Une équipe de chercheurs de l’IR-CUSM découvre un nouveau mécanisme de l’inflammation agissant dans la dystrophie musculaire
Une nouvelle étude révèle comment les signaux envoyés vers la moelle osseuse à partir des muscles endommagés peuvent induire des changements durables dans les cellules immunitaires qui exacerbent l’inflammation néfaste
SOURCE : IR-CUSM.
Selon une étude publiée aujourd’hui dans Nature Communications, les travaux de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR‑CUSM) pourraient mener à l’adoption de nouvelles approches dans le traitement de la dystrophie musculaire de Duchenne. Cette maladie génétique dévastatrice et mortelle affecte les muscles respiratoires des enfants et des jeunes adultes qui en sont atteints. Cette nouvelle étude révèle comment les signaux qu’envoient les muscles endommagés à la moelle osseuse peuvent induire des changements durables dans les cellules immunitaires exacerbant l’inflammation néfaste.
Basil Petrof, M.D., scientifique senior aux laboratoires Meakins-Christie et au sein du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires à l’IR-CUSM, a dirigé l’étude susmentionnée. Son équipe avait pour objectif de déterminer si les macrophages, le type de cellules immunitaires dominantes présentes dans les muscles atteints par la maladie, subissent une forme de reprogrammation cellulaire, connue sous l’expression d’immunité adaptative, où les cellules sont en quelque sorte « éduquées ». « L’immunité adaptative permet au système immunitaire inné, qui constitue la première ligne de défense contre les infections, d’acquérir un type de “mémoire” des infections antérieures et de déclencher une réaction inflammatoire plus vigoureuse, déclare le Dr Petrof. Cette forme d’immunité est généralement très utile, car elle permet de gagner du temps jusqu’à ce que le système immunitaire adaptatif entre en jeu. »
Le Dr Petrof fait une mise en garde quant au fait que cette réaction inflammatoire pourrait être contre-productive dans le cas de phénomènes inflammatoires de source non infectieuse. Par exemple, la réaction inflammatoire exagérée joue un rôle important dans l’aggravation de la dystrophie musculaire, mais son traitement actuel comporte des avantages très limités et entraîne des effets secondaires importants. Dans leur étude, les chercheurs se sont demandé si, dans la dystrophie musculaire, les muscles endommagés de manière chronique pourraient aussi entraîner une immunité adaptative et par conséquent favoriser l’inflammation pathologique.
« Nous avons découvert que, dans le cas de la dystrophie musculaire, les macrophages affichent les éléments classiques de l’immunité adaptative, y compris les changements épigénétiques qui peuvent causer le maintien à long terme du comportement inflammatoire anormal de ces cellules », explique le premier auteur de l’étude, Salyan Bhattarai, Ph. D., boursier postdoctoral travaillant sous la direction du Dr Petrof.
« Les caractéristiques de l’immunité adaptative sont présentes avant même que les cellules envahissent les muscles malades, ajoute Salyan Bhattarai. Il semble que la libération chronique des molécules des muscles endommagés dans la circulation sanguine soit capable de reprogrammer, à distance, les précurseurs des macrophages dans la moelle osseuse. »
« Les résultats de l’étude dont il est ici question ouvrent la voie à de nouvelles thérapies, fondées sur le ciblage des mécanismes épigénétiques et métaboliques connus pour stimuler l’immunité adaptative, ou sur la manipulation de récepteurs du système immunitaire adaptatif. conclut le Dr Petrof. Il sera également important de déterminer si l’immunité adaptative a une incidence sur l’efficacité de diverses stratégies de thérapie génique faisant actuellement l’objet d’une évaluation. »
À propos de l’étude
L’étude intitulée « TLR4 is a regulator of trained immunity in a murine model of Duchenne muscular dystrophy » a été réalisée par Salyan Bhattarai, Qian Li, Jun Ding, Feng Liang, Ekaterina Gusev, Orsolya Lapohos, Gregory J. Fonseca, Eva Kaufmann, Maziar Divangahi et Basil J. Petrof. Les auteurs tiennent à souligner le soutien qu’ils ont reçu de la part des Instituts de recherche en santé du Canada.
Lu dans la publication Nature Communications
Les auteurs tiennent à souligner le soutien qu’ils ont reçu de la part des Instituts de recherche en santé du Canada.
Le 15 février 2022