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Pénurie mondiale des masques N95 : trouver une solution chez nous

À l’instar de la plupart des établissements de soins dans le monde, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a fait face à une grave pénurie de masques N95 en raison de la pandémie de la COVID-19. Partout au CUSM, des gens ont uni leurs efforts et, comme des champions, ils ont trouvé une solution sûre à la baisse des stocks.

Vers le début d’avril, l’équipe de retraitement des dispositifs médicaux (RDM), soutenue par les équipes de prévention des infections, de soins infirmiers, de génie biomédical et de vérification de l’ajustement, a commencé à réfléchir à des façons de traiter les masques N95. L’équipe RDM est responsable de la stérilisation et de la désinfection de tous les instruments médicaux réutilisables. Par un rigoureux processus de nettoyage impliquant un prélavage et une inspection manuels des instruments, des produits chimiques de qualité médicale, des équipements industriels et une désinfection, l’équipe de RDM traite les instruments délicats et complexes utilisés dans les salles d’opération, les cliniques et les unités.

Dans la recherche d'une solution au problème des N95, l'équipe a effectué une série de tests et d'essais en suivant les directives de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Vers la troisième semaine d’avril, après une batterie de tests, et avec l’approbation de Santé Canada, la désinfection des masques a été faite au moyen d’un appareil de décontamination par vapeur de peroxyde d’hydrogène appelé Bioquell. L’appareil Bioquell nettoie entre 500 et 750 masques par cycle de quatre heures.

« Il faut sept jours pour obtenir les résultats finaux, mais les masques peuvent être désinfectés cinq fois ou plus et portés au moins six fois, et nous pouvons rendre un grand volume de masques désinfectés aux utilisateurs », explique Kiki Theofilis, responsable des opérations RDM au CUSM. »

Prochains défis : héberger l’appareil Bioquell et tracer des milliers de masques

Ensuite, les équipes ont dû trouver un nouvel espace pour le Bioquell, qui a été aimablement prêté par l'Institut de recherche du CUSM où il y était logé. « Plus le nombre de masques à désinfecter augmentait, plus le besoin d’espace augmentait », rapporte Laura Rodriguez, directrice de projet au CUSM, qui s’occupait du projet de réaménagement de l’Hôpital de Lachine avant de gérer le retraitement des masques N95. Avec l’aide de Carlos Noriega, spécialiste en équipement biomédical, l’équipe a aménagé une nouvelle salle pour loger le Bioquell. « Il existe des spécifications très précises pour la construction de la salle devant accueillir l’appareil Bioquell, et c’est là que l’expertise de Carlos a été déterminante », dit-elle.

Le traitement de milliers de masques et leur restitution à la bonne personne dans la bonne unité nécessitaient un plan. Laura a travaillé avec Kim Tanguay, une consultante en pratique infirmière qui connaît parfaitement les unités, pour s'assurer que les masques étaient recueillis, désinfectés et remis au bon utilisateur.

Ce ne fut pas une mince affaire, sachant que chaque professionnel de la santé qui a besoin d’un masque N95 en utilise en moyenne six par quart de travail, ce qui fait des centaines de masques par jour. (Voir ci-dessous : SIDEBAR, le système de traçage)

« Nous avons mis en place un système de traçage avec des étiquettes à code de couleur, et des espaces de stockage spécialement conçus pour les centaines de boîtes et de bacs contenant les masques souillés et les masques nettoyés », explique Kim.

Il était essentiel que le tri et le transport soient bien en place pour que le processus fonctionne correctement. « L’équipe de transport joue un rôle clé dans le déplacement des masques tout au long du processus, depuis leur départ des unités jusqu’à leur retour, précise Kim. Tout comme l’équipe de l’imprimerie du CUSM sous le leadership d’Abel De Andrade, qui a été réaffectée pour trier et organiser le retour des masques nettoyés à leur propriétaire d’origine », ajoute-t-elle.     

Le système fonctionne si bien que jusqu’à la deuxième semaine de juin, l’équipe a pu désinfecter 9000 masques !

« Ce qui rend ce projet si unique c’est la diversité des équipes et des spécialistes qui ont collaboré pour trouver une solution », souligne Laura. Et pour cette raison, les gens nommés ci-après doivent être reconnus comme des champions dans la recherche d’une solution au problème critique de pénurie de masques N95 : Dr Charles Frenette, Michel Picard, Connie Patterson, Ramona Rodriguez, Michel Jacques, Dac Hieng-Vuong, Erlinda Aracena, Abel De Andrade, Martine Gauthier, Ian Bélanger, John Théo, Dimitrios Mavrakis, Lauriane Descoteaux et William Johns.

Kheireddine Bouadjemi, responsable des services de transport, et Carlos Noriega, spécialiste en équipement biomédical
Kheireddine Bouadjemi, responsable des services de transport, et Carlos Noriega, spécialiste en équipement biomédical