Les médicaments contre l'arthrite potentiellement sans danger pour les femmes enceintes

Une nouvelle étude, dirigée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) à Montréal, révèle que les femmes enceintes peuvent prendre certains médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde, sans pour autant augmenter de façon marquée les risques pour la santé de l’enfant à naître. Les résultats de l’étude sont publiés aujourd’hui dans le journal Arthritis & Rheumatology.

Dre Évelyne Vinet

Dre Évelyne Vinet

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie débilitante ayant des répercussions physiques, émotionnelles et économiques; elle affecte environ un pour cent de la population mondiale adulte. Cette maladie auto-immune, qui entraîne l’inflammation chronique des articulations et d’autres parties du corps, touche deux ou trois fois plus de femmes que d’hommes. Il n’existe aucun traitement curatif pour la polyarthrite rhumatoïde.

La Dre Évelyne Vinet et son équipe du Centre de recherche évaluative en santé de l’IR‑CUSM ont analysé l’état de santé des enfants de mères atteintes de polyarthrite rhumatoïde exposés aux inhibiteurs des facteurs de nécrose tumorale (FNT)  ̶  médicament immunosuppresseur contre la polyarthrite rhumatoïde couramment utilisé pour réduire l’inflammation et pour soulager la douleur. Ils n’ont constaté chez ces enfants aucun risque marqué de subir des effets secondaires graves, comparativement aux enfants de mères ayant la polyarthrite rhumatoïde et aux enfants de la population générale n’ayant pas été exposés à ce médicament.

Les recherches de l’équipe ont démontré que, bien que les FNT traversent le placenta, il est possible que ce médicament n’augmente pas le taux d’immunosuppression ni qu’il ne compromette la capacité de l’enfant à combattre les infections.

« Il sera très rassurant pour les femmes enceintes de savoir qu’il n’existe pas nécessairement de lien entre les infections et les médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde, comme les inhibiteurs des facteurs de nécrose tumorale », explique l’auteure principale de l’étude, la Dre Vinet, scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale (MIISM) à l’IR-CUSM et professeure adjointe au Département de médecine, Divisions de rhumatologie et d’épidémiologie clinique, de la Faculté de médecine de l’Université McGill. Et d’ajouter « il est important de faire connaître ces conclusions, de manière à ce que les femmes désirant avoir des enfants comprennent qu’elles peuvent vivre une grossesse normale sans avoir à subir un stress inutile. »

L’équipe de la Dre Vinet a étudié, pendant leur première année dès la naissance, le cas de près de 3 000 enfants nés de mères atteintes de polyarthrite rhumatoïde ainsi qu’un groupe d’environ 15 000 enfants choisis au hasard.

Dans le groupe d’enfants nés de mères souffrant de  polyarthrite rhumatoïde, 380 enfants avaient été exposés aux inhibiteurs de FNT, et 3,2 % d’entre eux présentaient des infections graves. Ce nombre n’est que légèrement supérieur à celui des enfants nés de mères atteintes de polyarthrite rhumatoïde n’ayant pas été exposés aux inhibiteurs de FNT (2 %) et à celui du groupe témoin (1,9 %).

« Toutefois, ajoute la Dre Vinet, jusqu’à ce que de nouvelles études soient menées pour clarifier l’enjeu lié aux inhibiteurs de FNT, il est important de suivre les recommandations actuelles lorsque l’on traite pendant leur grossesse des femmes enceintes atteintes de polyarthrite rhumatoïde. »

 

Au sujet de l’étude

L’étude  Serious infections in rheumatoid arthritis offspring exposed to tumour necrosis factor α inhibitors  a été co-écrite par Evelyne Vinet MD, PhD 1,2, Cristiano De Moura, PhD2, Christian A Pineau, MD 1, Michal Abrahamowicz, PhD 1, Jeffrey R. Curtis, MD, MS, MPH 3, Sasha Bernatsky, MD, PhD 1,2. 1 McGill University Health Center, Montreal, QC, H4A 3J1, Canada; 2 McGill University, Montreal, QC, H3A 0G4, Canada, 3 University of Alabama at Birmingham, Birmingham, AL, 35294, United States. DOI: 10.1002/art.40536.

Ces travaux de recherche ont été rendus possibles grâce au soutien financier du département de médecine du CUSM. La Dre Évelyne Vinet est financée par le Fonds de Recherche du Québec Santé (FRQS) en tant que Chercheuse-boursière clinicienne—Junior 1.

 

À propos de l’Institut de recherche du CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).www.ircusm.ca

 

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