Des scientifiques aux idées audacieuses avec un grand impact
On estime à un million le nombre d'enfants développant la tuberculose (TB) et à 210 000 le nombre d'enfants qui en meurent chaque année – des chiffres alarmants qui ont incité une équipe de scientifiques de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et de l’Université McGill à agir pour faire reculer la maladie.
Le Dr Madhukar Pai, directeur adjoint du Centre international de la tuberculose McGill hébergé par l'IR-CUSM et l'Université McGill, ainsi que son équipe ont obtenu une subvention de 100 000 $ de Grands Défis Canada pour leurs travaux novateurs en vue d'améliorer le diagnostic de la tuberculose chez les enfants de moins de 15 ans.
Le projet a été désigné par Grands Défis Canada comme l’une des 20 idées canadiennes susceptibles d'avoir le plus grand impact sur la santé des mères et des enfants dans les pays en développement.
« Le dépistage de la tuberculose chez les enfants est compliqué et nous devons mettre au point de meilleurs outils pour protéger cette population vulnérable », explique le Dr Pai, chercheur au sein du Programme des maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l'IR-CUSM et directeur des Programmes de santé mondiale de l'Université McGill. « Nous sommes reconnaissants envers le gouvernement du Canada de nous soutenir dans la lutte contre la tuberculose à l'échelle mondiale. Cette maladie infectieuse est celle qui fait le plus de victimes dans le monde de nos jours, et nous avons besoin d'approches et d'outils innovants pour enrayer l'épidémie. »
L'équipe du Dr Pai, qui avait déjà bénéficié d'une subvention de Grands Défis Canada pour son projet faisant appel à des patients mystères afin d’évaluer la qualité des traitements contre la tuberculose, a obtenu ce nouveau financement pour la validation de biomarqueurs qui permettront de diagnostiquer la maladie chez les enfants.
« L'atout majeur de cette technique est qu'elle pourrait conduire au développement d'un outil de diagnostic reposant sur l'analyse, non pas des expectorations, mais des prélèvements sanguins, qui sont bien plus accessibles », précise le Dr Toyin Togun, responsable du projet et titulaire d'une bourse postdoctorale en santé mondiale Steinberg depuis 2016 au sein du département d'épidémiologie et de biostatistique de l'Université McGill. « En outre, compte tenu de leurs caractéristiques, les biomarqueurs devraient pouvoir éviter le recours systématique à des laboratoires hautement spécialisés, d'où la possibilité de poser un diagnostic précis plus facilement ».
Les enfants n'ont habituellement pas la force de produire des expectorations susceptibles de constituer un échantillon valable. Même s'ils y parviennent et s'ils présentent les symptômes de la tuberculose, il est fréquent que les échantillons ressortent négatifs à l’aide des outils diagnostiques actuels.
Les radiographies thoraciques ne sont pas toujours fiables non plus, limitant le diagnostic de la tuberculose infantile à des présomptions basées sur une combinaison de symptômes et de signes incertains.
« En l’état actuel des choses, le diagnostic de la maladie chez les enfants est un véritable défi, affirme le Dr Togun, c'est pourquoi nous avons décidé de nous tourner vers ce domaine de recherche, et d'après les résultats préliminaires, la combinaison de marqueurs que nous avons mise au point devrait conduire à une détection très précise de la tuberculose ».
Le Dr Togun partage son temps entre Montréal et le centre de développement du projet qui se trouve en Afrique de l'Ouest (plus précisément en Gambie et au Malawi) au sein de l'unité du Conseil de la recherche médicale britannique en Gambie (MRCG). Environ 75 pour cent des cas de tuberculose infantile surviennent dans les 30 pays les plus touchés par la maladie, dont la plupart se trouvent en Afrique subsaharienne.
« Le Centre international de la tuberculose McGill est réputé pour ses recherches interdisciplinaires. Les chercheurs de McGill et de l’IR-CUSM sont également connus pour leurs recherches en matière de mise en œuvre (implementation research) dans les pays où la prévalence de la tuberculose est élevée, ainsi que pour leur contribution aux politiques de l'Organisation mondiale de la Santé et d'autres organisations internationales, selon le Dr Togun. Formation, mentorat, capacités techniques et services de soutien... McGill avec son réseau étendu de facultés, écoles, hôpitaux et instituts de recherche est experte en la matière ».
En savoir plus sur ce projet : http://www.grandchallenges.ca/fr-ca/grantee-stars/1706-03538/