L’Institut.
Personne-ressource pour les médias
Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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