Le diabète gestationnel lors de grossesses subséquentes augmente considérablement le risque de diabète de type 2

Une étude récente révèle que le risque de développer un diabète de type 2 est accru chez les femmes qui font un premier épisode de diabète gestationnel au cours d'une deuxième grossesse, et qu'il augmente encore plus pour celles qui en font au cours de deux grossesses consécutives.

Montréal, le 16 mai 2024 - Un adulte canadien sur dix est atteint de diabète de type 2, une maladie qui endommage les vaisseaux sanguins et qui peut entraîner des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies rénales et même la cécité.

Les femmes souffrant de diabète gestationnel (un diabète temporaire pendant la grossesse) présentent un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 plus tard dans leur vie. Mais comment ce risque évolue-t-il d'une grossesse à l'autre ? Une nouvelle étude de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) montre que les femmes qui souffrent de diabète gestationnel pour la première fois lors d'une deuxième grossesse ont un risque de développer du diabète de type 2 76% plus élevé que les femmes qui ont souffert de diabète gestationnel lors d'une première grossesse, mais pas lors de la deuxième. Les femmes atteintes de diabète gestationnel au cours de deux grossesses consécutives présentent le risque le plus élevé, qui est plus de 3,5 fois supérieur à celui des femmes atteintes de diabète gestationnel uniquement au cours de leur première grossesse. Les auteurs de l'étude espèrent que les résultats de l'étude récemment publiée dans JAMA Network Open permettront aux femmes de bénéficier de conseils personnalisés pour réduire leur risque de développer un diabète de type 2.

« Environ 10 % des grossesses sont affectées par le diabète gestationnel. Notre étude montre que le risque de diabète futur diffère en fonction de la grossesse touchée par le diabète gestationnel et du nombre de grossesses touchées. Nous pouvons aider les mères à personnaliser l'estimation du risque grâce à ces informations et à d'autres, afin qu'elles puissent choisir en toute connaissance de cause quand et comment prendre des mesures de prévention », déclare la Dre Kaberi Dasgupta, auteure principale de l'étude et scientifique senior au sein du programme sur les troubles métaboliques et les complications à l'IR-CUSM.

Dre Kaberi Dasgupta
Dre Kaberi Dasgupta

Un portrait détaillé pour inciter à agir

En utilisant les données des registres administratifs de la santé et des registres des naissances et des décès du Québec, les chercheurs ont constitué un groupe d'étude de 431 980 femmes ayant eu deux accouchements entre 1990 et 2012, qui ne souffraient pas de diabète avant ou entre leurs grossesses. Les chercheurs ont cherché à savoir si elles avaient développé un diabète durant la période allant jusqu'en 2019.

Plus de 10 000 femmes avaient souffert de diabète gestationnel uniquement au cours de leur première grossesse, plus de 16 000 au cours de leur deuxième grossesse et plus de 8 000 au cours des deux grossesses (respectivement 10 920 femmes (2,5 %), 16 145 femmes (3,7 %) et 8255 femmes (1,9 %)). Au total, plus de 12 000 ont développé un diabète de type 2.

Par rapport aux femmes qui n'avaient jamais souffert de diabète gestationnel, celles qui avaient souffert de diabète gestationnel au cours de leur première grossesse avaient un risque plus de 4 fois supérieur de développer un diabète de type 2 (4,35), celles qui avaient souffert de diabète gestationnel au cours de leur deuxième grossesse avaient un risque plus de 7,5 fois supérieur (7,68), et celles qui avaient souffert de diabète gestationnel au cours des deux grossesses avaient un risque près de 16 fois supérieur (15,8).

L’importance des saines habitudes de vie

« Nos résultats suggèrent que les femmes qui ont souffert de diabète gestationnel lors de leur première grossesse, mais pas lors de la seconde, ont probablement pu modifier leurs habitudes alimentaires et augmenter leur activité physique entre les deux grossesses. Nous pouvons maintenant leur dire qu'elles ont également réduit leur risque de diabète futur, ce qui pourrait les encourager à conserver leurs bonnes habitudes de vie, » explique Joseph Mussa, premier auteur de l'article et candidat au doctorat au département d'épidémiologie et de biostatistique de l'Université McGill.

"D'autre part, les femmes chez qui on a diagnostiqué un diabète gestationnel lors d'une deuxième grossesse sont passées à un niveau de risque plus élevé. Nous devons les aider à gérer ce risque. Nous devons également fournir aux femmes qui ont eu deux occurrences de diabète gestationnel un soutien urgent pour améliorer leur santé et réduire leur risque ", ajoute la Dre Dasgupta, qui est également professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université McGill et interniste au CUSM.

D’autres facteurs en jeu

Les chercheurs ont effectué plusieurs analyses tenant compte de plusieurs facteurs de risque connus pour le diabète de type 2. Tel qu’attendu, le fait de faire de l’hypertension gestationnelle, ou de donner naissance à un bébé ayant un poids élevé pour son âge gestationnel ou d’avoir un partenaire atteint de diabète, étaient associés à un risque accru pour la mère de faire du diabète de type 2. Le risque était aussi accru pour les femmes souffrant de troubles de l’humeur, de dépendance à l’alcool ou aux drogues, de problèmes thyroïdiens, d’arthrite ou de problèmes respiratoires.

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À propos de l’étude

L’étude Incident Diabetes in Women With Patterns of Gestational Diabetes Occurrences Across 2 Pregnancies a été réalisée par Joseph Mussa, Elham Rahme, Mourad Dahhou, Meranda Nakhla et Kaberi Dasgupta.

La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada a financé cette étude (numéro de subvention : HSF G-12-000251). Kaberi Dasgupta est la bénéficiaire de cette subvention. La Société Québécoise d'Hypertension Artérielle et la Faculté de médecine de McGill ont apporté un soutien supplémentaire en attribuant des bourses de doctorat à Joseph Mussa.

À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 600 chercheurs et près de 1 700 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative au site Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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