Rayon D'Espoir
Comment pouvons-nous nous aider les uns les autres, au moment où notre monde est bouleversé ? Nos relations humaines peuvent-elles nous aider à nous rappeler que la bonté existe toujours ? Nous avons demandé à des employés du CUSM de différents départements de réfléchir à ces questions importantes, et nous avons reçu une riche variété de réponses.
« Aux Services techniques, nous sommes habitués aux projets urgents avec des délais serrés. Mais nous avons été particulièrement persévérants pendant cette période. Parfois, je suis surpris de constater tout ce que nous avons pu accomplir depuis mars dernier – de la création de salles à pression négative aux rénovations quotidiennes qui permettent au CUSM de continuer à fonctionner. Mais je pense aussi au fait qu’aucun membre de l’équipe n’a pris de congé, qu’aucun ne s’est plaint ou ne s’est penché sur ses propres préoccupations – et je me souviens que c’est la raison pour laquelle nous avons tant accompli. Mon équipe réunit certaines des personnes les plus dévouées au monde. Le fait de témoigner de leurs efforts courageux m’a permis de continuer ».
« Quand la pandémie a frappé en mars dernier, tout de suite je me suis portée volontaire pour retourner au CUSM. Dès mon entrée à l’hôpital, je me suis souvenue de mon dernier jour de travail avant ma retraite en 2018. J’achetais mon café à l’entrée Cedar quand le hasard m’a fait croiser Francine Desrosiers, une ergothérapeute avec qui j’avais travaillé à mes débuts. Francine et moi ne nous étions pas vues depuis des années. Nous avons échangé des anecdotes du bon vieux temps et nous nous sommes dit au revoir. Nous n'avions aucune idée que deux ans plus tard, nous serions de nouveau réunies pour travailler dans des circonstances exceptionnelles. Depuis juin 2020, Francine et moi travaillons au Centre de présence des familles, créé spécifiquement pour accompagner les familles qui désirent rendre visite à leurs proches en toute sécurité pendant la pandémie. Luba Lutak fait également partie de cette équipe. Même si je n’ai jamais travaillé avec Luba dans le passé, je la croisais souvent dans les corridors de l’HGM et on se saluait. Eh bien, je constate que notre collaboration a créé des liens durables entre nous. Que ce soit lors de nos discussions à propos du travail, ou en partageant des détails de nos vies personnelles. À toute chose, il faut voir le bon côté. Cette expérience m’a fait rencontrer deux femmes incroyables avec qui je me suis liée d’amitié, une amitié qui se poursuivra bien après 2020 je l’espère ».
« Chaque jour quand je me réveille, la première chose que je fais est de remercier Dieu pour cette nouvelle journée. Je ne me plaindrai pas. Tant que le CUSM sera ouvert, je serai présent, quelle que soit la situation pour répondre à mon engagement. Ce n’est pas dans mes habitudes de prendre des journées de congé, car j’y tiens à l’assiduité au travail. On a besoin de moi - ça ne veut pas dire que je suis indispensable, mais je veux me rendre utile à l’ensemble de la communauté du CUSM dans cette période tumultueuse. J'ai dit oui à ce poste, et chaque jour j'assume mes responsabilités. Je ne me laisserai pas intimider par une deuxième vague. Honnêtement, cette période a été pour moi un moment de grande satisfaction personnelle pour avoir été toujours aux fronts contre vents et marée, car je sais que Dieu m'a placé là où l'on a besoin de moi ».
« J’ai passé plus de temps avec ma mère. À 94 ans, elle a été un modèle incroyable pour moi, surtout pendant cette période. Elle me parle avec résilience et se concentre sur le positif. Ses perles de sagesse me donnent la force de relever les défis qui se présentent à moi. Un des bons souvenirs que j’ai est d’être allée nager en plein air dans un endroit privé l’été dernier. C’était thérapeutique pour nous, étant si proches de la nature et aussi les uns des autres. Cette période a été terrible pour tant de personnes. J’ai le cœur brisé pour chaque personne à qui un être cher manque aujourd’hui. Je sais que j’ai de la chance, et ma mère est mon miracle ».
« J’ai eu de très bonnes conversations avec mes enfants. À propos de la pandémie, oui, mais aussi de tout ce qui se passe dans leur vie. Mon fils a 12 ans, et pendant l’été, il se préparait à sa première année au secondaire. Nous en avons parlé, entre autres, d’une manière qui nous a semblé bien spéciale. Je pense que c’est parce que la pandémie nous a permis de ralentir ; avant, nous avions une routine qui nous maintenait en mouvement. L’école, les devoirs, la pratique de soccer, etc., il y avait toujours quelque chose à faire. J’ai une fille aussi, elle a 10 ans. Ses amis lui ont beaucoup manqué ces derniers mois, mais vous savez, en tant que mère, j’étais là pour elle et nous faisions des choses ensemble. Le temps de qualité que mon mari et moi avons pu passer avec nos enfants pendant la quarantaine est quelque chose que je chérirai toujours. Nous nous sommes vraiment rapprochés ».
« La première fois que cela s’est produit, c’était au début du mois d’avril. Une de mes collègues, Luisa, est entrée dans mon bureau pour me poser une dernière question avant la fin de la journée : comment ça va ? Malgré notre longue liste de choses à faire, mes coéquipiers et moi avons toujours pris le temps de prendre des nouvelles de chacun, à un niveau personnel. Nous avons exprimé nos sentiments, nos craintes, nos insécurités. Nous avons été profondément compris à chaque fois. Dès le moment où j’ai commencé à travailler au CUSM, j’ai ressenti notre esprit d’équipe. Mais la communication entre mes coéquipiers et moi pendant cette pandémie a été sans précédent. Je suis plus que soutenue - je sais qu’on s’occupe de moi ».
« En tant qu’individus, et aussi en tant que citoyens du monde, cette occasion nous pousse à mieux faire. Seul le temps nous dira quelles seront les conséquences à long terme de cette pandémie, mais j’ai espoir que tout cela sera envisagé dans une perspective plus large. Nous pouvons corriger certaines situations auxquelles nous n’avions jamais pensé auparavant. J’ai confiance et je suis prêt à tirer toutes les leçons possibles sur moi-même et sur notre monde. En travaillant pour le CUSM pendant une période comme celle-ci, je peux vous dire que j’ai beaucoup appris. En fin de compte, il est important de renoncer à ce que nous ne pouvons pas contrôler, et de se rappeler que la vie est faite pour être vécue ».
« Je me souviens du choc que j’ai eu en voyant la pandémie se propager dans le monde entier – les chiffres montraient un taux de mortalité dévastateur pour les personnes atteintes de la COVID et également sous dialyse. Lorsque j’ai compris que le virus arrivait ici, j’ai commencé à craindre terriblement pour mes patients. J’ai dû faire un examen de conscience et me rappeler que je suis capable de ne pas être contrôlé par l’anxiété ; que je peux me fier aux preuves scientifiques, respecter l’expertise de notre équipe de contrôle des infections et me laisser guider par mon amour des soins aux patients. Grâce au leadership et à la vision exceptionnelle de Nancy Filteau, notre infirmière gestionnaire, les choses se sont bien mieux déroulées dans notre unité que je ne l’aurais imaginé. Des vies ont été sauvées parce que nous avons surmonté nos propres peurs, et c’est cela, mon rayon d’espoir. »