Un essai clinique montre les avantages d'une stratégie visant à trouver les personnes souffrant d'asthme et de MPOC et à les traiter
Cette étude canadienne innovante, publiée dans le journal New England Journal of Medicine, constitue une première mondiale.
Repérer et traiter les personnes souffrant d'asthme ou de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) non diagnostiqués améliore leur état de santé et réduit leurs consultations médicales pour des symptômes respiratoires dans l'année qui suit le diagnostic, selon un essai clinique unique au monde publié dans le New England Journal of Medicine. Dirigée par le Dr Shawn Aaron de l'Hôpital d'Ottawa, l'étude a été menée dans 17 sites au Canada, dont l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM).
« Cette étude met clairement en évidence le lourd fardeau que l'asthme et de la MPOC non traités et non diagnostiqués représentent au sein de la communauté. Elle démontre également, pour la première fois, que le diagnostic et le traitement de l'asthme et de la MPOC par des éducateurs spécialisés et des pneumologues réduisent le nombre de consultations médicales, mais surtout améliorent l'état de santé général et la qualité de vie des individus », dit la Dr Nicole Ezer, co-auteure et investigatrice principale de l'étude à l'IR-CUSM, qui est une scientifique au sein du Centre de recherche évaluative en santé à l'IR-CUSM et une pneumologue au CUSM.
Comment l'équipe de recherche a-t-elle trouvé les cas non diagnostiqués?
Pour trouver les personnes souffrant d'asthme et de MPOC non diagnostiqués, l'équipe de recherche a composé des numéros de téléphone au hasard au Canada entre 2017 et 2023. Un appel automatisé demandait si des adultes du foyer avaient eu un essoufflement inexpliqué, une respiration sifflante, une toux prolongée ou avaient craché des mucosités au cours des six derniers mois.
Les 26 905 personnes qui ont signalé ces symptômes ont répondu à des questionnaires. Les personnes les plus susceptibles de souffrir d'asthme ou de MPOC ont subi un test respiratoire de spirométrie - un test au cours duquel les patients soufflent dans une machine pour mesurer leur fonction pulmonaire et qui fournit des informations importantes sur la manière de traiter les problèmes respiratoires.
Au total, 595 personnes ont reçu un diagnostic d'asthme ou de MPOC et 508 ont accepté de participer à un essai contrôlé randomisé visant à comparer différents types de soins.
La moitié des participants à l'étude ont été assignés de manière aléatoire aux soins habituels (soins fournis par leur prestataire de soins primaires ou par une clinique sans rendez-vous), tandis que l'autre moitié a été traitée par un pneumologue et un éducateur en matière d'asthme/de MPOC (une infirmière ou un thérapeute respiratoire spécialement formé).
Les personnes traitées par un pneumologue et un éducateur se sont vu prescrire des inhalateurs pour traiter leur asthme ou leur MPOC et ont appris à les utiliser. Certaines d'entre elles ont reçu des plans d'action pour les aider à gérer elles-mêmes les poussées de la maladie. Elles ont également bénéficié d'un traitement de sevrage tabagique, de conseils en matière d'exercice physique et de poids, ainsi que de vaccins contre la pneumonie et la grippe, si nécessaire.
Quatre-vingt-douze pour cent des patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l'asthme/la MPOC ont commencé à prendre de nouveaux médicaments pour l'asthme ou la MPOC, contre 60 % des patients ayant reçu les soins habituels.
Le traitement de l'asthme et de la MPOC non diagnostiqués réduit le nombre de consultations médicales
Les chercheurs ont constaté que les patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l'asthme/la MPOC consultaient en moyenne 0,53 fois par an pour des symptômes respiratoires dans l'année qui suivait le diagnostic, contre 1,12 fois dans le groupe de soins habituels.
En outre, les patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l'asthme/la MPOC ont vu leur score moyen au questionnaire respiratoire de St. George's augmenter de 10,2 points, contre 6,8 points pour le groupe recevant les soins habituels. Une augmentation de quatre points signifie une amélioration de la santé et de la qualité de vie.
« En réalité, tout le monde ne peut pas consulter un pneumologue, explique le Dr Aaron, scientifique principal et pneumologue à l'Hôpital d'Ottawa et professeur à l'Université d'Ottawa. La bonne nouvelle, c'est que tant qu'un patient est diagnostiqué et traité, ses symptômes s'atténuent. Les personnes de notre étude qui ont consulté des professionnels de première ligne et des cliniques sans rendez-vous ont obtenu de très bons résultats, et celles qui ont consulté un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l'asthme/la MPOC ont obtenu d'excellents résultats. »
« Les patients ne devraient pas avoir à supporter des problèmes respiratoires chroniques, ajoute la Dre Ezer, qui est également professeure adjointe au département de médecine de l'Université McGill. J'encourage tous ceux qui se sentent limités par l'essoufflement dans leurs activités à demander à leur fournisseur de soins de santé de faire un test de spirométrie - la référence en matière de diagnostic - s'ils ne l'ont pas encore fait. Cette étude montre que les traitements et l'éducation des patients constituent une combinaison gagnante. »
L'équipe de l'IR-CUSM impliquée dans cette étude, comprenant l'assistante de recherche Francine Noel et l'infirmière éducatrice en soins respiratoires Cathy Fugere, souhaite remercier le Centre de médecine innovatrice pour son apport au bon déroulement de l'essai clinique.
Pour en savoir plus : lire le communiqué de presse complet, incluant le témoignage d'une participante à la recherche dont la vie s'est améliorée après la révélation d'un diagnostic d'asthme.
À propos de l'étude
Early Diagnosis and Treatment of COPD and Asthma: A Randomized, Controlled Trial. Shawn D. Aaron, Katherine L. Vandemheen, G. A. Whitmore, Celine Bergeron, Louis-Philippe Boulet, Andreanne Cote, Andrew McIvor, Erika Penz, Stephen K. Field, Catherine Lemière, Irvin Mayers, Mohit Bhutani, Tanweer Azher, Diane Lougheed, Samir Gupta, Nicole Ezer, Christopher J. Licskai, Paul Hernandez, Martha Ainslie, Gonzalo G Alvarez, Sunita Mulpuru, for the UCAP investigators. New England Journal of Medicine. May 20, 2024.
Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.