Quitter la zone de confort pour entrer dans la zone rouge : une rétrospective

Covid-19 2020-2021 

Un an auparavant, nous observions avec incrédulité le drame qui se déroulait en Italie alors que la réalité d’une pandémie était encore peu tangible au Québec. Le sentiment d’urgence qui s’est levé au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) lui aura donné l’élan pour mobiliser ses ressources en un temps record. Pas le choix, il fallait agir rapidement et se préparer à ce que la vague COVID-19 franchisse l’Atlantique pour déferler sur le Québec.

C’est unanime : si le CUSM a réussi à répondre aussi promptement à l’évolution constante de la situation, c’est grâce au travail d’équipe. De la haute direction jusqu’au personnel soignant, en passant par le personnel administratif, tous ont répondu à l’appel de manière exceptionnelle. Un leadership hors pair et une bonne communication sont les ingrédients clés pour un travail harmonieux et efficace.

Le Dr Marc Rodger, chef du Département de médecine et directeur médical de la Mission médicale du CUSM en est fier.

« Il est remarquable de constater la rapidité avec laquelle nous avons réussi à transformer nos établissements. Nous sommes passés de zéro à près de 140 patients atteints de la COVID-19 au plus intense de la crise ».

Le Dr Peter Goldberg, chef du département des Soins intensifs du CUSM, explique que lorsque la pandémie a frappé, le CUSM a immédiatement dû augmenter la capacité de lits de l'unité de soins intensifs de 50% en quelques semaines. « Plus impressionnant encore est le fait que nous ayons utilisé cette même attitude positive pour amener une équipe multidisciplinaire déjà bien rodée à travailler ensemble de manière toujours plus cohérente, en se mettant chaque jour en danger pour traiter les patients gravement malades, avec une grande expertise et une compassion encore plus profonde ».

Le Dr Rodger et Le Dr Kevin Schwartzman, directeur de la Division de médecine respiratoire au CUSM ont travaillé en étroite collaboration avec le personnel infirmier et le Service de prévention et contrôle des infections afin d’ériger les unités de soins COVID et pour trouver la main-d’œuvre. Tout était nouveau, il fallait élaborer les protocoles de soins et de contrôle des infections pour répondre à une crise sanitaire sans précédent.

Dr. Marc Rodger & Dr. Kevin Schwartzman
À gauche Dr Marc Rodger, chef du Département de médecine et directeur médical de la Mission médicale du CUSM. À droite, Dr Kevin Schwartzman, directeur de la Division de médecine respiratoire au CUSM.

 

« Les gens ont réussi à transformer leur peur en travail concret afin de passer au travers, raconte le Dr Schwartzman. Essentiellement, il était clair pour les dirigeants du CUSM que tout ce qui devait être fait pour surmonter l’épreuve allait être fait. C'est notre rôle et notre engagement. »

La COVID-19 étant une maladie respiratoire infectieuse, les spécialistes en pneumologie, en médecine générale interne, en maladies infectieuses ont d’abord été mobilisés.

« Nous n'avions aucun moyen de quadrupler les ressources de ce genre de spécialistes du jour au lendemain. Nous savions donc qu'il nous fallait faire intervenir d'autres types de spécialistes », indique le Dr Rodger. Des cardiologues, des gériatres, des gastroentérologues, des néphrologues, des endocrinologues, des rhumatologues, des médecins de familles, des pédiatres, des chirurgiens, des psychiatres ainsi que des médecins de nombreuses autres disciplines, sont sortis de leurs spécialités respectives dans le but de prêter main-forte sur les unités COVID. Lorsque la pandémie s’est accélérée au printemps 2020, avec la collaboration de l’Université McGill, les résidents en médecine sont aussi sortis de leur discipline pour offrir leur soutien. Afin de former et d’orienter ces professionnels qui sont sortis de leurs domaines de compétences, un système de jumelage a été instauré par le Dr Schwartzman et le Dr Rodger. Un peu comme un résident est jumelé à un médecin, un spécialiste œuvrant en dehors de sa spécialité a été jumelé au médecin responsable de l’unité, soit un pneumologue, un interniste ou un infectiologue.

2020 en rafale 

  • Plus de 200 médecins et résidents ont offert leur soutien, issus de toutes les spécialités.
  • 200 infirmières ont été réassignées lors de la première vague, 130 lors de la deuxième.
  • Le CUSM a accueilli près de 140 patients atteints de la COVID-19 au plus grave de la pandémie.
  • La capacité des unités COVID a dépassé les 100 lits pour l’ensemble du CUSM. La capacité de l’unité de soins intensifs COVID a atteint 50 lits.
  • Le Centre de médecine innovatrice du site Glen a été converti pour créer la première unité COVID.

Le Dr Schwartzman ne manque pas de reconnaitre l’apport indéniable du personnel infirmier et paramédical. « À chaque opportunité que j’ai, je salue le travail de ces collègues incroyables. Ce sont eux qui ont pris le plus gros fardeau ». Alain Biron, directeur associé des soins infirmiers en pratique clinique, explique que son équipe a fait face à de nombreux inconnus et défis.

« C’est l’effort collectif, l’esprit d’équipe qui a fait en sorte que nous avons été si efficaces ». Les centaines d’infirmières qui ont répondu à l’appel ont été redéployées soit en soins intensifs, sur les unités COVID, aux centres de dépistage et maintenant, à la clinique de vaccination. Cela a demandé énormément d’adaptation de leur part. Alain Biron atteste de l’importante mobilisation du personnel infirmier du CUSM : « Nous avons été le premier établissement à déployer des infirmières praticiennes spécialisées sur ses unités COVID, et ce, en moins d’une semaine. C’était un tour de force dès la première vague ». Les infirmières praticiennes infirmières praticiennes étaient des points d'ancrage essentiels pour les équipes de soins.

Non seulement nos infirmières ont contribué à répondre aux besoins énormes des patients atteints de COVID-19 au CUSM, mais elles ont aussi soutenu nos collègues en CHSLD et dans la région du Saguenay—Lac-St-Jean. Dans les deux cas, leur expertise a été précieuse et appréciée, faisant une véritable différence pour les patients et leurs familles.

Cette grande équipe multidisciplinaire inclue aussi les préposés aux bénéficiaires et tous les soins paramédicaux tels que les inalothérapeutes, les perfusionnistes, les ergothérapeuthes et les technologues, pour n’en nommer que quelques-uns. Les Services d’hygiène et salubrité, la buanderie et les Services techniques ont grandement été sollicités. En effet, les Services techniques ont transformé en un temps record les installations du CUSM afin d’assurer un environnement sécuritaire. Soulignons également le soutien important du personnel administratif. Des éléments que l’on peut trouver banals sont en fait très importants. Par exemple, monter des horaires de travail complexes, s’assurer que les médecins avaient des téléphones portatifs ou bien que des chambres où les médecins de garde pouvaient se reposer seraient disponibles sont des détails qui font la différence.

L'implication de chacun a permis de développer une culture de prévention et de contrôle des infections.

Un an plus tard, où en sommes-nous?

Si le CUSM a été happé par la nouveauté et l’inconnu de la crise sanitaire en mars 2020, il a été en mesure de s’adapter très rapidement. De nombreuses précautions ont été prises lors de la première vague, mais lorsque la deuxième vague est arrivée à l’automne, l’établissement était alors en meilleure posture pour évaluer et moduler les ressources en fonction des besoins.

« Nous étions bien plus préparés à doser très soigneusement les ressources nécessaires. Nous avons géré nos installations avec beaucoup de soin afin de poursuivre les autres activités de l’hôpital. Nous avons réussi à instaurer des horaires modulables selon l’intensité de la demande », explique le Dr Rodger.

L’année qui vient de s’écouler a sans conteste fait permis aux acteurs qui ont lutté contre la pandémie de tirer de nombreuses leçons. « Cela nous fait réfléchir à nos responsabilités en tant que professionnels de la santé. Fondamentalement, notre travail consiste à prendre soin de nos patients, c'est ce qui fait de nous ce que nous sommes. En gardant cet engagement en tête, comme notre priorité, c'est ce qui nous a aidé à traverser la crise, estime le Dr Schwartzman. Ça nous rappelle que la médecine et les soins de santé c’est complexe et que c’est réellement un travail d’équipe ».

La bataille n’est pas encore gagnée et la campagne de vaccination poursuit son chemin, mais au terme de la première année, c’est un sentiment de fierté qui envahit le CUSM. Nous sommes passés au travers de deux vagues qui nous ont fait grandir, nous sommes prêts pour la prochaine année.

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