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Commotions cérébrales au hockey : une nouvelle façon de les évaluer ?

Elles sont fréquentes dans les sports de contact, et pourtant, les commotions cérébrales ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer. Les athlètes peuvent présenter différents signes ou symptômes et sous-estiment parfois leurs symptômes dans le but de poursuivre leur match. Ceci est particulièrement vrai au hockey, où les joueurs doivent retirer tout leur équipement pour se soumettre au test d’équilibre standard, pour ensuite le remettre si leur état le leur permet. C’est pourquoi certains joueurs de hockey préfèrent cacher leurs symptômes et continuer à jouer — au risque de leur santé.

Une équipe de chercheurs dirigée par le Dr J. Scott Delaney, du département d’urgence du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), a réalisé la toute première tentative de conception d’un test d’équilibre qui pourrait éventuellement être utilisé dans l’évaluation des commotions cérébrales des joueurs de hockey sur glace. Ils ont créé un système de notation des erreurs d’équilibre sur patins (appelé SBESS pour in-skates balance error scoring system) ̶ un test que les joueurs de hockey peuvent effectuer en portant leur équipement (à l’exception du casque et des gants) debout sur la bande de caoutchouc noire que l’on trouve dans les couloirs et les vestiaires de la plupart des arénas. La sécurité et la fiabilité du nouveau test SBESS ont été évaluées dans une étude récemment publiée dans le Clinical Journal of Sport Medicine. D’autres recherches sont en cours pour démontrer la validité du test en tant qu’outil de diagnostic des commotions cérébrales. 

 « Actuellement, le test d’évaluation de l’équilibre est l’un des examens physiques les plus importants après une éventuelle commotion cérébrale, et le plus susceptible de détecter des anomalies, mais il doit être effectué pieds nus, en short et en t-shirt. Il n’est pas adapté à la réalité des joueurs de hockey », déclare le Dr Delaney, qui est également médecin d’équipe pour l’Impact de Montréal, les Alouettes de Montréal, McGill Football, les équipes de soccer masculine et féminine de McGill et le Cirque du Soleil.

 « Bien qu’il y ait eu beaucoup de progrès en matière de commotions cérébrales chez les joueurs et les entraîneurs au hockey, il y a encore du travail à faire. De toute évidence, il est essentiel de retirer du jeu et d’évaluer un joueur qui présente des signes ou des symptômes de commotion cérébrale. La réalité est qu’il y a encore des joueurs qui hésitent à faire le test, de peur que cela les éloigne du jeu trop longtemps », ajoute Peter Smith, entraîneur en chef du McGill Martlet Hockey.

Et pourtant, une commotion cérébrale est un trouble grave qui ne doit pas être ignoré. Il s’agit d’une lésion au cerveau caractérisée par une altération de la fonction cérébrale causée par une force d’accélération-décélération directe ou indirecte transmise à une tête mobile. Elle n’est pas visible sur les images de routine fournies par l’IRM, les rayons X ou le scanneur CT. Elle est généralement diagnostiquée en observant les changements dans la façon dont une personne pense et se sent. Les symptômes sont divers et peuvent comprendre, entre autres, des étourdissements, de la confusion, des maux de tête, une vision trouble, une sensation de nervosité, de flottement ou de tristesse, de la fatigue et des troubles de l’équilibre.

Une évaluation rapide et facile qui fonctionne pour tous

« Nous avons conçu le test SBESS pour qu’il soit rapide et facile à réaliser avec des joueurs de hockey sur glace, de tous âges et de tous niveaux, et pour qu’il ressemble le plus possible au test d’équilibre traditionnel effectué après une commotion cérébrale », explique le Dr Delaney.

Quatre-vingts joueurs de hockey universitaire, hommes et femmes, de l’Université McGill et de l’Université Concordia ont été recrutés dans le cadre de l’étude. Quatre positions ont été évaluées — toutes des variations des trois positions initiales de l’évaluation standard — dans le but de supprimer la position la moins fiable. L’équipe de recherche a proposé trois positions viables à faire les yeux fermés — la position stable, la position en pointe de pied et la position en T (voir la figure 1) — qui se sont révélées sécuritaires, reproductibles et non influencées par la fatigue ou l’épuisement.

Deux groupes de participants ont été formés, et tous deux ont effectué l’évaluation du SBESS lors de deux journées d’évaluation distinctes. Le groupe témoin a effectué le test deux fois au repos, tandis que le groupe expérimental a effectué le test une fois au repos et une fois après l’effort. Les évaluations ont été enregistrées sur vidéo, et trois évaluateurs indépendants ont noté toutes les vidéos.

Aucune différence significative dans les scores d’erreur n’a été observée entre les deux tentatives pour le groupe de contrôle et le groupe expérimental.

Les chercheurs ont également évalué l’internotabilité (cohérence entre les évaluateurs) ainsi que l’intranotabilité (cohérence de la notation par un seul évaluateur) et ont constaté que les deux étaient très bonnes et comparables à l’évaluation couramment utilisée.

« Cette nouvelle recherche est une étape importante vers une meilleure gestion des lésions cérébrales au hockey, déclare le Dr Delaney. Nous passons maintenant à la phase suivante de nos travaux afin de démontrer la validité du test SBESS pour diagnostiquer les commotions cérébrales. Nous espérons que ces travaux conduiront dans les prochaines années à l’adoption d’un nouveau test qui viendra s’ajouter à l’examen physique traditionnel et qui permettra d’améliorer le diagnostic des commotions cérébrales au hockey ».

Figure 1

Position stable (position de départ, vue de face)
Cette position nécessite qu’un participant se tienne debout avec chaque patin côte à côte et séparé de 4 cm (ceci s’applique à toutes les positions).
Position en pointe de pied (vue de côté)
Cette position nécessite qu’un participant se tienne debout dans la position stable et qu’il pointe ensuite les orteils du pied dominant vers le sol.
Position en T (vue de côté).
Cette position nécessite que le patin dominant soit placé à angle droit et à mi-chemin du patin non dominant.

 

 

À propos de l’étude

L’étude A New In-Skates Balance Error Scoring System for Ice Hockey Players a été coécrite par Antony Robert, Mickey Moroz, Jose A. Correa, Danny Var et J. Scott Delaney. DOI : http://dx.doi.org/10.1097/JSM.0000000000000816

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Communications, Recherche
Centre universitaire de santé McGill
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