Une nouvelle étude établit que le diabète de type 1 chez les enfants peut être lié à d’autres types de diabète chez les parents
Des recherches menées à L’Institut montrent qu’en plus du diabète de type 1, le diabète gestationnel et le diabète de type 2 chez le père peuvent également indiquer un risque accru de diabète de type 1 chez les enfants.
Une récente revue systématique et méta-analyse (une vaste analyse de plusieurs études) menée par des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’Institut) et publiée dans EClinicalMedicine révèle que les enfants de mères atteintes de diabète gestationnel ou de pères atteints de diabète de type 2 présentent davantage de risques de développer un diabète de type 1 que les enfants dont les parents ne souffrent d’aucune forme de diabète. Cette étude offre des pistes qui pourraient aider les médecins à identifier plus tôt les enfants à risque.
« Au Canada, un quart des enfants atteints de diabète de type 1 reçoivent un diagnostic tardif, souvent après avoir développé une acidocétose diabétique — une complication grave mais évitable », explique la Dre Kaberi Dasgupta, auteure principale et scientifique senior au Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à L’Institut. « Comme le dépistage génétique ou à l’échelle de la population pour la détection précoce du diabète de type 1 ne s’est pas encore avéré rentable, il est essentiel d’identifier des facteurs de risque clairs et accessibles afin d’accélérer la détection de la maladie. »
Plus précisément, l’étude a révélé que les enfants dont les mères ont présenté un diabète gestationnel pendant la grossesse avaient 94 % plus de risques de développer un diabète de type 1 que les enfants de mères non-diabétiques. De même, le fait d’avoir un père atteint de diabète de type 2 était associé à un risque 77 % plus élevé. L’étude suggère également un lien possible entre le diabète de type 2 maternel et le diabète de type 1 chez l’enfant, mais davantage de données sont nécessaires pour confirmer la réalité de ce risque.
Implications pour les familles et les cliniciens
Le diabète est une maladie caractérisée par un excès de sucre (glucose) dans le sang. Dans le diabète de type 1, le système immunitaire endommage les cellules du pancréas qui produisent l’insuline — l’hormone qui permet au sucre de pénétrer dans les cellules pour fournir de l’énergie — privant ainsi le corps de l’insuline dont il a besoin pour réguler la glycémie. Dans le diabète gestationnel et le diabète de type 2, le corps ne réagit pas correctement à l’insuline, un phénomène souvent associé à un excès de poids, à une faible activité physique et à des facteurs génétiques.
« Ce qui est intéressant, c’est que le diabète de type 1 résulte d’un déficit en insuline, tandis que le diabète gestationnel et le diabète de type 2 sont principalement liés à une résistance du corps à cette hormone. Il se pourrait que, dans certains cas, les gènes, l’environnement et les comportements qui favorisent la résistance à l’insuline déclenchent également les réactions immunitaires responsables du diabète de type 1 », ajoute la Dre Dasgupta.
Prendre en compte ces indicateurs de santé des parents dans les soins cliniques pourrait aider les professionnels de la santé à rester vigilants lorsqu’ils évaluent des enfants présentant des symptômes tels qu’une soif intense ou des mictions fréquentes, afin de poser un diagnostic précoce du diabète de type 1 et de prévenir des complications graves.

« Nos résultats soulignent l’importance de prendre en compte les antécédents familiaux — non seulement le diabète de type 1, mais aussi le diabète gestationnel de la mère et le diabète de type 2 du père — dans les évaluations de routine », explique la Dre Isabella Albanese, co-première auteure de l’étude, qui était fellow en endocrinologie à L’Institut au moment de l’étude et qui est aujourd’hui médecin au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et professeure adjointe à l’Université McGill. « Nos conclusions permettent aux familles et aux cliniciens de demander des évaluations en temps opportun et de commencer plus rapidement un suivi approprié. »
Des liens intrigants entre le diabète de type 1, le diabète de type 2 et le diabète gestationnel
« Les liens que nous avons identifiés entre les différents types de diabète sont fascinants, car chacun a des causes biologiques distinctes. Ils renforcent l’idée de plus en plus répandue selon laquelle certains comportements favorisant le surpoids et la résistance à l’insuline — généralement associés au diabète de type 2 — pourraient également accroître le risque de diabète de type 1 chez les personnes dont le système immunitaire attaque facilement les cellules productrices d’insuline », explique la Dre Dasgupta.
Une méta-analyse de 2019 menée par des chercheurs de l’Université de Soochow en Chine avait révélé que le diabète gestationnel était associé à un risque 66 % plus élevé de diabète de type 1 chez les enfants. Cette nouvelle étude, qui inclut plus du double d’études, offre une synthèse robuste des preuves actuelles et montre que le risque est encore plus élevé qu’estimé précédemment. Il s’agit également de la première méta-analyse à examiner le lien entre le diabète de type 2 paternel et le diabète de type 1 chez les enfants.
Les auteurs de l’étude avancent plusieurs explications possibles pour leurs résultats. De manière générale, les facteurs économiques, alimentaires et liés au mode de vie qui contribuent à l’obésité parentale et au diabète gestationnel peuvent également augmenter la probabilité d’obésité chez les enfants — un facteur de risque établi pour le diabète de type 2, mais désormais également reconnu comme facteur de risque pour le diabète de type 1.
« Plusieurs mécanismes pourraient être à l’œuvre. Les familles partagent souvent leurs habitudes alimentaires et leur mode de vie, ce qui peut augmenter la probabilité que les enfants soient touchés. Au-delà de cela, un taux élevé de sucre dans le sang pourrait aussi entraîner des changements biologiques chez les parents, susceptibles d’accroître le risque de diabète de type 1 chez leurs enfants », explique Laura Rendon, co-première auteure de l’étude, qui a mené cette recherche durant sa maîtrise en médecine expérimentale à L’Institut et qui y a trouvé un grand intérêt en tant que personne vivant avec un diabète de type 1.
Par exemple, les auteurs suggèrent qu’un taux élevé de sucre dans le sang pendant la grossesse pourrait mettre à rude épreuve les cellules bêta productrices d’insuline du fœtus, réduisant leur nombre à la naissance ou les rendant plus vulnérables à des dommages plus tard dans la vie. Cela pourrait aussi provoquer des modifications épigénétiques — des changements dans les protéines et molécules attachées à l’ADN — qui augmentent le risque. De même, un taux élevé de sucre chez les pères atteints de diabète de type 2 pourrait entraîner des modifications épigénétiques dans leurs spermatozoïdes, influençant potentiellement le risque que leurs enfants développent un diabète de type 1.
« Ces résultats mettent en lumière l’importance cruciale d’une surveillance et de soins précoces pour les familles à risque et soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur l’impact du diabète parental sur les générations futures », explique la Dre Dasgupta, qui est également spécialiste en médecine interne au Centre universitaire de santé McGill et professeure titulaire de médecine à l’Université McGill. « Les futures études devraient inclure des populations diversifiées afin de mieux comprendre les facteurs biologiques et environnementaux à l’origine de ces liens. »
À propos de l’étude
L’étude Gestational diabetes and parental type 2 diabetes as risk indicators for type 1 diabetes in offspring: a systematic review and meta-analysis a été réalisée par Isabella Albanese, Laura Rendon, Meranda Nakhla, Elham Rahme et Kaberi Dasgupta.
DOI : 10.1016/j.eclinm.2025.103321
Personne-ressource pour les médias
Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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