Zéro infection par CVC! La recette du succès à l'USI du Neuro

En décembre dernier, l’unité de soins intensifs (USI) de l’Hôpital neurologique de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (HNM-CUSM) a réalisé un exploit spectaculaire dont tous les membres de l’équipe peuvent être fiers. En effet, l’unité a obtenu la médaille d’or au programme Prudence sur toute la ligne en enregistrant zéro infection par cathéter veineux central (CVC) pendant deux ans.

« Il est extrêmement difficile d’atteindre ce niveau d’excellence,» affirme France Paquet, une conseillère en pratique clinique qui participe à l’harmonisation des pratiques relatives aux infections du sang liées aux cathéters centraux (ISLCC) au CUSM depuis 2010. « Même si 95 % des infections sont évitables, il reste toujours ces 5 % de cathéters infectés. C’est pourquoi cette réalisation de l’USI du Neuro n’est pas un accident de parcours, mais le résultat direct du travail impeccable et de la prise de conscience continue des médecins qui insèrent les cathéters et des infirmières qui s’assurent de leur propreté irréprochable. »

Rangée avant, de gauche à droite : Nedeline Pean, infirmière; Michelina Vincellli, adjointe administrative; Veronika Leatham, infirmière; Anne Mcmanus, infirmière; Siva Moonsamy, infirmier gestionnaire; Marie Claude Lessieur, infirmière; rangée arrière, de gauche à droite : Nick Boulieris, préposé aux bénéficiaires; James Greene, préposé aux bénéficiaires; France Ellyson, infirmière gestionnaire adjointe; Carole Mcinnes, infirmière; docteur Abdulrahman Alturki, postdoctorant à l’USI.
Rangée avant, de gauche à droite : Nedeline Pean, infirmière; Michelina Vincellli, adjointe administrative; Veronika Leatham, infirmière; Anne Mcmanus, infirmière; Siva Moonsamy, infirmier gestionnaire; Marie Claude Lessieur, infirmière; rangée arrière, de gauche à droite : Nick Boulieris, préposé aux bénéficiaires; James Greene, préposé aux bénéficiaires; France Ellyson, infirmière gestionnaire adjointe; Carole Mcinnes, infirmière; docteur Abdulrahman Alturki, postdoctorant à l’USI.

Les ISLCC font partie des infections d’origine hospitalière les plus mortelles et les plus coûteuses. En effet, chaque infection s’associe à un taux de mortalité de 15 % à 20 % et coûte plus de 25 000 $ pour être traitée. En 2010, le service de prévention et de contrôle des infections du CUSM a adopté un programme fondé sur des pratiques exemplaires afin de réduire radicalement le risque d’ISLCC. Depuis, de nombreuses unités des divers hôpitaux du CUSM se sont mises à participer au programme Prudence sur toute la ligne.

Les infirmières, la clé de la réussite

Les infirmières de première ligne sont la clé de la réussite du programme. Depuis le début du programme, chaque jour elles complétaient une liste d’indicateurs cliniques, une tâche généralement accomplie par des vérificateurs. Cette liste contient les détails des interventions, qu’il s’agisse du lavage des mains, du type de cathéter à retenir, de la solution et des pansements utilisés, de l’emplacement sélectionné, etc.

« Nous utilisons ces données précieuses pour calculer le taux d'infection afin de le comparer à d’autres unités de soins intensifs de neurochirurgie, explique Susan Rachel, conseillère-cadre en prévention et contrôle des infections. Les infirmières mettent également en évidence des indices cliniques d'infection tels que la fièvre, ce qui me permet de réexaminer le tableau des infections nosocomiales. »

Par-dessus tout, les infirmières doivent prendre l’habitude de toujours remettre en question la nécessité d’installer des cathéters invasifs.

De gauche à droite : Siva Moonsamy, infirmier gestionnaire; France Paquet, consultante en pratique clinique; Marianne Sofronas, infirmière; Joanne Charbonneau, éducatrice en perfectionnement professionnel; Susan Rachel, praticienne en prévention des infections.
De gauche à droite : Siva Moonsamy, infirmier gestionnaire; France Paquet, consultante en pratique clinique; Marianne Sofronas, infirmière; Joanne Charbonneau, éducatrice en perfectionnement professionnel; Susan Rachel, praticienne en prévention des infections.

« Les infirmières de l’USI aiment avoir des cathéters centraux, explique l’infirmière Marianne Sofronas. Ils facilitent l’administration de plusieurs médicaments rapidement et nous permettent de mesurer la pression veineuse centrale et de prélever du sang chez les patients ayant un accès veineux difficile. Il est toutefois important de soupeser leur utilité par rapport à leurs risques potentiels. »

Marianne et ses collègues ont compté sur l’appui total de l’infirmier gestionnaire Siva Moonsamy et de l’équipe de direction de l’USI du Neuro, qui favorisent le sentiment d’appartenance et de responsabilité.

« Il est important que l’équipe reste mobilisée et qu’elle possède tout l’équipement recommandé pour insérer et entretenir les CVC, souligne Siva. Nous encourageons également tous les membres de l’équipe à nous avertir si les directives ne sont pas respectées. »

« Notre succès reflète la culture de l’unité, affirme Marianne. Nous privilégions le partage d’information et la collaboration. Je n’hésiterais pas à parler à quelqu’un, quel que soit son poste, si je suis inquiète d’un cathéter. Après tout, nos patients ont besoin de soins intensifs. Ils sont très malades et fragiles, et donc plus vulnérables à l'infection. Dans ces circonstances, la vigilance, le travail d'équipe et les pratiques fondées sur des données probantes sont la recette du succès. »

* « Le taux d'infection de l’unité de soins intensifs a été en dessous des données repères de la National Healthcare Safety Network (NHSN) pour les USI de neurochirurgie, soit 1,3 par 1000 jours CVL pour les trois dernières années. Cela représente une amélioration soutenue de la gestion des CVC à l’USI, ce qui contribue de façon importante à la sécurité des patients. » (Source: Rapport annuel 2014-15 de contrôle des infections de l’HNM).