Exploiter le pouvoir du corps pour lutter contre le cancer
La notoriété n’a jamais été importante pour John Souaid, jusqu’à ce que le cancer se pointe.
Aujourd’hui, le grand-père de cinq petits-enfants, âgé de 78 ans, est gonflé d’optimisme après avoir participé à un essai mondial d’avant-garde de traitement du cancer du poumon par l’immunothérapie. De nombreux cancers peuvent estomper la capacité naturelle de notre système immunitaire de reconnaître et de tuer les cellules mutantes. L’immunothérapie renverse cette fatalité et permet au système immunitaire du corps de cibler et d’éliminer les cellules cancéreuses mutantes. Cette forme de traitement s’est révélée très prometteuse et a été le sujet du prix Nobel de l’année.
John ne savait rien de ce traitement lorsqu’il est entré dans le bureau du Dr Jonathan Spicer, à l’Hôpital général de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), au début de 2017. Il se sentait alors fatigué et avait perdu beaucoup de poids, après avoir reçu un diagnostic de cancer de stade 3 à la suite de la découverte d’une grande tumeur dans son poumon droit. Le Dr Spicer n’a pas tardé à voir en John un candidat possible pour un nouvel essai de phase III qui visait à étudier l’utilisation préopératoire de l’immunothérapie chez les patients atteints du cancer du poumon. Le CUSM a été le premier à lancer l’étude parmi 145 centres de traitement du cancer du poumon à l’échelle internationale.
Je ne connaissais rien de l’immunothérapie, mais je lui faisais confiance et, comme je n’avais rien à perdre, je lui ai immédiatement dit “tentons le coup”. J’aurais pu décider d’y réfléchir ou m’éterniser sur la question, mais j’étais rassuré par ce qu’il me disait au sujet de l’essai », dit John, qui est devenu la première personne au monde à participer à l’essai.
« Les taux de survie pour le cancer n’ont pas changé depuis 25 ans, surtout parce que les options de traitement – la chimiothérapie, la radiation et la chirurgie – n’ont pas changé, affirme le Dr Spicer, chirurgien thoracique et chercheur au CUSM.
« L’immunothérapie exploite le pouvoir de notre propre système immunitaire pour lutter contre notre cancer, et les résultats des essais cliniques réalisés partout dans le monde sont prometteurs et signalent une percée majeure dans le traitement du cancer du poumon. » — Dr Spicer
Il existe une synergie réelle entre la réalisation d’essais cliniques novateurs et la création de réseaux de médecine personnalisée. Ce que nous sommes en train d’établir ici, c’est ce flux d’information continu entre la clinique, le laboratoire et le patient. »
L’immunothérapie pourrait doubler le nombre de survivants du cancer du poumon au cours des dix prochaines années, signale le Dr Spicer. En mettant à profit toutes les données disponibles, on peut fournir dès le départ le traitement le plus susceptible de fonctionner pour chaque patient. Le Dr Spicer croit que cette approche offre les meilleures possibilités de guérison, tout en entraînant le moins d’effets secondaires néfastes.
« Toute leur vie, les patients craignent de faire une rechute, mais ils n’ont pas à penser ainsi, dit le Dr Spicer. Notre but est d’offrir à chaque patient une police d’assurance : au moment de la chirurgie, nous pouvons générer des modèles tumoraux vivants de la maladie du patient, créés en laboratoire, qui peuvent servir à établir le plan de traitement le plus perfectionné et personnalisé qui soit, dans l’éventualité d’une progression ou d’une récidive du cancer. C’est l’essence véritable du traitement personnalisé du cancer. »
Tout comme John, Diane Laforce n’avait jamais entendu parler de l’immunothérapie avant de rencontrer le Dr Spicer, après avoir reçu un diagnostic de cancer du poumon de stade 2. Au bout de huit semaines de traitement suivies d’une chirurgie, elle se porte bien et demeure optimiste quant aux bienfaits du traitement.
Elle a aussi subi un traitement préventif de chimiothérapie de courte durée après la chirurgie. « L’équipe a assuré un excellent suivi, et je n’ai jamais eu d’inquiétudes. »
En vue de la chirurgie, Diane a reçu trois traitements d’immunothérapie préopératoires à deux semaines d’intervalle. Ni John ni Diane n’ont indiqué avoir ressenti d’inconfort ou d’effets secondaires importants.
« Je travaille chaque jour, j’ai retrouvé mon appétit et je n’ai pas ressenti d’effets secondaires », affirme John, un pilier dans le secteur de la confection de lingerie depuis 1962. « Et que dire du fait d’être le premier patient au monde admis à cet essai? C’est incroyable! Je passe à l’histoire et, je l’espère, je pourrai le faire pour tous les autres patients atteints du même cancer que moi. »