Des professionnels de la santé du CUSM très créatifs gagnent gros au Défi Hacking Health
Imaginez avoir une idée pratique géniale pour résoudre un problème de santé, par exemple, un jeu qui servirait à rassurer les enfants qui doivent passer un examen par IRM ou une application d'entraide pour les patients souffrant de dépression. Imaginez maintenant être dans une salle pleine à craquer de designers web talentueux, d’experts en jeux vidéo et de programmeurs astucieux désireux de vous aider à concrétiser votre idée. C’est ce qui est arrivé en novembre, lors du Design Challenge de Montréal, un événement présenté dans le cadre du Sommet de Montréal sur l'innovation.
Les finalistes du CUSM ont impressionné le public avec leurs innovations au Défi Hacking Health. (De gauche à droite : Dre Nancy Low, Dr Hans Van Lancker et Sylvia Papazian)
Le défi est organisé par Hacking Health, un groupe qui favorise la collaboration entre les cliniciens de première ligne, les travailleurs de la santé et les experts en technologie pour qu’ils trouvent des solutions innovantes et réalistes aux problèmes de santé. Mercredi soir a eu lieu la grande finale du Défi Hacking Health. Après trois semaines de travail effréné, huit équipes ont eu la chance de dévoiler leurs prototypes aux investisseurs et à plus de 200 entrepreneurs en technologie de la santé, de professionnels de la santé et de leaders de l'industrie. Quatre praticiens de la santé du CUSM étaient parmi les finalistes.
Voici ce qu'ils avaient à dire à propos du défi :
Aider les patients à bien suivre leurs traitements de la dépression
Quand elle a conçu une application pour venir en aide aux étudiants confrontés à la dépression, la La chercheuse de l’IR-CUSM, Dre Nancy Low, psychiatre au Programme des troubles de l'humeur à l'Hôpital Royal Victoria et directrice clinique du Service de santé mentale McGill souhaitait trouver une solution à un problème très concret. « Nos cliniques sont toujours surchargées, avec de longs temps d'attente », explique-t-elle. « Je voulais améliorer le service à nos patients tout en les aidant à adhérer à leurs traitements entre les rendez-vous. »
La Dre Low et son équipe ont créé « OnTrack », une application qui donne aux patients un accès en temps opportun à des directives sur trois types de traitement pour la dépression légère à modérée : le suivi de l'humeur, les médicaments et les devoirs, qui suggèrent, entre autres, des activités agréables. Bien que la combinaison de ces traitements soit très efficace, les patients ont souvent du mal à les suivre, de sorte qu'ils abandonnent leurs plans, et leur état peut même s’aggraver.
D'un point de vue commercial, l'ensemble du processus a été toute une révélation pour la Dre Low. « J’ai eu à surmonter une courbe d'apprentissage très abrupte, mais l'ensemble du processus est si intéressant, si stimulant », nous confie-t-elle. « L'application résultante est adorable et je suis étonnée de voir que nous avons déjà un prototype. L’équipe au complet s’est investie cœur et âme dans le projet, ce qui fait que le tourbillon d’activité des dernières semaines était extrêmement gratifiant. »
L'équipe du Dr Low a frappé trois coups sûrs lors de la compétition. Leur application a reçu un prix du Réseau Anges Québec et un prix de FounderFuel. En outre, lors du Sommet de Montréal sur l'innovation, son équipe a également remporté le prix « La présentation la plus susceptible de réussir » de la Banque de développement du Canada. La Dre Low et son équipe ont reçu des commentaires très positifs de la part de nombreux participants à l’événement.
« Ils m’ont dit que l'application les touchait parce qu'ils connaissaient des gens qui avaient été atteints, d'une manière ou d’une autre, par la dépression, » explique-t-elle. « Ils attendent avec impatience que l’application soit mise en ligne. »
Une mission sur la lune : utiliser des jeux de rôle pour aider les enfants à passer des examens par IRM
Le Dr Jonathan Kanevsky présente Envisionary, un système logiciel qui aide les radiologues à prédire le cancer du sein, à la grande finale du Défi Hacking Health.
« Hacking Health est une merveilleuse occasion pour les gens comme moi d’appréhender le côté commercial de l'innovation. J’ai constaté que je pouvais être chef d'équipe et idéaliste en même temps », dit Sylvia Papazian, agente administrative au Département de radiologie de l'Hôpital Royal Victoria.
Avec l'aide de son équipe d'experts, Papazian a développé une application qui aide les enfants à passer des examens d’imagerie par résonance magnétique (IRM) en étant moins stressée. « Quand mon fils avait deux ans, il a vécu une expérience traumatisante lors d'un examen IRM pour vérifier une tumeur au cerveau suspecte », explique-t-elle. « En tant que parents, nous étions si inquiets de l'issue des résultats que nous n’avions pas pensé à le préparer à l’examen, qui consiste à entrer dans un tunnel bruyant et y rester pendant 15 minutes sans bouger et sans parler! »
L'application comporte un jeu à propos d’une mission secrète sur la lune où les astronautes sont déguisées en infirmières et en médecins. Elle entraîne les enfants à s’habituer aux sons de la machine IRM et à ne pas bouger ou parler pendant l'examen. Papazian a également été très touchée par le soutien qu'elle a reçu de son ministère. « C’est agréable de voir qu'il y a de la place pour l'innovation au sein du CUSM », dit-elle.
Avant même la finale, son application, « The Children’s Empowerment Story », avait déjà attiré l'attention des cliniques pédiatriques et des entreprises d'innovation en imagerie. « Ce concours me donne l’impression de rêver », déclare Papazian. « On a déjà décidé qu’on irait de l’avant avec ce projet en équipe et nous allons tout faire pour que ça marche. »
Papazian aura de l’aide pour son projet. Elle a remporté un prix de Cossette Lab pendant le Défi ainsi que le soutien du Réseau Anges Québec.
« C’était fantastique de voir le projet reconnu par des dirigeants de l'industrie et d'être entourée de gens qui rêvent d'apporter des solutions de qualité en soins de santé à la belle ville de Montréal! »
Un organiseur électronique ingénieux pour le journal de bord des médecins résidents
En tant que chirurgien orthopédiste opérant dans six hôpitaux différents, le Dr Hans Van Lancker sait combien il est difficile de tenir le journal de bord des cas auxquels il a participé bien organisé. « Il est de notre responsabilité de conserver nos journaux de bord personnels, dit-il. Cette information est exigée par les établissements de santé et les organismes gouvernementaux, mais il n’existe actuellement aucun système normalisé pour la saisie et le stockage de ces données, de sorte qu'elles sont éparpillées sur des bouts de papier ou dans des documents Excel. »
Le Dr Van Lancker et son équipe de designers et de programmeurs ont créé Pearl, une application qui encourage les médecins à organiser, de façon claire et concise, les données sur les études de cas de leurs patients. « Même si ces dossiers ne contiennent aucune information qui pourrait identifier un patient, ils doivent être sécurisés. Un avantage supplémentaire de Pearl est la possibilité de protéger l’information par mot de passe. »
Pearl a attiré l’attention de nombreux investisseurs. Le Dr Van Lancker est convaincu qu’elle sera adoptée et utilisée sur une base quotidienne. « Notre application est conçue spécifiquement pour les médecins », dit-il. « Elle apporte une efficacité et une sécurité essentielles dans notre domaine. »
Utiliser l'intelligence artificielle pour prédire le cancer du sein « invisible »
Il y a moins d'un an, le Dr Jonathan Kanevsky, résident chirurgien plastique à l'Hôpital général de Montréal du CUSM, a eu l'idée d'appliquer les principes de l'apprentissage automatique au dépistage précoce du cancer du sein. Avec l'aide de mathématiciens et de programmeurs, il a créé Envisionary, un système logiciel qui aide les radiologues à prévenir les erreurs de diagnostic et à prédire le cancer du sein.
« L’intelligence artificielle est déjà utilisée dans de nombreux contextes dans nos vies de tous les jours », explique-t-il. « Notre boîte de courriels, par exemple, dispose d'un filtre antipourriel doté d’un algorithme formé à détecter des mots et des modèles ressemblants à du pourriel. Cette même idée peut être appliquée à des séries d'images dans les mammographies ».
Selon le Dr Kanevsky, les modèles qui conduisent au cancer du sein ne sont pas toujours perceptibles à l'œil nu.
« J’ai déjà eu une patiente ayant passé une mammographie avec succès. Or, un an plus tard sa mammographie montrait un diagnostic de maladie étendue », dit-il. « Quelque chose s’était produit dans l'année qui n’avait pas pu être détecté. »
L’un des gagnants du Défi Hacking Health, Envisionary a attiré l'attention de l’accélérateur de startups FounderFuel.
« Mener ce projet jusqu’au bout est un défi de taille. Les principes fondateurs ont été définis. J’espère que nous allons élaborer une équipe solide qui pourra concrétiser cette idée », explique le Dr Kanevsky, qui est heureux de constater qu’il existe à Montréal une infrastructure pour soutenir l'innovation technologique dans les soins de santé.