À la fine pointe des traitements de la fibrillation auriculaire
Toujours à l’affût des dernières avancées en électrophysiologie, les équipes cliniques du CUSM collaborent étroitement avec les équipes de recherche de l’IR-CUSM pour offrir aux patients les traitements les plus novateurs.
La fibrillation auriculaire est une affection qui fait battre les cavités supérieures du cœur (appelées oreillettes) de façon irrégulière et inefficace. Ce trouble cardiaque, parmi les plus courants, touche plus de 60 millions de personnes à travers le monde. Il constitue un fardeau à la fois pour les patients et pour le système de santé, puisqu’il accroît le risque d’insuffisance cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de décès, et qu’il peut s’aggraver avec le temps.
Si les médicaments antiarythmiques facilitent souvent le contrôle de la fibrillation auriculaire, environ la moitié des patients nécessite une intervention chirurgicale peu invasive pour freiner les pulsions électriques qui sont à l’origine des irrégularités cardiaques. Comme ces interventions évoluent au gré des progrès technologiques, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est devenu l’un des principaux acteurs au Canada en matière d’expérimentation des techniques de pointe pour traiter la fibrillation auriculaire.
« Les équipes de cardiologie du CUSM sont dévouées à recueillir des preuves cliniques sur les options complémentaires à la pharmacothérapie. Travaillant conjointement avec les équipes de recherche de l’IR-CUSM et des partenaires de l’industrie, nos équipes évaluent les plus récentes et prometteuses techniques d’ablation minimalement invasives pour améliorer la santé des patients. Ce qui se fait ici est inédit au Canada », explique le Dr Atul Verma, directeur de la Division de cardiologie du CUSM et chercheur au sein du Programme de recherche en santé cardiovasculaire au long de la vie (SCLV) à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM).
Un domaine en plein essor
Au cours des vingt dernières années, on a eu recours aux techniques d’ablation par cathéter pour améliorer le traitement de la fibrillation auriculaire. Ces techniques consistent à insérer de minuscules instruments dans le cœur par une veine ou une artère pour appliquer de la chaleur ou du froid intense là où l’arythmie a lieu. Les petites cicatrices qui sont créées dans le tissu cardiaque interrompent les signaux électriques anormaux causant l’arythmie. Ces dernières années, cependant, des techniques d’intervention novatrices ont fait leur apparition.
« Bien qu’elle soit efficace, l’ablation par cathéter peut entrainer des complications. C’est pourquoi nous évaluons actuellement de nouvelles technologies d’ablation dans notre laboratoire translationnel. Certaines sont proposées à nos patients dans le cadre d’essais cliniques, par exemple l’ablation par champ pulsé, la cryoablation à très basse température et l’ablation à l’aiguille », explique le Dr Verma, un cardiologue et électrophysiologiste cardiaque (c’est-à-dire un spécialiste des troubles du rythme cardiaque) reconnu mondialement.
« La participation des patients à ces essais est déterminante pour faire progresser les technologies biomédicales, et elle leur permet de profiter des dernières avancées dans le domaine », ajoute le Dr Vidal Essebag, directeur du service d’électrophysiologie cardiaque du CUSM et scientifique senior au sein du programme SCLV à l’IR-CUSM.
Des champs électriques pulsés plutôt que de la chaleur
Récemment, le Dr Verma a été le directeur d’une étude clinique multicentrique mondiale visant à évaluer la sécurité et l’efficacité du système PulseSelectTM d’ablation par champ pulsé (PFA, pour pulsed field ablation) de Medtronic. En lieu de l’énergie thermique, sa technologie émet des champs électriques pulsés pour interrompre les signaux électriques irréguliers responsables de la fibrillation auriculaire. En ciblant le tissu cardiaque concerné, cette technique évite de blesser les tissus environnants.
Menée sur 41 sites à travers neuf pays (États-Unis, Canada, Australie, Autriche, Belgique, France, Japon, Pays-Bas et Espagne), l’étude a porté sur 300 patients qui continuaient à souffrir de fibrillation auriculaire même s’ils prenaient des médicaments antiarythmiques, et qui ont été traités avec le système PFA. Plus de la moitié d’entre eux n’ont subi aucun épisode de fibrillation auriculaire dans l’année qui a suivi l’intervention. Les résultats de l’essai, publiés en mars 2023 dans la prestigieuse revue Circulation[i], démontrent que la nouvelle technologie est aussi efficace que les technologies standard d’ablation par cathéter, avec un taux d’effets indésirables minime (0,7 %), soit l’un des plus bas jamais observés lors d’essais similaires.
« Nous avons fait non seulement la preuve que cette procédure est d’une efficacité équivalente, mais qu’elle est plus rapide et plus sécuritaire que l’ablation thermique », déclare le Dr Verma, qui est également professeur agrégé de médecine à l’Université McGill. « Les résultats de cet essai pourraient changer la façon dont les équipes d’électrophysiologie soignent la fibrillation auriculaire à travers le monde. »
Par ailleurs, le 15 mai dernier, les équipes du CUSM ont procédé avec succès aux deux premières procédures d’ablation par champ pulsé au Canada réalisées au moyen de la nouvelle technologie Farapulse de Boston Scientific - une technologie qui diffère légèrement de la précédente, mais qui fonctionne sur le même principe.
« Il est trop tôt pour se prononcer sur les résultats à long terme, mais les patients se portent très bien jusqu’à présent », déclare le Dr Verma.
Une collaboration essentielle entre les équipes cliniques et de recherche
Si les patients du CUSM peuvent bénéficier de ces technologies innovantes et d’une meilleure qualité de vie, c’est grâce à l’expertise et à la collaboration exceptionnelles du personnel d’électrophysiologie du CUSM et de l’IR-CUSM.
« Nous avons à cœur au CUSM d’offrir à nos patients des soins et des services de la plus haute qualité. Donner l’accès aux nouvelles technologies dans notre laboratoire d’électrophysiologie illustre à merveille à quel point nos équipes de cardiologie interventionnelle sont à l’avant-garde des services de soins cardiaques », indique Lucy Wardell, directrice associée des soins infirmiers de la Mission médicale du CUSM.
« Je suis très fier de notre équipe et de ce que nous accomplissons pour nos patients », Steeve Gaudreault, qui était jusqu'à récemment l'infirmier gestionnaire intérimaire en cardiologie interventionnelle au CUSM, responsable du laboratoire de cathétérisme et du programme d'électrophysiologie. « Le laboratoire d’électrophysiologie est un environnement complexe. La coopération au sein de l’équipe d’infirmières, de technologues en radiation médicale, d’anesthésistes et de techniciens respiratoires est essentielle pour dispenser des soins axés sur le patient. Jamais le laboratoire ne connaitrait de succès sans chacune de ces personnes. »
« Je suis ravi que notre équipe de recherche en électrophysiologie, dirigée par Fiorella Rafti, puisse collaborer étroitement avec notre équipe clinique d'électrophysiologie et nos boursiers internationaux supervisés par le Dr Martin Bernier. Je tiens également à souligner la grande contribution de Steve Gaudreault et de Stacey Mooney, infirmière gestionnaire adjointe. Ensemble, nous offrons aux patients une qualité de soins de premier ordre, grâce aux recherches et aux technologies les plus récentes », souligne le Dr Essebag.
[1]À propos de la publication
Verma A, Haines DE, Boersma LV, Sood N, Natale A, Marchlinski FE, Calkins H, Sanders P, Packer DL, Kuck KH, Hindricks G, Onal B, Cerkvenik J, Tada H, DeLurgio DB; PULSED AF Investigators. Pulsed Field Ablation for the Treatment of Atrial Fibrillation: PULSED AF Pivotal Trial. Circulation. 2023 May 9; 147(19):1422-1432.