Des critères musclés pour diagnostiquer la sarcopénie
Montréal - Des scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ont déterminé de nouveaux critères pour le diagnostic de la sarcopénie, une maladie causant une perte de masse et de force musculaires chez les personnes âgées. Remplaçant des critères établis de façon arbitraire il y a une vingtaine d’années, les seuils proposés par les chercheurs pourraient mener à un meilleur accompagnement des personnes affectées par la maladie et à la mise en place de stratégies de prévention pour en retarder les effets. Les résultats de leur étude ont été publiés en juillet 2019 dans le Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle.
« Au cours des deux dernières décennies, les méthodes de recherche et les caractéristiques de la population ont changé; une mise à jour des critères diagnostiques de la sarcopénie était donc de mise, explique une des co-auteures de l’étude, Stéphanie Chevalier, docteure en nutrition et scientifique au sein du programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM. Les nouveaux critères permettront aux professionnels de la santé d’avoir un standard à partir duquel poser le diagnostic et ainsi, de parler le même langage. »
Déclarée maladie en 2016, lors d’une révision du code international des maladies, la sarcopénie s’accompagne souvent d’une perte de force musculaire (dynapénie) et conséquemment d’une performance physique amoindrie au quotidien.
« Il est important que les médecins et spécialistes identifient la présence de la sarcopénie et de la dynapénie chez leurs patients, car ces deux conditions peuvent engendrer différents problèmes lorsqu’ils sont hospitalisés ou lorsqu’ils luttent contre une infection, précise la Pre Chevalier, également professeure agrégée à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill. Par exemple, des complications surviennent plus fréquemment lorsqu’un patient âgé sarcopénique se retrouve en situation post-opératoire. »
Nouveaux critères pour le diagnostic de la sarcopénie et la dynapénie
Pour déterminer ces nouveaux critères, l’équipe de chercheurs a travaillé avec des données recueillies auprès de 9000 participants âgés de 65 à 86 ans, de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement. Ceux-ci ont été recrutés de 2011 à 2015, dans onze villes au Canada. Différents tests et mesures ont été réalisés pour évaluer la masse et la force musculaires, ainsi que la fonction physique des participants, notamment des tests de vitesse de marche, d’équilibre, de capacité à se lever d’une chaise et d’exécution de diverses manœuvres simples.
Prévenir la perte musculaire chez les personnes âgées
Dès l’âge de 50 ans, une perte de la masse musculaire de l’ordre de 0,5 % à 1 % par année est observée chez la population adulte, menant progressivement à un déclin de la mobilité, de l’autonomie et finalement de la qualité de vie en général. Or, les nouveaux critères permettront non seulement de diagnostiquer la présence de la maladie mais pourraient aussi aider à la prévenir. Les cliniciens pourront proposer des stratégies de prévention aux patients qui, entre autres, frôlent les seuils établis. L’exercice physique et une alimentation protéinée sont des éléments incontournables à mettre de l’avant si l’on veut améliorer sa condition musculaire et vivre une vieillesse tout en muscle.
« La perte de masse musculaire est inévitable à partir d’un certain âge; même les plus grands athlètes sont victimes de cette condition liée au vieillissement, rappelle la Pre Chevalier. Toutefois, une bonne hygiène de vie pourrait contribuer à retarder les effets de la maladie. Nous travaillons à déterminer quelles sont les meilleures approches préventives.»
À propos de l’étude
L’étude intitulée Physical Function-Derived Cut-Points for the Diagnosis of Sarcopenia and Dynapenia from the Canadian longitudinal study on aging a été réalisée par Anne-Julie Tessier et Stéphanie Chevalier de l’École de nutrition humaine de l’Université McGill et de l’IR-CUSM et Simon S. Wing, Elham Rahme, et José A. Morais de l’IR-CUSM. DOI: 10.1002/jcsm.1246
Ce travail a été rendu possible grâce au financement des Instituts de recherche en santé du Canada.
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