Les jeunes sont plus à risque d'être impliqués dans un accident de la route après avoir consommé du cannabis

MONTRÉAL – Les jeunes conducteurs canadiens qui consomment du cannabis sont plus à risque d’être impliqués dans un accident de la route, même cinq heures après en avoir inhalé : c’est ce que révèle un essai clinique mené au Centre de médecine innovatrice McConnell de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) avec l’Université McGill, et financé par l’Association canadienne des automobilistes (CAA).

Les résultats de cette recherche montrent un déclin marqué des habiletés essentielles liées à la conduite, comme la vitesse de réaction, et ce, même cinq heures après avoir inhalé une dose de cannabis inférieure à ce qu’on trouve habituellement dans un joint. En outre, les facultés de conduite des participants (évaluées sur un simulateur) se détérioraient dès qu’ils étaient exposés à des distractions comme celles qui se produisent inévitablement sur la route.

Les jeunes sont plus à risque d'être impliqués dans un accident de la route après avoir consommé du cannabis

L’étude a été mise en ligne à 6 h ce matin (HNE) dans CMAJ Open, une publication en ligne connexe au Journal de l’Association médicale canadienne, et dont les articles sont commentés par les pairs.

Cet essai clinique examinait les effets du cannabis sur les réflexes liés à la conduite chez les consommateurs occasionnels âgés de 18 à 24 ans. Un sondage de la CAA avait révélé qu’un nombre important de jeunes Canadiens (1 sur 5) croyaient être aussi bons ou même meilleurs conducteurs lorsqu’ils étaient gelés plutôt qu’à jeun.

Les résultats apportent de nouvelles preuves quant à l’étendue des habiletés liées à la conduite qui sont affectées par l’inhalation d’une dose typique de cannabis, même cinq heures après la consommation. 

 

« Cette nouvelle étude canadienne vient prouver que le cannabis affecte bel et bien les habiletés liées à la conduite automobile, et ce, jusqu’à cinq heures après la consommation », résume Jeff Walker, gestionnaire stratégique principal de la CAA. « Le message est tout simple : si tu consommes, ne conduis pas. Prévois un autre moyen de rentrer, ou reste où tu es. »

« Cet essai expérimental rigoureux s’ajoute à une littérature scientifique croissante sur les effets du cannabis au volant », commente Isabelle Gélinas, co-auteure de l’étude et chercheure à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de McGill. « Les résultats apportent de nouvelles preuves quant à l’étendue des habiletés liées à la conduite qui sont affectées par l’inhalation d’une dose typique de cannabis, même cinq heures après la consommation. »

Les chercheurs ont évalué, dans des conditions cliniques contrôlées et à l’aide d’un simulateur, les habiletés liées à la conduite de jeunes Canadiens à divers intervalles de temps après consommation de cannabis (jusqu’à cinq heures). La valeur de référence était établie en faisant également subir les tests à jeun à ces mêmes participants.

Lorsqu’on se sent moins sûr à l’idée de prendre le volant, c’est qu’on ne devrait pas conduire.

Même si aucun effet notable n’a été remarqué en l’absence complète de distraction, les habiletés liées à la conduite diminuaient grandement dès que les conditions se rapprochaient davantage de la réalité par l’ajout d’éléments à analyser et l’insertion de distractions. De plus, une forte proportion de jeunes conducteurs ont rapporté une diminution de leur sentiment de sécurité au volant lorsqu’ils étaient sous l’influence du cannabis, une impression toujours présente cinq heures après la consommation.

« Lorsqu’on se sent moins sûr à l’idée de prendre le volant, c’est qu’on ne devrait pas conduire », réitère Jeff Walker. « La CAA souhaite faire avancer cet important enjeu de sécurité routière, mais les gouvernements doivent aussi emboîter le pas. Il faudra plus de financement dédié à l’étude des effets du cannabis sur la conduite, tant du côté de la recherche fondamentale que pour des initiatives de sécurité routière. »

À propos de l’étude

Cette étude financée par la CAA a été effectuée par une équipe de recherche multidisciplinaire du Centre de médecine innovatrice (CMI) McConnell de l’IR-CUSM, sous la supervision de Nicol Korner-Bitensky et d’Isabelle Gélinas, toutes deux détentrices d’un doctorat et chefs de file de la recherche sur la conduite automobile, de même que du Dr Mark Ware, éminent chercheur et spécialiste du cannabis. Le simulateur de conduite utilisé dans l’étude était fourni par Virage Simulation, une entreprise de Montréal. L’auteure principale, Tatiana Ogourtsova, Ph. D., est boursière en recherches postdoctorales. Mme Maja Kalaba, stagiaire en épidémiologie au CUSM, a coordonné le projet. (Notez que depuis le 1er juillet 2018, Mark Ware est à l’emploi de Canopy Growth Corporation, un producteur canadien autorisé de cannabis médicinal. Depuis cette date, le Dr Ware ne participe plus à l’analyse des données de la présente étude.)

Les participants à cet essai clinique randomisé étaient âgés de 18 à 24 ans et consommaient du cannabis à des fins récréatives (c.-à-d. qu’ils avaient pris du cannabis au moins une fois dans les trois derniers mois, mais pas plus de quatre fois par semaine). Les tests se sont étalés sur quatre séances. L’étude évaluait les habiletés liées à la conduite à l’aide d’un simulateur à la fine pointe et de tests du champ de vision utile. Les tests avaient lieu aléatoirement une heure, trois heures ou cinq heures après la consommation de cannabis. Les participants devaient inhaler à plusieurs reprises, avec un vaporisateur de qualité médicale, une dose de 100 mg de fleurs de cannabis séchées à teneur en THC de 13 %. Habituellement, un joint contient entre 300 et 500 mg de cannabis. L’étude détaillée a été publiée sur CMAJ Online à 6 h du matin (HE), le 15 octobre 2018.

Pour plus d’information, veuillez communiquer avec :

Kristine D’Arbelles
Gestionnaire principale des affaires publiques
Bureau national de la CAA
613-796-9404
[email protected]

 

Cynthia Lee
Relations médias
Université McGill
514-398-6754
[email protected]

 

À propos de la CAA

La CAA est une fédération regroupant huit clubs d’automobilistes qui offrent à plus de 6 millions de membres un service d’assistance routière exceptionnel, des services complets en matière d’automobile, de voyage et d’assurance, ainsi que des rabais privilégiés. La CAA défend aussi les intérêts de ses membres sur une variété d’enjeux qui leur tiennent à cœur, dont la sécurité routière, l’environnement, la mobilité, les infrastructures et la protection des consommateurs.

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L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). www.ircusm.ca

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Fondée à Montréal, au Québec, en 1821, l’Université McGill est l’une des principales universités canadiennes. McGill compte deux campus, 10 facultés, 12 écoles professionnelles, 300 programmes d’études et près de 41 000 étudiants, dont plus de 9 700 aux cycles supérieurs. McGill accueille des étudiants originaires d’environ 150 pays, ses 12 000 étudiants étrangers représentant 30 % de sa population étudiante. Plus de la moitié des étudiants de McGill disent avoir une langue maternelle autre que l’anglais, incluant environ 20 % pour qui la langue maternelle est le français. www.mcgill.ca/fr