De nouvelles avancées dans le traitement du cancer du poumon

Les résultats d’un essai clinique international confirment l’efficacité d’un traitement d’immunothérapie pour le cancer du poumon non à petites cellules à un stade précoce.

Montréal, le 20 juin 2023 — Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et le Centre hospitalier de St. Mary (CHSM) ont contribué ensemble à un essai clinique international qui fera évoluer les traitements pour le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), la forme la plus courante de cancer du poumon. Dans cet essai clinique, un médicament d’immunothérapie appelé pembrolizumab (KEYTRUDA®), utilisé en conjonction avec une chimiothérapie néoadjuvante (c’est-à-dire administrée avant l’intervention chirurgicale) puis à nouveau après l’opération, s’est révélé efficace pour ralentir la progression et la récidive du cancer et pour réduire la présence de tumeurs résiduelles chez les patients atteints d’un CPNPC opérable et de stade précoce. Dans le groupe expérimental, trois patients sur cinq sont demeurés dans une situation stable durant deux ans (sans progression ou récidive du cancer), comparativement à deux sur cinq dans le groupe témoin, une amélioration d’environ 50 %.

L’analyse intermédiaire de cet essai clinique de phase III, randomisé et en double aveugle, a été présentée récemment lors de la réunion annuelle de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) 2023 à Chicago et publiée dans The New England Journal of Medicine.

Jonathan Spicer, BSc (Hon), MD, PhD, FRCS « C’est un honneur pour moi d’apporter à nos patients les thérapies les plus prometteuses contre le cancer du poumon et de jouer un rôle de premier plan dans la conduite d’essais cliniques randomisés internationaux », dit le Dr Jonathan Spicer, auteur principal et chirurgien en chef de l’étude, directeur médical du Réseau d’oncologie thoracique de McGill, scientifique au sein du Programme de recherche sur le cancer de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et chirurgien thoracique à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. « Ce nouveau traitement est une autre étape importante dans l’amélioration des résultats pour les patients atteints de ce type commun de cancer du poumon. Il convient à tous les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules de stade II ou III dont la tumeur est opérable. Sur une base annuelle, cela représente un grand nombre de patients pour lesquels la survie sera considérablement améliorée. »

Améliorer la survie au cancer

Tous les patients participant à l’essai présentaient un cancer du poumon non à petites cellules, de stade II ou III, qui pouvait être retiré chirurgicalement. Ces stades étaient auparavant associés à un taux de survie de moins de 50 % cinq ans après le diagnostic. La moitié d’entre eux ont reçu une chimiothérapie néoadjuvante à base de pembrolizumab et de cisplatine, suivie d’une résection chirurgicale et d’un traitement adjuvant à base de pembrolizumab ; l’autre moitié a reçu une chimiothérapie néoadjuvante et une chirurgie seule, avec un placebo à la place du pembrolizumab.

Au cours des 24 mois suivant l’inscription des participants dans l’un des deux groupes d’étude, les chercheurs ont enregistré la survenue d’événements indésirables tels qu’une progression locale de la tumeur empêchant l’intervention chirurgicale prévue, une récidive du cancer ou un décès.

Sur les 797 adultes ayant participé à l’étude, 344 (43,2 %) ont connu un événement indésirable ou sont décédés ; la plupart des événements étaient liés à la progression ou à la récurrence de la maladie. La survie sans événement à 24 mois était de 62,4 % dans le groupe pembrolizumab et de 40,6 % dans le groupe placebo.

Les investigateurs de l’essai ont également mesuré l’efficacité du traitement pour réduire la taille de la tumeur. Une réponse pathologique majeure (caractérisée par une tumeur résiduelle viable inférieure ou égale à 10 %) a été observée chez 30,2 % des participants du groupe pembrolizumab et chez 11 % de ceux du groupe placebo, tandis qu’une réponse pathologique complète (soit l’absence de tumeur résiduelle viable) a été observée chez 18,1 % et 4,0 % des participants, respectivement.

Le pembrolizumab néoadjuvant n’a pas interféré avec le choix de l’approche chirurgicale, la capacité à subir une intervention chirurgicale ou l’incidence des complications chirurgicales. Les effets indésirables résultant de l’ajout du pembrolizumab étaient conformes à ce qui a été rapporté précédemment dans d’autres essais similaires combinant immunothérapie et chirurgie.

Montréal, épicentre de l’innovation en oncologie thoracique

Entre le CUSM, le CHUM et le CHSM, 46 patients ont été recrutés dans la région de Montréal, une réussite exceptionnelle si l’on considère que l’étude était disponible dans 227 sites à travers le monde. Le CHSM a été le premier centre au Québec à démarrer l’étude, ouvrant la voie à d’autres établissements, et les patients traités au CHSM ont été opérés au CUSM. Le CHUM a recruté le plus grand nombre de patients, tous sites confondus.

« Le CHUM et son centre de recherche sont extrêmement fiers d’avoir recruté le plus grand nombre de patients, tous sites confondus, dans le cadre de cette étude internationale. Les équipes multidisciplinaires cliniques et de recherche en oncologie thoracique travaillent de concert afin d’offrir aux patients de partout au Québec les plus récentes innovations technologiques et thérapeutiques dans le traitement du cancer du poumon. L’espoir de guérir le cancer du poumon est bien vivant et nous n’arrêterons pas d’étudier de nouvelles avenues thérapeutiques jusqu’à ce que nous puissions offrir un taux de survie de 100 % à tous les patients », affirme le Dr Moishe Liberman, chercheur et chirurgien thoracique au CHUM.

« La combinaison du pembrolizumab avec une chimiothérapie néoadjuvante a montré un taux de survie nettement amélioré chez les patients traités. C’est un message d’espoir pour les patients atteints de CPNPC », ajoute le Dr Adrian Langleben, qui a dirigé l’essai au CHSM.

Cette collaboration fructueuse place Montréal parmi les acteurs majeurs dans le domaine des essais cliniques randomisés en oncologie thoracique.

« Ce travail représente un accomplissement majeur, non seulement pour nos équipes extrêmement collaboratives en oncologie thoracique, mais aussi pour notre unité d’essais cliniques au Centre de médecine innovatrice — un “hôpital de recherche dans l’hôpital” entièrement équipé, offrant un accès à du personnel spécialisé et à une gamme complète de services pour la recherche clinique », dit Penny Chipman, gestionnaire de la recherche en oncologie au Centre de médecine innovatrice de l’IR-CUSM.

« La collaboration interétablissement est essentielle pour atteindre le plus grand nombre de patients possible. Nous espérons développer davantage de stratégies et de partenariats afin d’offrir ces importants essais cliniques aux patients résidant à l’extérieur de Montréal et des grands centres urbains », ajoute le Dr Spicer, qui est également professeur agrégé de chirurgie à l’Université McGill et un expert de renommée internationale dans le domaine des nouvelles thérapies pour les patients atteints d’un cancer du poumon résécable.

  

À propos de l’étude

Wakelee H, Liberman M, Kato T, Tsuboi M, Lee SH, Gao S, Chen KN, Dooms C, Majem M, Eigendorff E, Martinengo GL, Bylicki O, Rodríguez-Abreu D, Chaft JE, Novello S, Yang J, Keller SM, Samkari A, Spicer JD; KEYNOTE-671 Investigators. Perioperative Pembrolizumab for Early-Stage Non-Small-Cell Lung Cancer. N Engl J Med. 2023 Jun 3.

DOI : 10.1056/NEJMoa2302983

L’essai clinique KEYNOTE-671 a été financé par Merck Sharp and Dohme.

 

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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