Rencontres touchantes atténuent l'impact du cancer de l'estomac métastatique
Depuis 13 ans, Michèle Desbiens lutte contre un cancer de l’estomac très rare appelé la tumeur stromale gastro intestinale (TSGI), aussi connu sous le nom de GIST. Après avoir subi une opération pour enlever la tumeur en 2002 à l’Hôpital général de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (HGM-CUSM), Mme Desbiens a dû suivre, et suit toujours, une thérapie ciblée, car son GIST est métastatique (il se propage à d’autres organes). En décembre 2014, un autre coup du sort, elle reçoit un diagnostic de cancer du sein. Mme Desbiens nous raconte son parcours long et difficile, mais courageux et parsemé de rencontres marquantes et chaleureuses avec les soignants du CUSM.
Comment avez-vous été diagnostiquée?
M.D. : J’ai consulté un médecin de famille pour un vague mal de ventre. Une échographie a révélé la présence d’une tumeur à la paroi extérieure de l’estomac. C’était tellement gros – 13 cm de diamètre – qu’on n’avait pas le temps de faire une biopsie. Il fallait que je sois opérée dans les six semaines. À cause de saignements importants – ce qui signifiait une rupture –, il a fallu agir encore plus rapidement. C’est le Dr Gerald Fried qui m’a opérée à l’Hôpital général de Montréal. Il a fallu enlever 30 % de l’estomac et la rate.
Comment avez-vous su qu’il s’agissait d’une tumeur maligne?
Le Dr Fried est venu me voir dans ma chambre d’hôpital après l’opération et m’a dit que j’avais un GIST, une sorte de cancer de l’estomac assez rare. Il a fait preuve d’une grande humanité et de beaucoup de délicatesse.
Un mois après votre opération, vous avez dû être de nouveau hospitalisée pour une complication postopératoire. Que s’est-il passé?
J’avais un abcès dans l’abdomen. Le radiologue Dr Giovanni Artho l’a drainé, mais malheureusement, le pus avait traversé le diaphragme et comprimait mon poumon gauche. Cette fois-ci, c’est l’exceptionnel Dr David S. Mulder qui m’a opérée. Il a épluché le tour du poumon comme une orange. Cette intervention, appelée une décortication du poumon, a été beaucoup plus douloureuse que la première. Ces deux médecins m’ont sauvé la vie. Le Dr Fried m’appelait sa « star patient ».
Après ces premiers moments difficiles, vous avez dû apprendre à vivre avec votre maladie? Comment ça s’est passé?
Il faut prendre le GIST métastatique comme une maladie chronique. Depuis 12 ans, je prends un médicament qui inhibe la protéine qui multiplie les cellules cancéreuses. En 2008, j’ai dû subir une ablation par radiofréquence pour deux lésions dans le foie. Je suis suivie par l’oncologue Dr Thierry Alcindor. J’aime son calme, son expertise, son professionnalisme. C’est un médecin exceptionnel.
En 2014, vous avez été diagnostiquée d’un cancer du sein.
Oui, c’était en décembre 2014. Le Dr Alcindor, qui ne traite pas le cancer du sein, a tenu à me soigner, parce qu’il fallait continuer le traitement pour le GIST. En collaboration avec la pharmacienne en oncologie, il a vérifié minutieusement l’interaction de tous mes médicaments et thérapies. Sa gestion de ma maladie est impeccable.
Au cours de ces années, vous avez fait quelques rencontres exceptionnelles au CUSM, n’est-ce pas?
Oui, à part mes médecins, j’ai eu de la chance d’avoir des « anges » sur ma route. Il y a eu l’infirmière Pina, qui m’a accompagnée pendant mon premier séjour de quatre semaines à l’HGM. Avant de quitter ma chambre, elle s’assurait que tout était à ma portée. Quand j’étais au bout de ma corde, c’est elle qui me consolait.
Je me souviens aussi d’un jeune étudiant en médecine, Olivier, qui est venu me visiter quelques fois. Il arrivait avec un chocolat au lait et un jeu de cartes et on jasait. Il m’a aidée à dédramatiser ma situation et à me sentir un peu mieux.
Plus récemment, l’infirmière Vanessa Palma m’a aidée grandement à passer à travers les 12 semaines de chimiothérapie pour le cancer du sein. Elle m’accueillait avec son merveilleux sourire, son écoute et son empressement à trouver des solutions à mes problèmes.
Et finalement, il y a la gentille « Tina », Sestina Sacratini, qui planifie les rendez-vous des traitements au Centre du cancer des Cèdres. Toujours souriante, accueillante et prête à nous aider, elle ensoleille notre journée.
Je peux dire que j’ai eu et que j’ai les meilleurs soins. Je pense que j’ai touché le cœur de certaines personnes, et elles, elles ont touché le mien. Je les remercie tous.
Les symptômes sournois du cancer de l’estomac
Le cancer de l’estomac, qui touche 3 500 Canadiens chaque année, est généralement diagnostiqué assez tardivement. La raison principale est que ses symptômes peuvent être confondus avec ceux de troubles digestifs assez courants : indigestion, brûlures d’estomac et de vagues douleurs au ventre.
« On ne pense pas nécessairement à une maladie maligne lorsqu’on a mal au ventre, par exemple. Mais si les symptômes persistent, malgré un traitement approprié, il faut pousser l’investigation, explique le Dr Thierry Alcindor, hématologue-oncologue au Centre universitaire de santé McGill et chef du Groupe cancers digestifs pour le Réseau de cancérologie Rossy et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l'Université McGill.
L’adénocarcinome représente environ 80 % des cas de cancer de l’estomac. L’infection avec la bactérie Helicobacter pylori (responsable de l'ulcère), la consommation excessive d’alcool, le tabac et la consommation régulière d’aliments saumurés font partie des principaux facteurs de risque de la maladie. D’autres types de cancer de l’estomac plus rares, comme le GIST, le lymphome ou les tumeurs neuroendocrines, surviennent dans 10 à 15 % des cas et n’ont pas de facteurs de risques connus.
Depuis quelques années, des thérapies biologiques sont utilisées conjointement aux traitements courants – la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie – pour augmenter les chances de guérison.
Le CUSM est reconnu comme l’un des principaux centres de traitement du cancer de l’estomac au Canada, offrant aux patients des services complets de diagnostic, de traitement et un accès à des essais cliniques qui leur permettent de profiter des avancées de la science.