Une étude majeure conclut que de nombreux patients atteints de fibrillation auriculaire peuvent arrêter leurs anticoagulants

Un nouvel essai clinique codirigé par l’Institut de cardiologie d’Ottawa et l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill montre que la prise d’anticoagulants à long terme n’offre pas de protection additionnelle contre les AVC et les événements emboliques lorsqu’on la compare à la prise d’aspirine à faible dose.

Une étude internationale codirigée par l’Institut de cardiologie d’Ottawa et l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill conclut que les patients qui ont subi une ablation fructueuse de la fibrillation auriculaire (FA) par cathéter n’ont peut-être plus besoin d’une anticoagulothérapie à long terme. Cette découverte pourrait bien changer la pratique clinique partout dans le monde et toucher des millions de personnes.

L’étude OCEAN (The Optimal Anticoagulation for Enhanced Risk Patients Post-Catheter Ablation for Atrial Fibrillation) a été codirigée par Atul Verma, M.D., directeur de la Division de cardiologie au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et à l’Université McGill et scientifique senior au Programme de recherche en santé cardiovasculaire au long de la vie de l’Institut de recherche du CUSM, et David Birnie, M.D., chef de la Division de cardiologie de l’Institut de cardiologie d’Ottawa et professeur au Département de médecine de l’Université d’Ottawa. Cet essai clinique randomisé a suivi 1284 patients et patientes de divers centres à l’international pendant trois ans. Les conclusions ont été publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) et présentées aujourd’hui aux Séances scientifiques 2025 de l’American Heart Association (AHA) à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis.

Depuis des années, les personnes qui subissent une ablation de la fibrillation auriculaire pour corriger leur rythme cardiaque se font recommander de prendre des anticoagulants à vie pour prévenir les AVC et les embolies (obstruction d’un vaisseau sanguin), et ce, même si l’ablation a été couronnée de succès. Cette recommandation a perduré, car les médecins ne savaient pas si l’ablation réduisait bel et bien le risque d’AVC. L’étude OCEAN est la première à démontrer clairement qu’après une ablation réussie, le risque d’AVC est si faible que la plupart des patients peuvent arrêter les anticoagulants.

Atul Verma

« Cette question est l’une des plus importantes du domaine de l’électrophysiologie moderne, et OCEAN vient de nous donner la réponse tant attendue », dit le Dr Verma, cochercheur principal et auteur correspondant de l’étude. « C’est extraordinairement gratifiant de voir des années de recherches minutieuses se traduire directement par des soins plus sûrs et plus simples. »

« Chaque année, un million de personnes subissent une ablation de la fibrillation auriculaire. Pour la majorité d’entre elles, cette étude vient changer la donne », ajoute le Dr Birnie, cochercheur principal d’OCEAN. « Nos résultats indiquent qu’un an après une ablation réussie, le risque d’AVC est si faible que les inconvénients associés à la prise d’anticoagulants à long terme l’emportent sur les bienfaits, et donc que beaucoup de patients peuvent les arrêter sans danger. »

L’essai clinique international OCEAN a comparé un groupe de patients prenant du rivaroxaban (un anticoagulant couramment prescrit) et un autre prenant de l’aspirine. Au bout de trois ans, aucune différence importante dans les taux d’AVC et d’embolies n’a été notée entre les deux groupes. Dans les deux cas, les taux étaient extrêmement faibles et même similaires à ceux de personnes n’ayant jamais fait de FA. Fait important, le groupe des anticoagulants a eu plus d’épisodes de saignements significatifs que les autres, ce qui vient mettre en relief les risques associés à ces médicaments lorsqu’ils ne sont pas nécessaires.

L’étude OCEAN a été menée dans un réseau collaboratif de recherche cardiovasculaire regroupant 56 centres au Canada, en Europe, en Chine et en Australie. Tous les aspects de l’étude ont été coordonnés par le chercheur George Wells, PhD, et son équipe du Centre de méthodes de recherche en cardiologie à l’Institut de cardiologie d’Ottawa.

« Cette étude montre bien ce qu’il est possible de faire lorsque des chercheurs, des cliniciens et des établissements du monde entier travaillent ensemble à l’atteinte d’un but commun », explique George Wells, directeur du Centre. « La collaboration était essentielle pour produire une étude rigoureuse et influente, et ultimement, c’est ce qui fait en sorte que de tels résultats peuvent améliorer les soins à l’échelle planétaire. »

 

À propos de l’étude

Antithrombotic Therapy After Successful Catheter Ablation of Atrial Fibrillation par Atul Verma, David H Birnie, Chenyang Jiang, Hein Heidbuchel, Gerhard Hindricks, Paulus Kirchhof, Jeff S Healey, Yunhe Wang, Nikolaos Dagres, Marc W Deyell, Prashanthan Sanders, Rajeev K Pathak, Pieter Koopman, Dieter Nuyens, Paul Novak, Amit Guy, Charles Dussault, Bhavanesh Makanjee, F Russell Quinn, Umjeet Jolly, Leon Iden, Malte Kuniss, Mukul Sharma, Andrew Ha, Vidal Essebag, Jean Champagne, Michael D Hill, Eric E Smith et George A Wells au nom des chercheurs de l'étude OCEAN a été publié dans le New England Journal of Medicine.

OCEAN a bénéficié de l’appui de Bayer, Abbott, Biotronik, des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du programme de financement Accelerate de l’Institut de cardiologie d’Ottawa, du Réseau canadien pour la prévention des accidents cérébrovasculaires, de l’Interconnectome Cœur-Cerveau et de la Rosenfeld Heart Foundation.

Information complémentaire

[EN VIDÉO : Le Dr David Birnie résume l’étude OCEAN et ses implications pour les patients.]

 

Personnes-ressources pour les médias

Pour organiser une entrevue avec le Dr Atul Verma, contacter :
Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche
Centre universitaire de santé McGill
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Leigh B. Morris
Agent de communication
Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa
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