Toujours actif après 60 ans
Il y a quarante ans, le Dr Irv Binik entamait sa carrière de sexologue. Son diplôme en main, il a commencé à voir des couples qui avaient divers problèmes, allant de la dysfonction érectile à l’absence de désir. Couple après couple, il s’est trouvé un créneau. Il était fier de l'expertise qu'il développait et de l’aide qu’il apportait aux hommes et aux femmes qui venaient consulter.
Garder sa vigueur en vieillissant
L’exercice régulier accroît la production de testostérone. Il faut donc rester en forme, mais évitez le surentraînement, qui peut susciter de la fatigue et nuire à la capacité d’avoir une érection.
Mangez bien et maintenez un poids santé.
Si vous êtes diabétique, contrôlez votre taux de sucre et votre poids.
Avec le vieillissement, la stimulation physique (le toucher) favorise davantage l’érection que la stimulation visuelle, olfactive et mentale.
Des médicaments comme le Viagra, le Cialis, le Levitra, les injections et les gels péniens sont offerts sur ordonnance. Il est également possible d’opter pour un implant si aucun traitement médical ne fonctionne.
« Puis c’est arrivé », explique le Dr Binik, psychologue et directeur du service de thérapie sexuelle et de couple du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Il y a une quinzaine d’années, j’ai regardé qui étaient les patients sur ma liste de consultation et j’ai vu leur âge : 81 et 83 ans. Je n’avais jamais eu de couple aussi âgé en thérapie auparavant. »
« Ça dépasse largement mon expérience », s'est-il dit, mais a décidé d’aller de l’avant comme il le faisait avec les autres couples de la mi-vingtaine à la quarantaine qu’il conseillait habituellement. Il a débuté la conversation en demandant : « Expliquez-moi ce qui vous amène ici? » La réponse l’a stupéfié : « Nous avons moins de relations sexuelles qu’avant. »
« Quand j’y repense, je peux dire que c’est un reflet du changement que vivait la société; c’est-à-dire que les personnes de plus de 60 ans peuvent avoir et ont des relations sexuelles. La notion selon laquelle le sexe était réservé aux jeunes était remise en question », se rappelle Dr Binik, qui associe ce changement et cette ouverture aux images « romantiques » de personnes plus âgées véhiculées par les médias et, bien sûr, à l’arrivée du Viagra.
« Ce couple, en forme et en bonne santé, s’inquiétait simplement de la fréquence de ses relations », ajoute-t-il. « J'ai fini par leur donner le même type de conseils qu’à n’importe quel autre couple, et c’est ce que j’ai continué à faire jusqu’à aujourd'hui. »
Dr Binik
Selon le Dr Binik, les plus grandes différences entre les jeunes et les aînés ont trait à la santé, aux attentes et aux conditions de vie. En tant qu’expert en sexologie, il étudie l’aspect psychologique des relations sexuelles. Pour les problèmes physiques, il s’associe à des médecins spécialistes.
Sur le plan physique, les femmes âgées peuvent éprouver des douleurs pendant les relations sexuelles, en raison d’une lubrification insuffisante après la ménopause ou d’une réduction des sensations parfois causée par des troubles neurologiques. Chez les hommes, la dysfonction érectile est le principal problème, souvent causée par des comorbidités comme le diabète, les maladies cardiaques, les troubles de la prostate, l’obésité et la diminution graduelle de la testostérone et de la rigidité du pénis.
Dr Carrier« La dysfonction érectile reflète souvent la santé globale du patient », explique le Dr Serge Carrier, urologue au CUSM. « En théorie, un octogénaire en santé pourra avoir des érections sans problème, et même plus tard. Toutefois, la plupart des hommes vont rencontrer des obstacles en vieillissant. »
Lorsque le Dr Binik conseille ses patients, il examine l’individu dans son ensemble. Il explore souvent la question de la fréquence des rapports sexuels et étudie son importance pour le couple. Il souligne qu’il n’y a pas de nombre acceptable. « La satisfaction est subjective », affirme-t-il. « Et les relations sexuelles ne se limitent pas à l’érection. Je leur rappelle que le plaisir vient sous diverses formes. Même si la pénétration n’est pas aussi fréquente qu’à 35 ans, ils peuvent tout de même avoir du plaisir. »
De nos jours, il n’est pas rare que le Dr Binik voit des couples de plus de 75 ans. « Si la satisfaction sexuelle est importante pour la relation, précise-t-il, ils doivent savoir qu’ils peuvent demander de l’aide. Ce n’est pas parce qu’ils vieillissent que leur vie sexuelle doit disparaître. »