MedSécure : un pas de plus vers des prescriptions plus sûres pour les aînés
Un logiciel développé par des chercheurs du CUSM pourrait devenir une nouvelle norme de soins pour lutter contre la surprescription au Canada.
Source : CUSM, Université McGill
La déprescription, qui consiste à arrêter, réduire ou remplacer des médicaments potentiellement inappropriés, est reconnue comme un moyen prometteur de réduire les effets indésirables liés aux médicaments et de diminuer les coûts inutiles des soins de santé. Cependant, la mise en œuvre sûre et efficace de cette approche dans le domaine des soins de santé reste un défi.
Une nouvelle étude clinique menée dans des établissements de soins de longue durée et publiée dans la revue JAMA Network Open suggère que la révision des traitements médicamenteux chez les personnes âgées devrait inclure un processus de déprescription. L'étude montre également que l'utilisation de l'outil électronique d'aide à la décision MedSécure pourrait rendre ce processus plus efficace. MedSécure a été co-développé et est commercialisé sous licence par la Dre Emily McDonald et le Dr Todd Lee, tous deux médecins au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), chercheurs à l'Institut de recherche du CUSM (L'Institut) et professeurs agrégés au département de médecine de l'Université McGill.
« Au Canada, près des deux tiers des personnes âgées prennent cinq médicaments ou plus par jour, et ce chiffre est nettement plus élevé dans les établissements de soins de longue durée, dit la Dre McDonald, première auteure de l’étude. Nous attribuons parfois la perte de mémoire ou les problèmes de mobilité au vieillissement, alors que ce sont les médicaments qui en sont la véritable cause. J’ai vu des patients très peu réceptifs se remettre à avoir des conversations après l’arrêt d’un médicament sédatif. »
Lorsqu'un clinicien examine le dossier d'un patient, MedSécure signale les médicaments potentiellement inappropriés, c'est-à-dire ceux dont les effets nocifs peuvent l'emporter sur les bienfaits, qui peuvent être inefficaces ou pour lesquels il existe des alternatives plus sûres.
Dans le cadre de ce nouvel essai clinique, le logiciel a été déployé dans cinq centres de soins de longue durée au Nouveau-Brunswick et utilisé lors d’une phase d’intervention qui a suivi une phase témoin avec des examens médicamenteux standard. Grâce à MedSécure, 36 % des participants se sont vu retirer au moins un médicament potentiellement inapproprié — soit près de trois fois le taux observé sans l’outil (12,7 %). L’essai a porté sur 725 résidents, chacun prenant en moyenne 10 médicaments, dont au moins un potentiellement inapproprié.
Intégrer MedSécure aux soins courants
Dans les centres de soins de longue durée, les médicaments sont généralement révisés tous les trois mois, mais il n’existe pas de méthode standard pour la déprescription. Servant de liste de contrôle pour les cliniciens, MedSécure analyse la liste des médicaments en fonction des problèmes de santé du résident, signale ceux qui pourraient ne plus être appropriés et fournit des conseils sur la façon d’arrêter certains médicaments ou propose des alternatives plus sûres.
Éviter la « cascade médicamenteuse »

Les médicaments s’accumulent souvent au fil du temps et sont parfois prescrits pour contrer les effets secondaires d’autres médicaments, phénomène connu sous le nom de « cascade médicamenteuse ».
« Certains médicaments peuvent augmenter le risque de chutes, de confusion et d’hospitalisations, explique le Dr Lee. Plus vous en prenez, plus les risques d’interactions et d’effets indésirables sont élevés. »
L’objectif de l’équipe de recherche est d’intégrer MedSécure dans les soins primaires afin de remédier à la surmédication avant que les patients ne soient orientés vers des soins de longue durée.
« Cette approche devrait devenir une norme de prise en charge chez les personnes âgées, dit la Dre McDonald. Personne ne devrait prendre un médicament qui fait plus de mal que de bien. »
À propos de l’étude
L’article « Electronic Decision Support for Deprescribing in Older Adults Living in Long-Term Care », par Emily McDonald, Todd Lee et coll., a été publié dans la revue JAMA Network Open.
La recherche a été financée par le Projet pilote sur les aînés en santé, initiative conjointe de l’Agence de la santé publique du Canada et du gouvernement du Nouveau‑Brunswick.
Les Drs McDonald et Lee sont cofondateurs de MedSécure Corp., qui détient la licence du logiciel utilisé dans l’étude.