Une étude internationale offre une nouvelle piste pour réduire les ponctions lombaires chez les jeunes nourrissons qui font de la fièvre

De nouvelles données issues d'une étude menée dans six pays par l'Hôpital de Montréal pour enfants et le Children's National Hospital montrent que de simples analyses de sang et d'urine pourraient éviter à de nombreux jeunes nourrissons qui font de la fièvre de subir des procédures plus invasives.

Une simple combinaison de tests sanguins et urinaires pourrait permettre à de nombreux nourrissons qui font de la fièvre (fébrile) d'éviter en toute sécurité les ponctions lombaires, selon les nouvelles conclusions d'une importante étude internationale publiée aujourd'hui dans JAMA. Les résultats montrent que ces tests non invasifs permettent d'identifier de manière fiable les nourrissons fiévreux âgés de 28 jours ou moins qui présentent un risque très faible d'infections bactériennes invasives.

Brett Burstein

« Depuis plus de 40 ans, les chercheurs en pédiatrie tentent de déterminer comment réduire en toute sécurité le nombre de tests effectués chez les nourrissons fébriles au cours du premier mois de vie sans passer à côté d'infections rares, mais dangereuses », déclare le Dr Brett Burstein, premier auteur de l'étude et urgentologue pédiatrique à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Les nourrissons âgés de moins de 28 jours qui font de la fièvre font systématiquement l'objet d'une évaluation visant à détecter des infections bactériennes invasives telles que la méningite bactérienne, car leurs premiers symptômes peuvent être subtils. La plupart des hôpitaux procèdent automatiquement à un bilan infectieux complet, y compris une ponction lombaire, puis administrent des antibiotiques par voie intraveineuse, même lorsque le nourrisson semble en bonne santé.

« La fièvre au cours du premier mois de vie est l'une des situations les plus graves auxquelles nous sommes confrontés en pédiatrie », indique le Dr Nathan Kuppermann, auteur principal de l'étude, directeur académique au Children's National, urgentologue pédiatrique et directeur du Children's National Research Institute. « L'étude de ces infections rares a vraiment nécessité une collaboration internationale. Nos résultats montrent que nous pouvons désormais utiliser une règle validée et fondée sur des données probantes pour identifier bon nombre de ces jeunes nourrissons fébriles qui risquent peu d'être atteints de méningite bactérienne, ce qui peut aider les familles à prendre des décisions plus personnalisées. »

« Notre analyse a porté sur plus de 2 500 nourrissons atteints de fièvre dans plusieurs pays et a utilisé trois tests de laboratoire largement disponibles, sans ponction lombaire, réalisés avec une excellente précision diagnostique pour exclure les infections bactériennes invasives. Il est important de noter que le fait de ne manquer aucun cas de méningite bactérienne parmi un si grand nombre de nourrissons fébriles au cours du premier mois de leur vie constitue une référence essentielle dans ce domaine de recherche », a ajouté le Dr Burstein, également chercheur au sein du Programme en santé de l’enfant et développement humain de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. « Ces résultats fournissent le niveau de preuve dont les cliniciens ont besoin pour envisager cette approche en toute confiance. »

L'étude a évalué la performance d'une règle de prédiction actualisée pour les nourrissons fébriles du Pediatric Emergency Care Applied Research Network (PECARN), une étude dans laquelle le Dr Kuppermann a joué le rôle de chercheur principal. Fondée sur des données probantes, la règle PECARN mise à jour permet d’identifier les jeunes nourrissons fébriles pour lesquels une approche moins invasive peut être appropriée.

La règle PECARN classe un nourrisson fébrile comme présentant un faible risque si trois critères sont remplis : l'analyse d'urine est négative, le taux sérique de procalcitonine est égal ou inférieur à 0,5 ng/mL et le nombre absolu de neutrophiles est égal ou inférieur à 4 000 par mm³. La règle ne nécessite pas de ponction lombaire pour déterminer le risque et s'appuie uniquement sur des analyses de sang et d'urine couramment utilisées dans les services d'urgence du monde entier.

Parmi 2 531 nourrissons issus de quatre cohortes internationales et des deux cohortes américaines à partir desquelles la règle PECARN a été initialement élaborée, la règle a démontré une sensibilité de 94,8 % et une valeur prédictive négative de 99,6 % pour exclure toutes les infections bactériennes invasives. Plus important encore, aucun des 22 cas de méningite bactérienne n'a été manqué parmi les nourrissons classés à faible risque.
 
Les familles qui ont des questions sur la manière dont la fièvre est évaluée chez les jeunes nourrissons doivent s'adresser à leur médecin. Les décisions cliniques concernant les nourrissons âgés de 28 jours ou moins restent individuelles et doivent être guidées par des experts en pédiatrie.
 


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