Traiter les accidents vasculaires cérébraux pendant la COVID-19
Des formations et de nouveaux protocoles viennent renforcer la sécurité et la confiance
Au début de la pandémie de la COVID-19, le Service de l’AVC du Neuro a dû très rapidement réévaluer ses modalités de prise en charge. Le Dr Mohamed Badawy et Georgia Niarchos, entre autres collègues, ont joué un rôle de premier plan pour surmonter cet énorme défi.
Le Dr Badawy était dans une position idéale pour diriger l’intervention du Service de l’AVC en cas de pandémie. En sa qualité de chef du Service d’anesthésie du Neuro et membre de l’équipe des soins intensifs, de l’unité rouge (la zone d’accueil des patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux) et du comité de direction de l’hôpital, il interagit régulièrement avec les chefs et les représentants des divers services de l’hôpital. Ces connaissances lui ont permis de constituer une équipe pluridisciplinaire pour relever le défi de réévaluer les soins aux victimes d’accidents vasculaires cérébraux pendant la pandémie de la COVID-19.
Au tout début de la pandémie, Le Neuro a été désigné « hôpital non-COVID » : il ne traiterait donc aucun patient atteint de la COVID-19 afin de pouvoir s’acquitter de son mandat, à savoir prodiguer des soins neurologiques hautement spécialisés. Cependant, comme l’unité rouge constitue une zone de soins d’urgence, la possibilité de recevoir des patients infectés par la COVID-19 présentait des défis uniques pour le Dr Badawy et ses collègues.
« C’était un changement majeur dans notre façon de faire », dit-il. « Des voies et des protocoles entièrement nouveaux ont dû être créés pour traiter les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral potentiellement infectés par la COVID. Nous devions trouver comment traiter de manière optimale ces patients tout en protégeant les autres membres de l’hôpital contre les cas de COVID ».
Assurer la coordination des mesures de lutte
En collaboration avec de nombreux services et paliers administratifs de l’hôpital, le Dr Badawy a coordonné les mesures de lutte contre la pandémie. Ensemble, ils ont créé des chambres à pression négative, où les patients sont intubés sans risque de propager la COVID-19. Ils ont également mis en place de nouveaux protocoles prévoyant l’intubation des patients avant l’entrée en salle d’opération, afin de prévenir la contamination de la salle dans le cas où le patient est positif à la COVID.
Georgia Niarchos, directrice adjointe à la Mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), devait s’assurer que les nouvelles trajectoires et les nouveaux protocoles étaient conformes aux recommandations régulièrement actualisées de l’équipe de contrôle des infections, et qu’ils étaient communiqués aux équipes du Neuro. « Il était de ma responsabilité de m’assurer que toute la trajectoire du patient était traitée. De l’arrivée à l’hôpital en ambulance dans la zone d’examen pour un scan ou une thrombectomie, à l’unité de soins intensifs pour se rétablir, puis vers une unité d’hospitalisation normale - les équipes de chaque zone devaient être au courant des nouveaux processus », explique Georgia.
Par la suite, l’équipe multidisciplinaire a dressé une liste des employés appelés à être en contact avec des patients dans le but de les former. Et ils étaient nombreux : membres du personnel infirmier, médecins, inhalothérapeutes, technologues en radiologie et professionnels divers dans une multitude d’équipes. Tous les services de l’hôpital ont participé à la formation.
« Toute personne qui risquait d’être exposée aux patients devait recevoir la formation, précise le Dr Badawy. Il fallait rassembler tout ce beau monde et veiller à ce que chacun suive la formation ou visionne la vidéo. »
Ces efforts ont été rapidement récompensés, car des porteurs du coronavirus en proie à un AVC ont effectivement été admis à l’hôpital. Ces derniers ont été repérés sans délai, puis transférés vers un autre établissement sans n’avoir contaminé ni travailleur de la santé ni patient.
La nature changeante du virus et le peu de connaissances à son sujet ont suscité la peur et l’anxiété au sein du personnel. Outre la formation qui a contribué à renforcer la confiance de chacun, l’équipe multidisciplinaire a décidé de trouver différents moyens pour aider le personnel à gérer la nouvelle situation. « Nous avons adopté une politique de porte ouverte pour offrir un soutien aux personnes en ayant des conversations avec elles pour discuter des stratégies d’adaptation », explique Georgia.
C’était là, estime le Dr Badawy, l’une des missions les plus exigeantes de sa carrière. « Je suis aux premières loges. J’occupe plusieurs fonctions et puisque je travaille dans de nombreux services, je sais comment chacun fonctionne. Grâce à cette vue d’ensemble, je savais ce qu’il fallait faire pour sécuriser les lieux de travail et pour mettre en place les changements nécessaires en mobilisant toutes les équipes. »
Comme des champions, l’équipe du Neuro s’est rapidement adaptée pour assurer la sécurité des patients et du personnel et, à la suite de ces défis, elle est devenue une meilleure équipe. « Nous nous soutenons beaucoup plus les uns les autres ; nous sommes plus à l’écoute, plus ouverts aux différents points de vue et nous avons créé une relation de collaboration plus étroite avec nos partenaires », ajoute Georgia.
Source: Le Neuro