Percer le code génétique du diabète de type 2
Lorsque vous souffrez du diabète, il est difficile d’en arrêter sa progression et quand des complications apparaissent, elles sont généralement irréversibles. Il est difficile de vivre avec le diabète, mais « on peut mourir de la maladie davantage à cause de ses complications telles qu’une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral et une maladie rénale », explique le Dr Michael Tsoukas, endocrinologue et professeur adjoint en médecine au Centre universitaire McGill (CUSM) et à son Institut de recherche (IR-CUSM). Dr Tsoukas est chercheur au sein d’une équipe qui travaille sur une nouvelle étude visant à identifier les marqueurs génétiques associés au diabète de type 2. L’étude est effectuée à l’IR-CUSM à Montréal et sera réalisée en collaboration avec l’université de Harvard.
L’étude, menée par Dr Robert Sladek, chercheur principal, et les docteurs et co-chercheurs Errol Marliss et Sergio Burgos du Programme de recherche en troubles métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM, entend recruter des volontaires pour aider à déterminer le lien génétique exact de la maladie. Ce projet ambitieux, le premier en son genre, innove dans la recherche sur le diabète et ouvre des pistes très prometteuses pour limiter cette maladie dévastatrice et ses complications.
Si vous n’avez pas le diabète, vous connaissez sans doute quelqu’un qui en souffre. La prévalence de cette maladie complexe est élevée et continuellement en hausse avec la croissance démographique, le vieillissement de la population et l’augmentation de l’obésité ; des facteurs importants contribuant à en faire hausser le taux. À travers le monde, 1 personne sur 11 (425 millions) souffre de la maladie alors qu’un adulte sur deux (212 millions) reste non diagnostiqué, selon la Fédération internationale du diabète. La gestion de cette maladie demeure un défi étant donné que le succès des traitements actuels dépend de plusieurs facteurs, incluant le suivi de la thérapie par le patient, son mode de vie et ses habitudes alimentaires ainsi que sa tolérance aux effets secondaires de certains médicaments. L’épidémie mondiale ne montre aucun signe de ralentissement tandis que la collectivité médicale cherche des pistes nouvelles pour contenir la maladie.
Dans quelles mesures cette recherche pourrait-elle venir en aide aux personnes souffrant de cette maladie ?
« Notre étude fait partie d'un effort mondial visant à découvrir comment les changements génétiques qui augmentent le risque de développer un diabète chez une personne ou une famille peuvent les amener à développer des formes de la maladie plus sévères et difficiles à traiter », explique le Dr Sladek.
« Si des marqueurs génétiques sont trouvés, cela pourrait mener au développement de thérapies plus efficaces. Et surtout, cela pourrait permettre d’identifier les personnes les plus à risque de développer des formes sévères de diabète, voire de prévenir le développement de formes plus légères », ajoute le Dr Tsoukas.
L’idée de cette étude est née à la suite de la découverte initiale du gène NG1B par le Dr Sladek et son équipe; un gène qui se présente dans le tissu musculaire spécifiquement lors de la manifestation du diabète. Une des caractéristiques du diabète est l’incapacité de l’hormone d’insuline à contrôler le taux de sucre dans les tissus. Le gène NGB1 joue un rôle dans la façon dont les cellules musculaires réagissent à l’insuline. La découverte d’autres marqueurs génétiques aiderait à bâtir un profil génétique qui pourrait possiblement être utilisé pour dépister et identifier les personnes à risque de développer un diabète de type 2 et ses complications touchant le cœur, les vaisseaux sanguins, les reins, les yeux et le système nerveux.
« Des changements dans le mode de vie et l’utilisation précoce de médicaments préventifs peuvent être utilisés pour arrêter les complications reliées au diabète avant qu’il ne soit trop tard et qu’elles causent des dommages irréversibles », explique le Dr Tsoukas.
L’étude financée par le Département de la défense des États-Unis (afin d’aider leurs vétérans aux prises avec le diabète) est un effort commun entre partenaires des deux côtés de la frontière, c’est-à-dire le Centre universitaire de santé McGill, Génome Québec et l’Hôpital général du Massachusetts, qui est le plus grand hôpital d’enseignement de la faculté de médecine de Harvard.
Le recrutement pour cette étude est commencé. Il impliquera trois visites au site Glen du CUSM — deux visites de quelques heures et une autre d’une journée complète. Au total, l’équipe de recherche souhaite recruter 100 participants — 50 avec le diabète de type 2 et 50 personnes non diabétiques âgées entre 18 et 65 ans. Tous seront indemnisés adéquatement pour leurs temps et efforts.
Pour confirmer l’admissibilité, les volontaires devront être soumis à plusieurs tests, incluant un électrocardiogramme, une radiographie pulmonaire et un examen de tolérance au glucose (seulement pour les participants non diabétiques). Une fois l’admissibilité confirmée, un test de sensibilité à l’insuline et une biopsie musculaire seront effectués. Pour la biopsie musculaire, une incision de 5 mm seulement est faite sur le muscle de la cuisse, une fois la peau et les tissus anesthésiés. Outre l’utilisation des résultats de la biopsie pour identifier une cause génétique pour le diabète, « les échantillons seront utilisés pour créer une biobanque et stockés pour un usage ultérieur dans d’autres études », mentionne le Dr Tsoukas. Par conséquent, la simple procédure pourrait générer des avantages innombrables pour la recherche clinique.
La cause du diabète de type 2 demeure un mystère à ce jour. On croit qu’elle provient d’une combinaison des gènes et du mode de vie. Développer un profil génétique de biomarqueurs qui code la maladie pourrait ouvrir de nouveaux horizons dans le traitement et la prévention du diabète. Ultimement, cette étude marque la première étape dans une nouvelle direction de recherche qui « a le potentiel de générer une toute nouvelle catégorie de traitements pouvant cibler les caractéristiques génétiques de chaque patient », note le Dr Sladek. À long terme, les résultats de cette recherche pourraient donner un regain d’espoir pour échapper à cette maladie et ses complications fatales, dont les troubles cardiaques, rénaux et vasculaires cérébraux.
Pour en apprendre davantage sur cette étude, veuillez communiquer avec Marie Lamarche, coordonnatrice de la recherche au 514 934-1934 poste 35016 ou par courriel à [email protected].